Témoignage Entreprise

Un ouvrier du groupe Razel-Bec reclassé comme dessinateur après un AVC

Victime d’un AVC (accident vasculaire cérébral) en 2008, Jérôme, la trentaine, ouvrier chez Razel-Bec, retrouve le chemin de l’emploi après 3 ans d’absence, comme dessinateur.


L'expérience

Article rédigé le 7/03/2012

Trois ans d’arrêt maladie suite à un AVC

Spécialisée dans les travaux de génie civil, de terrassement et la construction de barrages et de routes, la société de travaux publics Razel-Bec, filiale du groupe Fayat, est implantée partout en France et sur le continent africain où elle emploie 5 400 salariés.
En février 2008, l’agence de Colomiers, dans la banlieue toulousaine, embauche Jérôme, la trentaine, comme ouvrier VRD (voirie réseaux divers). Pour le jeune homme, entré dans l’entreprise comme intérimaire, ce CDI constitue une étape importante dans sa vie professionnelle. Mais trois mois plus tard, Jérôme est victime d’un accident vasculaire cérébral. Tout bascule : il est arrêté pour longue maladie. Au sein de son équipe, l’événement marque profondément ses collègues.
En fin de parcours d’indemnisation par la CPAM (36 mois), Jérôme souhaite retravailler. Peu avant le mois d’avril 2011, soit après trois ans d’absence, il reprend contact avec le chef de l’agence de Colomiers qui s’est impliqué personnellement pour accompagner Jérôme dans son nouveau projet professionnel. De son côté, le jeune homme a mené les démarches nécessaires pour devenir titulaire d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé tout en obtenant une pension d'invalidité.

Une proposition de reclassement comme dessinateur

Le groupe Razel-Bec vient tout juste de signer une convention avec l’Agefiph et en a confié le pilotage à une mission handicap nouvellement créée. C’est vers elle que se tourne le chef d’agence, peu au fait des démarches à mener en matière de maintien dans l’emploi. Son idée : proposer à Jérôme de devenir dessinateur industriel. Pour cela, l’agence est prête à l’aider à se former au logiciel dédié Autocad. « Nous étions confiants quant à la capacité de Jérôme à se reconvertir, précise Erica Maillot, responsable diversité du groupe. Il était titulaire d’un bac professionnel dans la vente et s’était mis avec beaucoup d’intérêt à l’informatique, chez lui, pendant son arrêt maladie. » Il n’y a d’ailleurs guère eu d’autre possibilité pour le maintenir dans l’emploi puisqu’à l’occasion de sa visite médicale de reprise, le médecin du travail l’a déclaré inapte à son poste d’ouvrier VRD. Dans ses recommandations, il suggère justement un poste sans contrainte physique, dans un bureau et à mi-temps car la fatigabilité du jeune homme est encore très importante.

Un tutorat provisoire en interne pour éviter toute période de carence

Une première rencontre est programmée entre le chef d’agence, le salarié, le médecin du travail, les conseillers du Sameth et de l’Aref-BTP, l’organisme de financement de formation dont dépend Razel-Bec. Le principe du reclassement du jeune homme est formalisé sur le papier. L’étape suivante consiste à valider que le salarié possède bien les capacités fonctionnelles requises pour suivre la formation ; l’évaluation, effectuée dans la foulée, le confirme aisément.
Le 1er avril 2011, Razel-Bec établit un avenant au contrat de travail de Jérôme stipulant son embauche en qualité d’employé administratif. La signature de cet avenant permet d’éviter toute période de carence entre la fin de son parcours d’indemnisation et son retour à l’emploi.
Intégré à mi-temps dans le service des dessinateurs, il se rôde progressivement au métier, accompagné par deux collègues qui l’initient à Autocad.

Une formation sur-mesure pour Jérôme

Il faudra davantage de temps pour mettre en œuvre le projet de formation. « En raison de sa très grande fatigabilité, Jérôme ne pouvait pas intégrer une session de formation standard, explique Erika Maillot. Suivre des cours pendant toute une semaine était inenvisageable à ce stade. Il a donc fallu trouver un module sur-mesure, ce qui génère un coût important. »
En décembre 2011, le montage est bouclé : l’Agefiph finance pour moitié la formation, dispensée par la Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment. Dès lors, le jeune homme, ravi de sa nouvelle orientation, peut enfin se former et se perfectionner au maniement du logiciel à raison de 16 demi-journées dans l’entreprise et 70 heures au centre de formation.

Le témoignage

Erika Maillot, responsable diversité de Razel-Bec

« La clé du maintien dans l’emploi, c’est l’anticipation »

« Lorsque le cas de Jérôme m’a été présenté, j’avais été stupéfaite de ne pas avoir été interpellée plus tôt par mes collègues de Colomiers. La clé d’une action de maintien dans l’emploi, c’est l’anticipation, et là, nous aurions eu le temps d’organiser les choses en amont. Heureusement que tout s’est relativement bien enchaîné ensuite grâce à la réactivité et l’implication fortes de toutes les parties prenantes. Afin que de telles situations ne se reproduisent pas, il a été instauré une réunion trimestrielle avec l’Apas (assistante sociale et conseiller en reclassement professionnel), notre médecin du travail et la mission handicap au cours de laquelle nous passons en revue les salariés en arrêt de travail d’au moins 90 jours, les salariés avec des arrêts de travail répétitifs et les salariés en mi-temps thérapeutique. Notre assistante sociale prend contact  avec les salariés qui présentent l’une des situations d’arrêt ou de mi-temps et transmet le dossier (si nécessaire) au médecin du travail et / ou au conseiller en reclassement professionnel.

Ces réunions permettent d’anticiper très en amont (à partir de 3 mois d’absence) des situations probables d’inaptitude et de trouver une solution en interne ou externe de reclassement. L’anticipation permet au salarié en partenariat avec l’entreprise de réfléchir à son projet professionnel et d’être accompagné dans ce sens (formation, …). Ces réunions permettent également au salarié de garder le lien avec l’entreprise pendant de longues périodes d’absence. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Razel Colomiers
  • Groupe : Razel Bec
  • Activité : Construction
  • Région : Midi-Pyrénées
  • Effectifs : 3 500
  • Effectifs TH : 55
  • Convention : oui (2011-2012)
  • Contact : Erika Maillot, responsable diversité –
    e.maillot@razel-bec.fayat.com
  • Mise à jour : 29/03/12

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : moteur
  • Aménagements :
    - techniques : non
    - organisationnel : oui
    - formation : oui
  • Financements : Razel-Bec, Agefiph
  • Partenaires : Sameth, YCMA Colomiers, Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment
Publié le 30 mars 2012