Témoignage Entreprise

Un défi technique pour le maintien au poste d’un ouvrier monteur chez Rapidhome

Gravement accidenté de la route en 2003, Christophe Potier, 25 ans, n’abandonne pas l’idée de retrouver son poste d’ouvrier monteur des mobile homes chez Rapidhome. Un formidable élan s’organise au sein de l’entreprise pour trouver des solutions organisationnelles et techniques aussi originales que performantes.


L'expérience

Article rédigé le 28/03/08

Un ouvrier monteur victime d’un grave accident de la route

Le constructeur mayennais de résidences mobiles Rapidhome embauche Christophe Potier en 2002. Affecté au montage des chassis de ces petites maisons sur roues, le jeune homme alors âgé de 25 ans assemble longerons métalliques et essieux à la chaîne, « un métier physique » aux dires de Jean-Claude Margeris, responsable de production de la société. Christophe Potier tient la cadence d’un châssis assemblé toutes les heures, en moyenne. La direction est satisfaite du travail de ce jeune homme de nature très réservée.
Mais en 2003, Christophe est victime d’un grave accident de la route qui le contraint à un arrêt de travail de plus de 18 mois. Des séquelles importantes au niveau du dos lui interdisent la station debout et le port de charges. En théorie, Christophe devrait être déclaré inapte à son poste.

Deux tentatives d’aménagement

Peu avant la fin de son arrêt maladie, Christophe exprime au médecin du travail sa volonté de retrouver son ancien poste. À première vue, son état physique et psychologique excluent cette éventualité. Mais, en concertation avec l’équipe médicale, le responsable de production de Rapidhome, soutenu par sa direction, décide de tout mettre en œuvre pour répondre à sa volonté. Une étude de son poste de travail est effectuée pour alléger au maximum les tâches susceptibles d’aggraver son handicap sans pour autant dénaturer la fonction. Christophe reprend alors son travail en mi-temps thérapeutique. Il est accompagné par un intérimaire qui se substitue à lui pour les tâches qu’il ne peut accomplir. Après quelques mois d’observation, les résultats sont mitigés. S’engage alors une réflexion collective sans précédent pour trouver une meilleure solution. Celle-ci prend corps près de 18 mois plus tard. Il s’agit d’un palan électrique équipé de préhenseurs automatisés qui effectuent à la place de Christophe l’ensemble des tâches de port et de manutention des châssis et planchers. Ce gigantesque mécanisme fabriqué sur-mesure et entièrement télécommandé par le salarié « balaye » près de 250 m2 de superficie dans l’atelier.

L’entreprise se mobilise sur un projet ambitieux

Accompagné par l’équipe du SATM (Santé au travail en Mayenne) et plus particulièrement par le médecin du travail en charge des salariés de Rapidhome et d’une chargée du maintien dans l’emploi, Jean-Claude Margeris avance progressivement dans sa recherche de solutions au profit du salarié. Après l’épisode du doublage de poste par un intérimaire, le responsable de production fait appel à un cabinet d’ergonomes d’Angers pour réfléchir à un aménagement possible. En complément, il crée aussi un groupe de travail avec les membres du CHSCT de l’entreprise qui s’investissent pendant et en dehors de leurs heures de travail. C’est ensemble qu’ils s’orientent vers la conception d’un matériel spécifique, totalement inédit sur le marché. Des mois d’essais seront nécessaires aux deux sociétés impliquées dans la réalisation de l’outil pour le mettre au point et surtout, pour en obtenir la certification professionnelle auprès des organismes nationaux dédiés. Une fois le chiffrage établi, une demande est engagée auprès de l’Agefiph via la chargée du maintien dans l’emploi de la SATM. Rapidhome bénéficiera finalement d’une subvention couvant une partie du coût de l’investissement. Quant au salarié, il est suivi régulièrement par l’équipe de la SATM.

Les temps de manutention réduits de 30 à 40 %

Près de deux ans après l’installation de cet équipement pour lequel lui a été délivré un certificat d’habilitation, Christophe Potier « est en pleine possession de ses moyens » . Jean-Claude Margeris signale que « si cet outil a facilité le travail au poste, il a également amélioré celui de l’ensemble de l’atelier » . Il a même généré une réflexion systématique pour diminuer la difficulté voire la pénibilité de certaines autres tâches au profit de tous. Les temps de manutention ont chuté de 30 à 40 % et le lien social a été renforcé entre les salariés. « Rapidhome a gagné en productivité et Christophe se sait l’acteur de cette évolution. Son moral est donc à nouveau très bon. Il est même moins introverti qu’avant. Cette opération lui a donné un bon coup de pouce. Au final, tout le monde est gagnant. Ceci étant dit, nous ne l’avons pas mis dans du « coton » et cela aussi, il le sait. »

Le témoignage

Margeries Jean-Claude, responsable de la production et du

« Nous avons fait le choix de nous concentrer sur la solution technique »

« J’avais peur, au départ, de toute la partie administrative que je craignais ne pas pouvoir maîtriser. L’aide de la

 a été vraiment capitale. Nous avons pu nous concentrer sur la recherche de la solution technique optimale avec l’équipe, en interne. C’était vraiment notre volonté de trouver le moyen le plus performant . Aujourd’hui je sais que nous avons investi dans un matériel vraiment adapté. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Rapidhome
  • Activité : Constructuer de mobile homes
  • Région : Pays de la Loire
  • Effectif entreprise : 60
  • Effectif TH de l'entreprise : 3
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 1,33
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Margeris Jean-Claude (responsable de production et membre du CHSCT) :
  • Mise à jour : 04/04/2008

La fiche technique

  • Durée de mise en œuvre : 36 mois
  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : moteur
  • Aménagements :
    • techniques : oui
    • organisationnels : oui
    • de formation : non
  • Financement : Rapidhome, Agefiph
  • Partenaires : médecin du travail et chargée de mission Santé au travail en Mayenne, ergonome, CHSCT
Thématique
Publié le 21 septembre 2010