Témoignage Entreprise

Une maison de retraite crée un service de soins rapproché pour maintenir en poste trois soignantes

Physiquement usées par leur métier de soignantes en maison de retraite, trois salariées voient leur emploi menacé. Le directeur saisit cette opportunité pour créer un nouveau service de soins rapprochés à l’intention des pensionnaires les plus âgées.


L'expérience

Fiche rédigée le 07/01/08

Usure physique professionnelle pour trois soignantes

En 2004, un an après sa prise de fonction à la direction de la maison de retraite L’Accueil de la Côte de Jade, située près de Pornic, Jean-Marc Batard constate des arrêts maladie répétés pour trois salariées soignantes, Marie-Laure, Maryline et Valérie. Douleurs dans les épaules, les coudes, le dos, il apparaît clairement que ces trois femmes, totalisant chacune près de vingt années d’ancienneté, souffrent d’une usure physique professionnelle liée aux tâches quotidiennes inhérentes à leur profession. Deux d’entre elles vont bénéficier de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, la troisième, atteinte d’une maladie évolutive, refuse cette procédure. Dans un premier temps, Jean-Marc Batard envisage le licenciement des trois soignantes « à capacités réduites » et le recrutement de personnes plus jeunes et plus dynamiques pour les remplacer. Mais il réalise l’important niveau de compétences et d’expérience de ces trois femmes. Confronté par ailleurs au vieillissement des pensionnaires de l’établissement, il imagine de créer un service de soins rapprochés à l’intention des personnes les plus dépendantes psychiquement et physiquement.

Création d’un service de soins rapprochés

Marie-Laure et Maryline vont suivre une formation d’aide aux soins aux personnes désorientées, dispensée par l’Irfa, dans l’Orne. Marie-Laure est nommée responsable de ce nouveau service. Elle est notamment chargée des toilettes matinales des pensionnaires concernés (une douzaine sur 82 résidents), moment privilégié d’égards et d’échanges personnalisés. Maryline devient animatrice du service, un poste au rythme plus souple qui a permis, depuis, d’envisager un accueil de jour. Quant à Valérie, qui désire se réorienter professionnellement, elle intervient à mi-temps, en renfort auprès de ses collègues, pour assister les pensionnaires autonomes. Elle consacre l’autre moitié de son temps à une formation au secrétariat qui lui permet de travailler à 50 % pour un autre employeur.
Afin de soulager Marie-Laure, qui souffre du dos, et dans le but, également, de préserver la santé des autres soignants, Jean-Marie Batard fait l’acquisition d’un chariot de transfert ultra-léger pour déplacer sans peine les pensionnaires. Les portes des chambres sont réaménagées pour une plus grande maniabilité et les volets roulants sont tous motorisés.

Un partenariat pluridisciplinaire autour du directeur d’établissement

Très vigilante sur l’adéquation poste/handicap de Marie-Laure, la médecine du travail est venue plusieurs fois à la maison de retraite pour vérifier qu’elle ne risquait pas d’aggraver son état de santé. Tout comme ses deux collègues, elle a été pleinement associée à la création de son nouveau poste. À ce stade, le Sameth est intervenu pour accompagner le directeur de l’établissement dans le montage administratif des dossiers de mise en œuvre et de prise en charge des aménagements techniques et organisationnels et de la formation à l’Irfa, d’une durée de 22 jours.

Cette dernière a été financée par la Caisse primaire d’assurances-maladie tandis que les coûts des aménagements techniques ont été aidés par l’Agefiph.

Une meilleure compréhension des besoins

La création du nouveau service a permis d’élargir l’horizon professionnel des trois salariées. « Marie-Laure et Maryline, dont le métier est une véritable vocation, se font vraiment plaisir et sont à leur place dans leurs nouvelles attributions », souligne Jean-Marc Batard.
Grâce à cette approche plus privilégiée des besoins des résidents les plus dépendants psychiquement, que ne permet pas facilement l’organisation habituelle d’une maison de retraite, tout le monde en tire un bénéfice. À commencer par les pensionnaires, qui font l’objet d’une attention accrue. Pour leur part, les familles constatent les progrès et le mieux-être de leurs parents.
Soulagée de cet accompagnement spécifique, l’équipe régulière soignante peut désormais consacrer plus de temps aux autres pensionnaires. De manière induite, Jean-Marc Batard constate que la cohésion du personnel dans sa globalité s’en trouve renforcée parce que chacun a été sensible à cette démarche de maintien dans l’emploi. L’engagement de l’établissement auprès des trois salariées à un moment difficile de leur carrière a permis de renforcer la confiance au sein de l’équipe.

Le témoignage

Batard Jean-Marc, directeur

« C’est la confiance mutuelle qui a permis ce résultat »

« Je souhaiterais souligner la très bonne collaboration qui s’est instaurée entre la médecine du travail, la

, l’

, la Cellule de maintien dans l’emploi et l’établissement. Je pense que c’est la confiance mutuelle que nous nous portions qui a permis ce résultat. Ces différents partenaires ont véritablement été force de proposition. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : L’Accueil de la Côte de Jade
  • Activité : Maiosn de retraite
  • Région : Pays de la Loire
  • Effectif entreprise : 40
  • Effectif TH de l'entreprise : 5
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : nc
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Batard Jean-Marc (directeur) :
  • Mise à jour : 31/01/2008

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 3
  • Type de handicap : Moteur (TMS)
  • Aménagements :
    • techniques : oui
    • organisationnels : oui
    • de formation : oui
  • Financement : CPAM, Accueil de la Côte de Jade, Agefiph
  • Partenaires : médecine du travail, Sameth, Irfa
Thématique
Publié le 29 septembre 2010