Témoignage Entreprise

Un jeune homme handicapé mental réussit son retour vers le milieu ordinaire en entrant chez SDEL CC

La société SDEL Contrôle Commande, implantée près de Nantes, a créé un poste pour embaucher un jeune homme handicapé mental, tout d’abord mis à disposition par un Esat.


L'expérience

Article rédigé le 12/02/09

L’entreprise prête à accueillir un travailleur handicapé mental

Implantée à Saint-Aignan-de-Grand-Lieu, en périphérie nantaise, la société SDEL Contrôle Commande (SDEL CC) conçoit et réalise des automatismes de contrôles commandes destinés aux grandes entreprises nationales des secteurs énergétiques, maritimes et ferroviaires. Courant 2007, Michel Pinon, responsable de production, est missionné par sa direction pour approcher le secteur protégé afin d’imaginer des projets de collaboration communs. Lors d’un salon professionnel à Nantes, il découvre l’Esat Hors les Murs de Nantes. Cette prise de contact est suivie de différents échanges et visites entre l’entreprise et l’établissement. S’ils sont désireux d’accueillir un travailleur handicapé, Michel Pinon et son directeur, Gérard Sanson, s’interrogent plutôt sur la nature du poste qu’ils pourraient lui confier.

Création d’un poste de collecte sélective des matériaux

La société toute entière est impliquée dans une démarche de développement durable dont l’une des actions consiste à valoriser ses déchets. Au sein des ateliers, les agents de production collectent tour à tour les chutes de câbles et de ferraille au pied des postes de travail puis les rassemblent en vue de leur enlèvement par un professionnel. Il en va de même pour le papier et le carton dans toute l’entreprise. L’idée vient alors à Gérard Sanson de créer un poste spécifique dédié à cette tâche, ce qui permettrait d’en soulager les salariés. Il soumet l’idée à l’Esat qui transmet l’offre à son équipe. Jérémy, 26 ans, handicapé mental, se déclare intéressé. Il est alors mis à la disposition de SDEL CC à raison de 3 heures chaque jour, 4 fois par semaine. Le jeune homme, qui a déjà derrière lui une tentative infructueuse de retour vers le milieu ordinaire, a le souci de bien faire. Mais il est d’une nature très réservée, « fuyant même le regard de ceux qu’il croise », se souvient Gérard Sanson.

Une équipe autour de Jérémy

Au sein de l’entreprise, Michel Pinon devient le tuteur de Jérémy. Charge à lui de le former à son nouveau poste : la collecte et le stockage des chutes de matériaux à l’aide d’engins de manutention, le compactage de cartons… Aurélien Amineau, moniteur de l’Esat l’aide quotidiennement dans son tutorat pour lui permettre de « gérer Jérémy, de bien connaître ses réactions en fonction des événements de manière à les anticiper. » Dans les premiers temps, son intervention est quotidienne, puis elle s’espace au fur et à mesure. Michel Pinon sollicite, sur la base du volontariat, d’autres salariés dans les ateliers pour le seconder dans sa mission de tutorat dont il reste personnellement responsable. « Il m’était impossible de suivre Jérémy partout, mais pour des raisons de sécurité, il ne fallait jamais le perdre de vue. » L’appel est entendu, une équipe se constitue autour de Jérémy. À noter que l’entreprise avait mené une action de sensibilisation au handicap auprès de l’ensemble des salariés en 2007 à l’occasion d’une journée de séminaire, à Saint-Nazaire. Elle avait alors fait appel à une troupe de théâtre.
Le jeune homme bénéficie par ailleurs d’une formation externe aux gestes et postures pour apprendre à manutentionner les charges lourdes. Outre l’aménagement horaire, aucun aménagement technique n’a été nécessaire.

Une intégration exemplaire

Les semaines passent, Jérémy s’ouvre de plus en plus aux autres. Très impliqué dans son travail, il se voit confier de nouvelles missions telles que la préparation de kits de pièces pour les ateliers ou bien encore des tâches simples de magasinage. Mieux encore, le jeune homme, hier si timide, prend aujourd’hui en charge la distribution du courrier aux responsables de secteurs ou aux secrétaires. Pour Gérard Sanson, c’est la preuve la plus éloquente de la métamorphose de Jérémy et de sa remarquable intégration. « Son moniteur n’en est pas revenu ! » Depuis peu, SDEL CC a recruté un autre jeune homme de 26 ans, chargé lui, de l’entretien des immeubles : tapisserie, carreaux à remplacer, ampoules à changer. « Lorsqu’il a besoin d’aide, il fait appel à Jérémy signale Michel Pinon.  Ils s’entendent à merveille. Pour Jérémy, c’est le bonheur ! »

Depuis 2008, le jeune homme a été embauché en CDI par l’entreprise. Il travaille désormais à 3/4 temps. Pour son directeur, « sa présence a généré une nouvelle motivation chez les salariés » .

Le témoignage

Sanson Gérard, chef d’entreprise

« Une satisfaction sur le plan social »

« La question que l’on se pose aujourd’hui est : pourquoi n’avons-nous pas recruté quelqu’un comme Jérémy plus tôt ? Certes, il faut une vraie motivation pour intégrer un jeune travailleur handicapé mental. Sans un minimum d’engagement, cela ne peut pas fonctionner. Pour les salariés, l’expérience est également enrichissante. Elle apporte une vraie satisfaction sur le plan social. Le climat est traditionnellement bon dans notre entreprise, mais les salariés ont compris que nos enjeux vont bien au-delà des seuls résultats économiques. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : SDEL Contrôle Commande (SDEL CC)
  • Activité : automatismes de contrôles commandes
  • Région : Pays de la Loire
  • Effectif entreprise : 164
  • Effectif TH de l'entreprise : 5
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0,60
  • Accord d’entreprise : OUI
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Sanson Gérard (chef d’entreprise) :
    gsanson@sdelcc.com
  • Mise à jour : 20/04/2009

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : mental
  • Aménagements :
    • techniques : non
    • organisationnels : oui
    • de formation : oui
  • Financement : SDEL CC
  • Partenaires : Esat
Thématique
Publié le 28 septembre 2010