Double enjeux : une parole en argent des parasportifs Timothée Adolphe et Hélios Latchoumanaya

Je m'appelle Hélios Latchoumanaya, j'ai 24 ans, je fais du para judo en catégorie moins de 90 kilos.
Je suis double champion du monde, double champion d'Europe, médaillé de bronze aux Jeux paralympiques à Tokyo en 2021.
Et en parallèle du sport, je suis chroniqueur pour le magazine de L'Esprit du Judo.
J'ai une rétinite pigmentaire. C'est une maladie dégénérative, un champ visuel qui réduit. Je vois qu'une petite zone au milieu, deux espèces de bananes sur les côtés. Et sinon, tout le reste, c'est inexistant.
J'ai commencé le judo à 7 ans. C'est un sport auquel j'ai accroché assez vite parce qu'il y avait un aspect ludique. Le fait d'être en kimono sur des tatamis, faire des roulades, c'est comme si j'étais dans ma chambre en pyjama et que je roulais, je sautais partout. Franchement, c'est quelque chose qui m'a plu.
Au fur et à mesure des années passées sur les tatamis, il y a l'aspect compétition qui entre en jeu.
Si je monte sur le tapis, c'est pas pour compter les pâquerettes. Si je monte sur le tapis, c'est pour gagner.
J'écris une chronique sur le para judo, sur l'actualité sinon on peut faire des portraits d'athlètes ou avec des personnes qui gravitent autour du para judo.
La première fois que je suis champion du monde, c'est vraiment mon meilleur souvenir en termes de judo.
Après, en termes de retombées, reconnaissance, etc. la médaille de bronze à Tokyo, ça reste quand même la plus importante pour l'instant. Ces deux médailles-là se chamaillent pour avoir le numéro un dans ma tête et dans mon cœur.
Les Jeux à Paris, pour moi, ça représente la plus grosse échéance sportive que j'aurai à vivre de toute ma carrière. Même si je fais d'autres Jeux, ça m'étonnerait que ça puisse égaler des Jeux à la maison. Du coup, j'ai qu'un objectif, c'est d'aller gagner le titre paralympique à la maison devant le public.
Franchement, ça va être un super spectacle. Prenez vos places pour les Jeux, vous serez pas déçus, c'est sûr. 
Quand on parle de l'héritage des Jeux, on pense souvent aux infrastructures et on pense au monde du sport, comment ça peut évoluer.
Mais il y a aussi le regard du grand public sur les personnes en situation de handicap. Essayer de mettre en lumière, d'en parler. On peut faire évoluer les mentalités. Les Jeux, je pense que ça peut vraiment servir pour toute la société.
Ma phrase fétiche, c'est : « Je n'aime pas les efforts, mais j'adore les défis", et vraiment l'esprit de compétition dont je parlais. Je peux me dépasser pour un truc ridicule, même pour un chifoumi. S'il y a de l'enjeu...