Témoignage Entreprise

Un maçon-coffreur de 56 ans reclassé au poste de grutierchez Norpac

Déclaré inapte au poste de maçon-coffreur qu’il a exercé pendant 35 ans chez Norpac, filiale de Bouygues Construction, un salarié bénéficie d’une action de maintien dans l’emploi et devient grutier.


L'expérience

Article rédigé le 24/09/09

Déclaré inapte à son poste après 35 ans d’activité

Filiale nord-est du groupe de BTP Bouygues Construction, Norpac, dont le siège social est implanté à Villeneuve d’Ascq, est une entreprise de référence sur son secteur. Courant 2007, Antonio, maçon-coffreur de 54 ans, est victime d’un accident du travail « lié à l’usure du métier », selon Sébastien Boulanger, responsable des ressources humaines et chef de projet handicap de l’entreprise. Le salarié, qui souffre d’une rupture des tendons au niveau de l’épaule, est arrêté presque un an. Lui comme ses collègues de travail pensent sa carrière terminée, après 35 ans de bons et loyaux services sur les chantiers. De fait, à l’occasion de sa visite médicale de reprise, le médecin du travail prononce un grand nombre de restrictions d’aptitudes (port de charges lourdes, élévation des bras…) qui compromettent l’exercice de son métier.

L’entreprise propose 3 offres de reclassement au salarié

Avant même la déclaration d’inaptitude au poste par la médecine du travail, Antonio est sensibilisé à la démarche de reconnaissance de sa qualité de travailleur handicapé. L’idée sous-jacente est d’organiser son retour à un autre poste dans l’entreprise et de lui offrir toutes les possibilités en termes d’aménagement ou de formation pour l’intégrer. Trois possibilités de reclassement lui sont proposées : tuteur à temps plein, responsable qualité ou grutier. C’est ce dernier poste que choisit l’ancien maçon « avec la crainte de ne pas y arriver et sans enthousiasme car il n’avait pas encore fait le deuil de son métier », se souvient son responsable RH.
Finalement, Antonio entame, début janvier 2009, une formation de 10 jours
(14 h de théorie + 56 h de pratique) au terme de laquelle il obtient son habilitation de grutier « qui le métamorphose », souligne Sébastien Boulanger. C’est alors un homme hyper motivé qui intègre son nouveau poste. Il devient totalement autonome après deux semaines de tutorat assuré par un grutier chevronné.

Une démarche bien anticipée côté , bien accompagnée côté salarié

La réussite du reclassement d’Antonio repose sur le travail d’anticipation réalisé par le service RH. Avant le retour du salarié dans l’entreprise, Sébastien Boulanger a interrogé la direction des ouvrages d’art, où il travaillait, pour connaître ses besoins en termes de ressources humaines et les éventuelles opportunités de poste.

Lorsqu’il propose les différentes options à l’intéressé, celui-ci est encore dans le déni de son état de santé. « Il voulait continuer comme avant et rejetait toute idée de reconversion, se souvient le responsable RH. Progressivement il a commencé à s’informer sur le métier de grutier. Il est même monté dans une grue avec un collègue “pour voir”. » Les différentes rencontres organisées avec la direction générale et les représentants du personnel ont beaucoup compté.
À la demande d’Antonio, son épouse a participé à certains de ces échanges. Selon Sébastien Boulanger, son intervention a été très bénéfique. « Elle m’a tenu informé de la métamorphose qui s’opérait chez son mari pendant sa formation. »

Sur le plan administratif, la demande de RQTH a rapidement abouti. Elle a permis l’intervention de l’Agefiph au titre de l’aide à la formation et au maintien dans l’emploi.

Une renaissance professionnelle à 56 ans

« C’est un homme heureux, enthousiaste et motivé qui officie aujourd’hui aux manettes de sa grue », affirme Sébastien Boulanger. Qualifié de « bon professionnel », le quinquagénaire apporte « une grande plus-value à ce poste grâce à son expérience et à ses savoir-faire précédents qui le classent parmi les meilleurs compagnons de la filiale. »

Signataire d’une convention avec l’Agefiph depuis avril 2009, Norpac a proposé à Antonio de témoigner de son expérience. Sébastien Boulanger se souvient de ses propos. « Il pensait inimaginable à 56 ans de recommencer un autre métier. Cette alternative a été une révélation pour lui alors qu’il se croyait fini professionnellement. Ses collègues lui ont aussi manifesté leur bonheur de le revoir sur les chantiers. Ils l’ont beaucoup interrogé sur la manière dont il avait changé de casquette, surtout à son âge ! »
Actuellement, Norpac étudie un autre projet de reclassement d’un jeune compagnon coffreur au poste de dessinateur-projeteur

Le témoignage

Boulanger Sébastien, responsable ressources humaines et chef de projet handicap

« L’ambition de réussir et la possibilité de se réorienter en cas d’insatisfaction »

« Le maintien dans l’emploi de Monsieur C. était une première pour moi et a, en cela, constitué une sorte de test. J’ai beaucoup d’estime pour cet homme et pour son professionnalisme. Je n’imaginais pas, compte tenu de sa volonté et de son désir de continuer son activité, que nous puissions échouer dans la mise en œuvre de son reclassement. Cependant, nous lui avions laissé la possibilité de se réorienter vers d’autres postes en cas d’insatisfaction au poste de grutier. C’est aujourd’hui une réussite. Il faut continuer sur cette voie. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Groupe : Bouygues Construction
  • Entreprise : Norpac
  • Activité : Construction
  • Région : Nord-Pas-de-Calais
  • Effectif entreprise : 1 000
  • Effectif TH de l'entreprise : 34
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0,75
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : OUI
  • Contact : Boulanger Sébastien (responsable ressources humaines et chef de projet handicap) :
    sebastien.boulanger@norpac.fr
  • Mise à jour : 28/10/2009

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : moteur
  • Aménagements :
    • techniques : non
    • organisationnels : oui
    • de formation : oui
  • Financement : Agefiph, Norpac
  • Partenaires : médecine du travail, Sameth
Thématique
Publié le 28 septembre 2010