Témoignage Entreprise

Un processus d’intégration progressif pour les travailleurs handicapés

Pour faciliter l’intégration des travailleurs handicapés dans ses ateliers de production de viande de canard et d’oie, Euralis Gastronomie a défini un parcours par étape, auquel est associé le médecin du travail et des ergonomes.


L'expérience

Fiche rédigée le 13/06/07

Augmenter le taux d’emploi de 1 % par an

En quelques années, Euralis Gastronomie, filiale du groupe coopératif agricole et agroalimentaire Euralis, est devenu le leader mondial du marché du foie gras et de la viande de canard et d’oie, notamment grâce aux rachats successifs de Montfort-Grimaud en 1995 et de Rougié Bizac International. Implantée sur cinq sites en France, l’entreprise produit chaque année 4 800 tonnes de foie gras, 5 000 tonnes de confit et 6 000 tonnes de magret. Engagée depuis plusieurs années dans une politique en faveur de l’emploi des personnes handicapées, l’entreprise a signé un accord d’entreprise de trois ans en février 2007. En termes de recrutement, elle souhaite augmenter son taux de d’emploi de 1 % par an afin d’atteindre le seuil des 6 % à l’horizon 2009. Forte de ses expériences passées, l’entreprise, qui recrute essentiellement sur des niveaux allant du CAP au BTS et pour des postes de production, de conditionnement, de maintenance et d’opérateurs logistiques, a mis en place un processus d’intégration spécifique aux travailleurs handicapés.

Une intégration par étapes

« Du fait de nos métiers, nous avons fréquemment recours à des aménagements techniques de poste lorsque nous embauchons des travailleurs handicapés, confie Isabelle Gayas-Turon, responsable sécurité et environnement. Dans le passé, nous avons connu quelques d’échecs, notamment parce que ces derniers étaient souvent mal perçus par les équipes qui considéraient les aménagements comme des privilèges. Aujourd’hui, l’intégration se fait par étapes. Lorsqu’un candidat est recruté, il effectue d’abord une période d’évaluation sur un poste temporaire, après un entretien avec le manager. Ses tâches sont définies en fonction des restrictions prononcées par le médecin du travail. Il n’occupe donc pas forcément son poste à 100 %. Il signe ensuite un CDD pour une durée de 6 mois pendant laquelle il continue à travailler dans les mêmes conditions. C’est seulement lorsqu’il est définitivement intégré en CDI qu’il est procédé aux aménagements nécessaires. Au préalable, une réunion est organisée avec l’équipe pour parler du handicap de la personne et expliquer les raisons des aménagements. « Le nouveau salarié ayant fait ses preuves à ce moment-là et s’étant intégré à l’équipe, ses collègues affichent une plus grande compréhension », commente Isabelle Gayas-Turon

Un travail systématique avec des ergonomes

Pour trouver des candidats à l’embauche, Euralis s’est tourné vers Cap emploi, mais surtout vers l’APF (Association des paralysés de France), qui reste son principal partenaire. L’entreprise a également mis en place un partenariat avec le laboratoire ergonomique de Bordeaux et travaille avec un cabinet spécialisé. Celui-ci analyse la situation de travail du salarié et réalise les aménagements en conséquence : un système d’éclairage pour une personne malvoyante, des voyants lumineux de sécurité pour une personne malentendante, l’acquisition d’un chariot automoteur pour une personne ayant une restriction de port de charge…

Des ateliers réaménagés

Grâce à son partenariat avec l’APF, Euralis a recruté 15 travailleurs handicapés en CDI depuis le début de l’année 2007. Toutes ces embauches ont été accompagnées d’aménagements de postes, pour la plupart liés à des restrictions de port de charge ou des sollicitations du tronc ou des membres inférieurs. L’entreprise poursuit par ailleurs une politique de maintien dans l’emploi et d’amélioration des conditions de travail, lancée en 2005. Afin de réduire les risques de troubles musculo-squelettiques – qui représentent 90 % des maladies professionnelles dans l’entreprise, plusieurs ateliers ont été réaménagés.

Le témoignage

Gayas-Turon Isabelle, responsable sécurité et environnement chez Euralis Gastronomie

« Nous nous gardons de toute attitude de surprotection »

« Il faut dédramatiser lorsqu’on parle du handicap. Les travailleurs handicapés ne constituent pas une catégorie à part. Le principe de compensation, qui permet de réaliser les aménagements nécessaires, rétablit l’égalité vis-à-vis des salariés ordinaires. C’est ce que nous expliquons aux équipes lorsque nous intégrons une personne handicapée. Le message passe beaucoup mieux lorsque celle-ci a eu le temps au préalable de faire ses preuves. Nous nous gardons de toute attitude de surprotection, qui ne ferait que susciter la frustration chez les autres salariés. Une fois son poste aménagé, la personne réalise le même travail et a les mêmes objectifs que les autres. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Groupe : Euralis
  • Entreprise : Euralis Gastronomie
  • Activité : Industries agricoles et alimentaires
  • Région : Midi-Pyrénées
  • Effectif entreprise : 1673
  • Effectif TH de l'entreprise : 39
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0,35
  • Accord d’entreprise : OUI
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Isabelle Gayas-Turon (responsable sécurité et environnement) :
    isabelle.gayas-turon@euralis.fr
  • Mise à jour : 29/06/2007

La fiche technique

  • Salariés recrutés sur 2007 : 15
  • Type de handicap : tous types
  • Type d'aménagement :
    • technique : oui
    • organisationnel : oui
    • formation : non
  • Financements : budget accord (156 000 euros/an)
  • Partenaires : Agefiph, APF, Cap emploi 31, laboratoire ergonomique de Bordeaux, cabinet d'ergonomie
Thématique
Publié le 28 septembre 2010