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Éléonore Laloux : “Ils m’ont acceptée telle que je suis”

À 36 ans, Éléonore Laloux, porteuse d’une trisomie 21, est une ambassadrice de l’inclusion, dans sa vie professionnelle comme dans son mandat de conseillère municipale de la ville d’Arras. Rencontre avec cette femme engagée qui prendra la parole lors l'Université du réseau des référents handicap organisée par l’Agefiph fin mars.

Secrétaire, élue, auteure et « chevalier »

En novembre dernier, Éléonore Laloux a été décorée de l’ordre national du Mérite, au grade de Chevalier. Une première pour une personne porteuse d’une trisomie 21 et une ligne de plus sur le curriculum vitae de cette trentenaire activement mobilisée en faveur de l’inclusion et de l’autonomie des personnes en situation de handicap. Élue, auteure et militante associative, Éléonore Laloux figure parmi les six intervenants invités lors de l'Université du réseau des référents handicap organisée par l’Agefiph et qui se tiendra les 29 et 30 mars.

À 36 ans, Éléonore Laloux est une figure bien connue des habitants d’Arras, sa ville natale. Depuis deux ans, elle y est conseillère municipale déléguée à la Transition inclusive et au bonheur. Son mandat occupe la moitié de son temps – et davantage lors des conseils municipaux et autres réunions de commission : Éléonore est en mairie chaque après-midi, après avoir passé la matinée à son poste d’agent administratif au service facturation d’un hôpital privé. Son métier, elle l’a choisi, grâce aux stages en entreprise suivis pendant ses études en BEP secrétariat.

« Cela m’a permis de trouver ce que je souhaitais faire. J’ai travaillé dans une maison de retraite, une clinique et aujourd’hui à l’hôpital », raconte-t-elle.

« Il faut ignorer les gens méchants et rester constructif »

Bien avant d’endosser l’écharpe tricolore, Éléonore s’est fait connaître des Arrageois quelques semaines après sa naissance : dans un état critique, elle doit subir une opération à cœur ouvert. Ses parents se mobilisent, un appel au don du sang est lancé dans la presse locale. La petite Éléonore est sauvée et sa détermination sans faille ne baissera jamais la garde. À 4 ans, à l’initiative de ses parents, son visage s’affiche sur les panneaux publicitaires de la ville pour présenter ses vœux aux habitants. « N’oubliez pas mon visage ! », semble dire celle qui ne quittera jamais la scène médiatique, davantage pour défendre la cause des personnes en situation de handicap que pour être sous les feux de la rampe.

Ce sont ses parents, tout d’abord, qui mènent le combat en faveur de la scolarisation en milieu ordinaire de leur fille handicapée. Eléonore l’a vécue de la maternelle au lycée, non sans difficultés toutefois : « Au début, il y a eu quelques moqueries et des maltraitances. Mais il faut ignorer les gens méchants et rester constructif. » Ses efforts ont payé et son parcours militant entamé dans le sillage de ses parents le démontre aujourd’hui. La jeune femme le raconte dans sa biographie coécrite et publiée en 2014, Triso et alors ! 

En 2020, au moment de partir en campagne pour un nouveau mandat, le maire d’Arras, Frédéric Leturque, a convaincu Éléonore d’intégrer sa liste. « À sa demande, je lui ai fait 10 propositions ; puis j’ai accepté de le suivre », explique l’actuelle conseillère. Là encore, il a fallu faire face aux questionnements des débuts. « Quand je suis arrivée au conseil municipal, j’étais très impressionnée. Les élus me posaient des questions par rapport à la trisomie 21. Je leur ai expliqué et ils m’ont acceptée telle que je suis. »

L’accompagnement, le maillon essentiel de l’inclusion

Grâce à sa délégation, mais aussi à sa gaieté et sa spontanéité, Eléonore construit petit à petit ce « modèle de ville et de société inclusives » dont elle rêve. Très mobilisée sur l’organisation à Arras du prochain « incluthon » qui réunira personnes handicapées et valides autour d’activités sportives et culturelles, elle se dit aussi fière d’avoir initié la création de plaques de rue interactives, accessibles autant aux personnes handicapées et à celles de petite taille qu’aux enfants et personnes âgées. 

Pour Éléonore, l’inclusion est impossible sans accompagnement, « que ce soit à l’école, dans le logement, au travail. Dans les entreprises, il faudrait davantage de professionnels pour accompagner les personnes handicapées. Il y a encore beaucoup de choses à améliorer ». À ses yeux encore, la scolarisation en milieu ordinaire est un facteur d’inclusion déterminant. « C’est ainsi que les personnes en situation de handicap deviennent des citoyens à part entière et réalisent leurs rêves. Comme les autres, elles ont le droit d’aller à l’école puis d’avoir une vie professionnelle. »

Publié le 25 février 2022