Témoignage Entreprise

Un technicien d’Alpha Protection maintenu à son poste après la perte d’un œil

Pour Alain Garafan, patron de l’entreprise normande, l’inaptitude de Thierry semblait insurmontable. Avec l’aide des partenaires du dispositif Presij, des solutions simples ont finalement été trouvées.

L'expérience

Fiche rédigée le 27/01/10

Emploi menacé suite à la perte d’un œil

Thierry travaille depuis plusieurs années comme technicien chez Alpha Protection, une petite entreprise normande d’installation et de maintenance de systèmes d’alarme, lorsqu’il se blesse gravement à un œil avec un tournevis suite à un faux mouvement. Le diagnostic des médecins est sans appel : le quinquagénaire ne retrouvera jamais l’usage de son œil. Les conséquences de l’accident sont catastrophiques : dans le cadre de ses missions chez les clients, Thierry est amené à manipuler des systèmes de câblages très fins qu’il ne parvient plus à distinguer. S’il peut compter sur l’aide d’un collègue sur les chantiers d’installation, généralement réalisés en binôme, il doit se débrouiller seul lors des interventions de maintenance, qui représentent tout de même la moitié de son travail. Une situation impossible pour son employeur, Alain Garafan, qui, du fait de la petite taille de la société, ne peut lui proposer un reclassement.

L’entreprise fait le pari du maintien

« Après l’accident, Thierry a été absent de l’entreprise pendant plus d’un an, se souvient son patron. Au début, on se sent bien seul car les arrêts de travail sont reconduits mois après mois. Impossible de remplacer la personne. Ce sont les collègues qui absorbent le surcroît de travail. Par ailleurs, en l’absence de possibilités de reclassement, je n’envisageais guère d’autre solution que le licenciement.»

Mis en relation avec le Sameth du Calvados, Alain Garafan se laisse toutefois convaincre de tenter le maintien dans l’emploi. Dès le retour de Thierry, une étude de poste est réalisée. Un ergonome le suit sur les chantiers, où le technicien est, à titre provisoire, systématiquement accompagné par un collègue. Des solutions techniques finalement peu onéreuses sont mises en place : le salarié est équipé de lunettes spéciales, d’une lampe et d’un ordinateur portable intégrant une version du logiciel de maintenance, spécialement adaptée à sa situation. Une fois Thierry équipé, Alain Garafan maintient pour un temps le système du binôme pour s’assurer de la viabilité des solutions mises en place.

Prise en charge précoce et engagement des acteurs internes

La sauvegarde de son emploi, Thierry la doit en grande partie au Presij (Protocole de retour à l’emploi des salariés sous indemnités journalières), qui associe l’Assurance maladie, l’Agefiph, le Sameth et la médecine du travail. Ce dispositif, inauguré en 1999 dans le Calvados, a pour objectif d’anticiper au maximum le maintien ou le reclassement de salariés en arrêt de travail confrontés à une incapacité prévisible à leur retour dans l’entreprise. Il garantit la coordination des différents intervenants et le bon déroulement du processus.  « Il y avait beaucoup de monde autour de la table, se souvient Alain Garafan. De mon côté, je n’ai eu aucune démarche à effectuer. Tout a été parfaitement pris en charge. Mais je pointerais juste une insuffisance de communication : dans ce genre de situation, le temps paraît très long pour un dirigeant de PME. On vous dit de ne pas vous inquiéter, mais les solutions concrètes n’apparaissent qu’en bout de course. Pendant toute la durée de la démarche, vous vous demandez si vous avez fait le bon choix. »

Le coût de l’aménagement de poste a été pris en charge par l’Agefiph. Mais Alain Garafan souligne l’engagement de l’entreprise et de l’ensemble de l’équipe qui doit jouer le jeu.

Retour à l’autonomie

Après plus d’un an d’absence et quatre mois de binôme avec un collègue, Thierry assume à nouveau seul ses missions. « Il n’a peut-être pas retrouvé 100 % de ses capacités car travailler avec un seul œil est plus fatigant et occasionne des maux de têtes, conclut son employeur. Mais au vu de son expérience professionnelle, de ce qu’il apporte à l’entreprise, cela valait la peine de s’engager. Quand on mesure la simplicité des solutions techniques apportées par l’ergonome, on réalise qu’il aurait été stupide de le licencier. »

Le témoignage

Garafan Alain, gérant d’Alpha Protection

« L’entreprise a besoin d’un vrai partenariat »

« Lorsqu’une petite entreprise comme la nôtre est confrontée à une inaptitude, le choix du maintien dans l’emploi est délicat : sur le plan humain, on est prêt à tenter des choses, mais la dimension économique est évidemment primordiale. Si elle s’avère trop lourde ou trop coûteuse, l’opération peut avoir des conséquences sur l’activité et sur l’équipe. Quand on a la responsabilité de 10 salariés, la marge de manœuvre est étroite. Malgré les financements de l’

, l’entreprise et les collègues doivent faire un gros effort, ne serait-ce que pour pallier l’absence du salarié en arrêt. L’accompagnement par des structures compétentes est primordial car si des outils existent, nous n’en avons pas connaissance. L’entreprise a besoin d’un vrai partenariat. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Alpha Protection
  • Activité : Installation et de maintenance de systèmes d’alarme
  • Région : Normandie
  • Effectif entreprise : 10
  • Effectif TH de l'entreprise : 1
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
  • Contact : Garafan Alain (gérant) :
    alain.garafan@wanadoo.fr
  • Mise à jour : 16/02/2010

La fiche technique

  • Nombre de personnes concernées : 1
  • Type de handicap : visuel
  • Aménagements :
    • techniques : oui
    • organisationnels : oui
    • de formation : non
  • Financement : Alpha Protection, Agefiph
  • Partenaires : Sameth, médecine du travail, CRAM
Publié le 28 septembre 2010