Témoignage Entreprise

Une jeune femme déficiente intellectuelle devient apprentie vendeuse puis aide cuisinière dans une boulangerie

La boulangerie-pâtisserie Vallet, installée à Clermont-Ferrand, rappelle Karine, une jeune femme déficiente intellectuelle pour lui proposer un poste d’aide cuisinière après l’avoir formée pendant deux ans comme apprentie vendeuse.

L'expérience

Article rédigé le 28/02/09

Fin de contrat d’apprentissage pour la jeune femme déficiente intellectuelle

Courant 2004, la boulangerie-pâtisserie-chocolaterie Vallet, installée à Clermont-Ferrand, est sollicitée par le CFAS Auvergne (Centre de formation d’apprentis spécialisés) pour accueillir Karine, une jeune fille déficiente intellectuelle de 18 ans, comme apprentie vendeuse. Le contrat d’apprentissage est établi entre l’entreprise et le tuteur légal de Karine. Celle-ci obtient une dérogation de la part du CFA des Vergnes, à Clermont-Ferrand, pour suivre ses cours théoriques de CAP deux jours par mois au lieu de cinq.

Au sein de la pâtisserie, c’est sa patronne, Véronique Vallet, qui la forme au métier afin qu’elle apprenne à mieux communiquer avec la clientèle, à lire et à écrire convenablement afin de noter les commandes. Malgré des progrès visibles, la jeune femme ne se sent pas à l’aise dans ce métier. Elle ne se croit pas capable de passer son CAP et ne se présente pas aux épreuves. Simultanément, son contrat d’apprentissage s’achève. Le couple Vallet quant à lui ne peut garder Karine. Pour tous, la séparation est difficile.

Nouvelle opportunité : la jeune femme réintègre l’entreprise

Trois mois plus tard, un poste d’aide-cuisinière se libère à la pâtisserie. Véronique Vallet pense immédiatement à le proposer à Karine, restée sans activité depuis ce temps. La jeune femme accepte le poste avec enthousiasme « parce qu’il y a moins de contact avec la clientèle » . Le couple Vallet prend donc Karine à l’essai pendant deux mois et la forme à de nouvelles tâches qu’elle avait déjà pu observer mais qu’elle n’avait jamais effectuées. « À son arrivée, à 8 h du matin, Karine commence par l’épluchage des fruits et des légumes pour la confection de salades, puis prépare les sandwichs vendus à l’heure du déjeuner. Ensuite, elle fait la plonge avec l’aide d’une machine et enfin elle nettoie son espace afin de le quitter propre et prêt à l’emploi pour le lendemain », énumère Véronique Vallet.

Soutiens croisés avec le tuteur légal de Karine lors de son intégration

Pendant les deux années d’apprentissage au sein de la boulangerie-pâtisserie-chocolaterie, Véronique Vallet reste en contact régulier avec le tuteur de Karine. C’est avec lui qu’elle fait le point sur l’évolution de la jeune fille, au rythme qui est le sien. « Nous avons eu de nombreux soucis au début car Karine est issue d’un milieu social difficile et très éloigné du monde professionnel d’aujourd’hui. C’est à force d’entraide avec le tuteur et parce que Karine souhaitait s’affranchir de sa famille que nous avons pu nous soutenir mutuellement, » se rappelle Véronique Vallet. « C’est aussi parce qu’elle avait les capacités de s’en sortir et qu’elle se montrait sérieuse dans son travail que nous nous sommes tous accrochés. » La boulangerie-pâtisserie a bénéficié d’aides à l’apprentissage durant les deux années de CAP effectuées par Karine.

Une jeune aide cuisinière heureuse

De nature plutôt réservée, Karine a trouvé un équilibre à ce poste d’aide cuisinière qu’elle occupe en CDI depuis 2007. « Bien qu’elle se soit considérablement ouverte aux autres lorsqu’elle était apprentie vendeuse, note Véronique Vallet, il faut avouer qu’elle se sent plus heureuse en cuisine. C’est un univers qu’elle connaît très bien désormais, fait d’habitudes et de repères fixes. Elle qui n’est pas très à l’aise pour parler avec les clients et à qui il faut souvent répéter les tâches pour qu’elle ne les oublie pas, est parfaitement en confiance là où elle travaille. Elle organise son activité toute seule. Elle est très courageuse, s’entend avec tout le monde. Il n’y a pas de différence avec les autres salariés : je ne vois même plus son handicap. »

Le témoignage

Vallet Véronique, conjointe collaboratrice

« Karine se débrouille seule aujourd’hui »

« Au vu du chemin parcouru, je pense que nous avons contribué à ce que Karine obtienne son autonomie dans la vie. Elle ne dépend ni d’un centre spécialisé ni de sa famille, elle se débrouille seule. Cela n’a pas été simple, elle a fait beaucoup d’efforts, nous aussi. Nous avons rencontré les uns et les autres des moments difficiles, des moments de découragement. Alors, la voir heureuse aujourd’hui, sérieuse et motivée dans son travail, oui cela nous fait très plaisir. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Pâtisserie Chocolaterie Vallet
  • Activité : Pâtisserei chocolaterie
  • Région : Auvergne / Limousin
  • Effectif entreprise : 7
  • Effectif TH de l'entreprise : 1
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
  • Contact : Vallet Véronique (conjointe collaboratrice) :
  • Mise à jour : 12/06/2009

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : déficience intellectuelle
  • Aménagements :
    • techniques : non
    • organisationnels : non
    • de formation : oui
  • Financement : entreprise Vallet, Agefiph
  • Partenaires : CFAS Auvergne, CFA des Vergnes, tuteur légal
Thématique
Publié le 29 septembre 2010