Témoignage Entreprise

Un rayon vente à la découpe Hyper U entièrement réaménagé pour compenser les problèmes de dos d’une vendeuse

Suite à un accident du travail, le magasin Hyper U de Périgueux (alors sous enseigne Carrefour) réorganise le poste de Sylvie au rayon charcuterie au bénéfice de la salariée, mais aussi de ses collègues.


L'expérience

Fiche rédigée le 22/05/12

Le bon réflexe du médecin du travail

Tenir le rayon charcuterie–fromage à la coupe dans une grande surface n’est pas un travail de tout repos. Toute la journée, il faut aller et venir derrière le rayon, se pencher en avant pour attraper les produits demandés par les clients, porter de lourdes pièces de charcuterie ou de fromage à la découpe… Au magasin Carrefour Périgueux Boulazac – passé depuis sous enseigne Hyper U -, Sylvie, âgée de la cinquantaine, s’est toujours acquittée de ces tâches avec le sourire, sans réellement prêter attention à l’usure physique suscitée par son travail. Jusqu’à ce que survienne le geste de trop et l’accident de travail lors de la banale manipulation d’un jambon de plusieurs kilos, placé trop en hauteur sur une étagère. Victime de problèmes de dos importants, la vendeuse entame une série d’arrêts de travail à répétition.
C’est le médecin du travail qui, dans un premier temps, alerte la direction des ressources humaines du groupe Coop Atlantique, auquel appartient le magasin. « Depuis la signature de notre accord en faveur de l’emploi des travailleurs handicapés, nous avons mis en place un groupe de travail réunissant régulièrement les différents médecins du travail du secteur et un médecin coordinateur pour structurer notre action en matière de prévention et de gestion des inaptitudes, explique Céline Hervieu, chargée de ressources humaines et référente handicap. Les responsables de magasins ont été formés sur le sujet, mais pour des raisons de disponibilité ou d’éloignement géographique, ils n’ont pas forcément de contact suivi avec les services de santé au travail. Dans le cas de Sylvie, le médecin du travail a eu le bon réflexe en nous alertant à temps sur le risque d’inaptitude à court terme. »

Adapter les solutions trouvées aux contraintes du magasin

Tandis que Sylvie entame les démarches de reconnaissance administrative de son handicap, la direction du magasin, accompagnée par le service RH de Coop Atlantique et le médecin du travail, décide de mandater un cabinet d’ergonome bordelais. Dans un premier temps, un diagnostic est réalisé sur site. L’ergonome missionné analyse le poste, observe l’équipe au travail et échange avec les salariés. Il constate que Sylvie n’est pas la seule à avoir des problèmes de dos : toute l’équipe est plus ou moins concernée et se prête volontiers à la rencontre.
Au terme de cette phase d’observation, des préconisations d’aménagement sont formulées et validées par un comité de pilotage spécifique réunissant la référente handicap Coop Atlantique, le médecin du travail et le directeur de l’établissement. « Les solutions proposées se sont avérées relativement simples et peu onéreuses, commente Céline Hervieu. Certaines étaient même très astucieuses. Mais dans le domaine alimentaire, nous sommes soumis à des normes drastiques en matière d’hygiène : c’est pour cette raison que nous avons par exemple dû abandonner l’idée d’installer un plateau tournant en vitrine pour faciliter l’accès aux produits. Par ailleurs, nous sommes tenus de respecter les concepts marchandising de nos partenaires commerciaux, notamment l’implantation des produits dans la vitrine. Il a donc fallu trouver les bons compromis pour sécuriser le poste de la salariée tout en tenant compte de ces éléments. »

Des aménagements simples et peu onéreux

En dépit de la simplicité des solutions imaginées, leur mise en œuvre a demandé plusieurs mois, faute de pouvoir les tester avec Sylvie, toujours en arrêt maladie.
C’est elle-même qui présente les aménagements réalisés : « On nous a tout d’abord installé un tapis de sol en caoutchouc. Cela amortit les pas et nous surélève légèrement par rapport à la vitrine où la zone de présentation des produits est désormais moins large, ce qui nous évite de trop nous pencher pour les saisir. Nous avons aussi été équipés de repose-pieds, d’un petit fauteuil assis-debout pour passer les commandes et d’une nouvelle table de découpe plus adaptée. » L’organisation du stock a également été repensée. Les pièces les plus lourdes sont désormais à hauteur d’homme pour éviter les mauvais gestes.

Un bénéfice pour toute l’équipe

Depuis ces aménagements, Sylvie a retrouvé un rythme de travail normal après une période de mi-temps thérapeutique. Les améliorations apportées ont largement réduit la pénibilité des journées passées derrière le rayon. Mais au-delà de la compensation du handicap de la vendeuse, tout le monde, au sein de l’équipe, bénéficie des aménagements. La cohésion en est d’autant plus forte.
« La démarche que nous avons menée est aussi, pour l’ensemble du personnel du magasin, l’illustration concrète des engagements de l’établissement et de la société Coop Atlantique vis-à-vis des salariés. En tant que groupe coopératif, affilié à la Fédération nationale des Coopératives de consommateurs, il est essentiel pour nous de démontrer dans les faits que les notions de travail et de solidarité sont intimement liées », conclut Céline Hervieu.

Le témoignage

Céline Hervieu, chargée de ressources humaines et référente handicap Coop Atlantique

« Dans nos métiers, il est souvent plus facile d’intégrer un salarié handicapé que de le maintenir dans l’emploi »

« Au moment où nous arrivons au terme de notre premier accord d’entreprisesur l’emploi des personnes handicapées, le bilan est plutôt positif. Malgré le contexte économique difficile et un changement d’enseigne intervenu sur la période, nous avons atteint nos objectifs de recrutement et doublé notre taux d’emploi sur cinq ans (6.61 % en 2011 contre 3.81 % en 2006). Nous constatons qu’il est souvent plus facile d’intégrer un salarié en situation de handicap que de le maintenir dans l’emploi car les métiers de la grande distribution et de la logistique sont très physiques et le niveau de qualification restreint des salariés ainsi que l’étendue de leurs restrictions médicales réduisent d’autant plus les possibilités de reclassement. Nous venons de signer un accord sur la prévention de la pénibilité, mais il est certain que le maintien dans l’emploi sera à l’avenir notre priorité. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Groupe : Coop Atlantique
  • Entreprise : Hyper U Périgueux (ex-Carrefour)
  • Activité : Commerce
  • Région : Aquitaine
  • Effectif groupe : 130
  • Effectif établissement : 13
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
  • Accord d’entreprise : oui (2007-2011)
  • Contact : Céline Hervieu (chargée de ressources humaines et référente handicap) - chervieu@coop-atlantique.fr
  • Mise à jour : 22/05/12

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : moteur
  • Aménagements :
    • techniques : oui
    • organisationnels : non
    • de formation : non
  • Financement : Coop Atlantique
  • Partenaires : médecin du travail, cabinet d'ergonomie
Thématique
Publié le 30 juin 2012