Un diplôme d’État d’aide médico-psychologique à 50 ans
L'expérience
Article rédigé le 17/10/07
Une salariée rigoureuse et motivée
En avril 2004, Sophie Chiron, directrice de la maison de retraite médicalisée Saint-Joseph, à Annonay (Ardèche), recrute Christine, 47 ans, à un poste d’agent de service hospitalier. Titulaire d’un BEP Carrières sanitaires et sociales, la candidate souffre de lombalgies chroniques et bénéficie d’une reconnaissance comme travailleur handicapé. Elle était employée jusqu’ici comme mécanicienne de confection dans l’industrie textile et avait contacté Cap emploi afin de se réorienter dans le secteur médico-social. Pour la directrice de l’établissement, son handicap ne constitue pas une préoccupation et ne pose pas de problème particulier en regard de la fonction à occuper. Le recrutement de Christine se déroule donc de la façon la plus ordinaire. Pour l’établissement, qui a le statut d’association loi 1901, son recrutement est aussi l’occasion de répondre à l’obligation d’emploi des personnes handicapées.
Christine s’intègre sans difficulté dans l’équipe et, très vite, elle se distingue des autres agents de service par son esprit d’initiative, sa rigueur professionnelle et l’attention qu’elle porte aux résidents, des personnes âgées dépendantes. Sophie Chiron décide de lui confier la gestion de l’approvisionnement et du stock des produits d’incontinence. Une responsabilité importante car cela représente un gros poste financier pour l’établissement. « Elle a vraiment relevé ce défi et je me suis dit que nous ne pouvions en rester là », explique la directrice.
Se former pour évoluer professionnellement
À l’occasion d’un entretien annuel d’évaluation, les deux femmes font le point sur le projet professionnel de Christine. Soucieuse d’évoluer professionnellement à l’approche de la cinquantaine, celle-ci souhaiterait suivre une formation pour s’orienter vers la fonction d’aide médico-psychologique (AMP). Sophie Chiron est justement dans l’attente d’un accord des organismes de tutelle de la maison de retraite (le département et la DDASS) pour la création d’un poste de ce type, le premier dans l’établissement dont l’équipe s’appuie surtout sur le travail d’aides-soignantes.
Elle consulte donc l’Opca afin de connaître les possibilités de financements de la formation et se met à la recherche de partenaires. Une conseillère Cap emploi, convaincue par l’intérêt du projet, monte un dossier de demande d’aide à l’Agefiph. En septembre 2006, Christine entame une formation pour une durée de 18 mois en vue de préparer le diplôme d’État d’AMP.
Un effort financier et organisationnel
Pour financer le projet, Sophie Chiron a utilisé les heures de DIF (droit à la formation individuelle) acquises par la salariée, sollicité une période de professionnalisation auprès de l’Opca et un cofinancement de l'Agefiph. Le plan de formation interne de l’entreprise a permis de boucler le budget. « L'apport financier de l'Agefiph est appréciable pour un montage de ce type, commente la directrice, mais le projet a tout tout de même représenté un gros effort pour nous puisque nous avons pris en charge une partie des frais pédagogiques, les frais de déplacement et de repas. Nous rémunérons également une intérimair qui remplace Christine pendant ses périodes d’absence. C’est surtout sur le plan organisationnel que les contraintes sont importantes car nous devons adapter nos plannings mois après mois au rythme de la formation. »
Une expérience qui profite à toute l’équipe
Concrètement, Christine quitte son poste une semaine par mois et elle devra en outre effectuer une période de stage de quatre semaines. Elle prendra officiellement ses fonctions en mars 2008, mais Sophie Chiron a fait le choix de lui confier le poste dès le début de la formation. « Ce n’était pas une obligation, mais nous avons estimé que c’était plus intéressant sur le plan de l’apprentissage. » Christine travaille donc désormais avec les aides-soignantes, qui l’accompagnent et la forment à certaines tâches. De son côté, elle apporte un regard nouveau sur la prise en charge des personnes âgées. « J’ai pu noter des changements professionnels très positifs au sein de toute l’équipe, qui est davantage centrée sur le résident, son écoute, le respect de sa dignité et de ses choix de vie. Je trouve l’expérience très intéressante car non seulement l’intégration est réussie, mais l’exemple de Christine montre que la promotion interne est possible pour une personne motivée », se réjouit Sophie Chiron.
Le témoignage
Chiron Sophie, directrice de la maison de retraite Saint-Joseph
« Pour beaucoup d’employeurs, l’âge constitue à lui seul un handicap »
« Le handicap de Christine n’a jamais interféré dans son métier et n’a jamais posé le moindre problème. Je suis très heureuse que cette formation lui permette de s’épanouir professionnellement, d’avancer et de revenir dans le domaine auquel la préparait sa formation initiale. Ce n’est pas forcément facile lorsqu’on a 50 ans, mais en l’occurrence, c’est une réussite. Pour beaucoup d’employeur, l’âge constitue à lui seul un handicap. Pour ma part, j’aime travailler avec des gens ayant une maturité, une expérience de la vie. C’est essentiel dans notre métier qui consiste à accompagner des personnes âgées. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Entreprise : Maison de retraite Saint-Joseph
- Activité : Etablissement de santé pour personnes âgées
- Région : Rhône-Alpes
- Effectif entreprise : 37
- Effectif TH de l'entreprise : 3
- Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
- Accord d’entreprise : NON
- Convention Agefiph : NON
- Contact : Chiron Sophie (directrice) :
sophiechiron.mdr-stjoseph@wanadoo.fr - Mise à jour : 19/11/2007
La fiche technique
- Durée du projet : 18 mois
- Nombre de salariés concernés : 1
- Type de handicap : moteur
- Aménagements:
- techniques : non
- organisationnels : oui
- formation : oui
- Financements : Ehpad Saint-Joseph, Agefiph, Opca
- Partenaires : Cap emploi, centre de formation