Témoignage Entreprise

Un jeune conseiller à distance malvoyant et son chien-guide "Atout" intégrés à la Banque populaire Atlantique

Matthieu, 30 ans, malvoyant est affecté au service après vente connectique de la Banque populaire Atlantique, à Angers. Parallèlement, lui est confié un chien-guide dont la présence contribue à transformer le regard des collègues sur le handicap.


L'expérience

Fiche rédigée le 24/02/09

Intégration réussie d’un collaborateur malvoyant, bientôt accompagné d’un chien

Alors qu’il suit une formation de « conseiller service client à distance » à l’Afpa de Saint-Herblain, dans la banlieue nantaise, Matthieu, 30 ans, malvoyant, est repéré par l’un des membres de son jury. Ce dernier, responsable de la plate-forme téléphonique de l’entreprise Banque populaire Atlantique, à Angers, est séduit par « l’enthousiasme, le sérieux, la motivation et le sens de l’organisation » du jeune homme. Il lui propose de venir renforcer l’équipe interne, à l’un des postes du SAV connectique, en réception des appels entrants de clients qui rencontrent des problèmes informatiques liés à la consultation de leurs comptes bancaires en ligne. Matthieu bénéficie d’un aménagement de son poste après étude menée par un ergonome. L’intégration du salarié s’effectue de manière satisfaisante pour tout le monde.
En juin suivant, quelques mois après son arrivée, Matthieu informe Régis Guyony, référent handicap et diversité, d’une nouvelle importante : sa requête pour avoir un chien-guide afin de l’accompagner au quotidien, notamment dans les transports en commun, a été acceptée. « Il m’a demandé si l’entreprise pouvait accueillir son chien durant la journée, se souvient le référent handicap. J’ai dit oui avant de réfléchir à tout ce que cette présence impliquait » .

Un canisite construit par les collègues pour Atout, chien-guide

Entre juin et septembre, date à laquelle le labrador doit être confié à Matthieu, Régis Guyony s’affaire aux préparatifs d’accueil, avec sa hiérarchie. « Sur le principe, un chien au bureau, cela paraît facile. Sauf qu’il faut prévoir un espace pour les repas et pour les sorties, tout endroit rarement imaginé dans des locaux conventionnels. » Reste alors à dédier un petit local pour la gamelle, une serviette, la laisse et les croquettes d’Atout, puis à créer un canisite pour les petits besoins de la future mascotte de la plate-forme. « Nous avions identifié un site peu visible pour les clients, à l’extérieur, plutôt spacieux pour que le chien puisse courir, et grillagé, afin qu’il ne s’échappe pas non plus. » précise Régis Guyony. « Le service des moyens généraux a fait deviser cet aménagement par une entreprise extérieure. Mais les collègues de Matthieu se proposent spontanément pour le construire eux-mêmes, sur leur temps libre. »

Mobilisation générale pour l’accueil de la mascotte à quatre pattes

Parmi les préparatifs d’accueil, en interne, Régis Guyony valide qu’en termes d’assurances, la société peut accueillir un chien. « Je me suis renseigné auprès des collègues de travail de Matthieu pour savoir si l’un(e) d’eux souffrait d’allergie, ou de phobies, auxquels cas, il nous aurait fallu renoncer à ce projet. Mais tout le monde a été partant. »
Au cours de l’été, le futur maître d’« Atout » suit une formation pour apprendre à vivre avec un chien-guide. À la rentrée, c’est au tour des collègues d’être « briefés » par la monitrice sur les règles à adopter avec « Atout » : pas de petits gâteaux pour s’attirer ses faveurs, pas de caresses sans y avoir été invité par le maître… Cette séance  « initiatique » fait l’objet d’un reportage vidéo que Régis Guyony a diffusé sur l’Intranet de la Banque populaire Atlantique. Son objectif a été d’informer l’ensemble des collaborateurs, au travers de cet exemple, de l’existence d’un accord d’entreprise en faveur de l’emploi des personnes handicapées.

Un formidable vecteur pour changer le regard sur le handicap

Au même moment, Nadège, une collègue de Matthieu sur le plateau du SAV connectique, atteinte d’une maladie évolutive, contacte Régis Guyony. L’arrivée d’Atout a libéré son envie d’adopter, elle aussi, un chien-guide. L’animal pourrait l’aider dans ses gestes quotidiens qu’elle peine à exécuter : ouvrir un placard, le réfrigérateur, porter, attraper les objets…
« Nadège est très réservée, indique le référent handicap. Jamais elle n’aurait pris l’initiative d’une telle démarche. En décembre 2008, l’association Handichiens lui confie « Bee » . Aujourd’hui, Matthieu et Nadège font leur pause ensemble avec leurs chiens, dans l’enclos du canisite. « Sur ce plateau où l’on compte plus de 10% de collaborateurs handicapés, les salariés sont plus sensibles au handicap que dans certains autres secteurs, témoigne Régis Guyony. La présence des chiens a renforcé l’esprit d’équipe. En veillant sur leur petit confort, nous faisons en sorte qu’ils soient parfaitement opérationnels pour accompagner leurs maîtres. Cette expérience est atypique. Elle est la preuve quotidienne que l’entreprise pour laquelle ils travaillent se montre plus citoyenne. Et eux, à leur façon, ont le sentiment d’œuvrer à la politique handicap de la Banque populaire Atlantique. Par ailleurs, les salariés de ce plateau sont amenés à bouger dans le réseau et à parler de cette expérience. Cela change leur regard sur le handicap » .

Le témoignage

Guyony Régis, référent handicap et diversité

« L’intégration d’un collaborateur handicapé, cela s’étudie bien en amont »

« L’intégration d’un collaborateur handicapé, cela s’étudie bien en amont. Lorsque Matthieu a été recruté sur notre plate-forme, je venais d’être nommé référent handicap depuis peu. Je le dis en toute humilité : je n’avais pas la méthode et j’ai négligé l’analyse du poste de travail. En effet, après quelques semaines seulement, son tuteur a constaté que le jeune conseiller n’avait pas une vision claire de son double écran de travail et ne pouvait, de ce fait, répondre avec satisfaction aux appels pris en charge. L’adaptation de son poste qui consistait, a priori, en une simple acquisition d’un logiciel de grossissement des caractères n’a pu s’effectuer : aucun des logiciels utilisés, en vente sur le marché, n’était compatible avec une configuration en double écran. Il a donc fallu retrouver rapidement un poste, en interne, pour Matthieu. Ce à quoi nous sommes parvenus fort opportunément. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Groupe : Banque populaire
  • Entreprise : Banque populaire Atlantique
  • Activité : Activités bancaires
  • Région : Bretagne
  • Effectif entreprise : 1 600
  • Effectif TH de l'entreprise : 33
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0,56
  • Accord d’entreprise : OUI
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Guyony Régis (référent handicap et diversité) :
    regis.guyony@atlantique.banquepopulaire.fr
  • Mise à jour : 11/06/2009

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : visuel
  • Aménagements :
    • techniques : oui
    • organisationnels : oui
    • de formation : oui
  • Financement : Banque populaire Atlantique
  • Partenaires : association chien-guides, ergonome, médecin du travail
Publié le 28 septembre 2010