Témoignage Entreprise

Un BTS banque-assurance en contrat de professionnalisation pour des demandeurs d’emploi handicapés d’Auvergne

La Caisse d’Épargne Auvergne-Limousin et cinq autres banques se sont associées pour former des demandeurs d’emploi handicapés aux métiers de la banque. Une condition pour trouver des candidats à l’embauche.

L’expérience

Fiche rédigée le 03/03/09

Pas de recrutement sans formation préalable

Comme beaucoup d’autres secteurs d’activité, le secteur bancaire peine à recruter des travailleurs handicapés. « L’équation est très simple, explique Gérard Billat, chargé du développement RH à la Caisse d’Épargne Auvergne-Limousin. Nous recrutons à bac + 2 ou plus sur des postes essentiellement commerciaux, alors que plus de 80 % des demandeurs d’emploi handicapés ont un niveau inférieur ou égal au bac. Dans ces conditions, trouver le candidat ayant de surcroît les compétences commerciales requises relève du miracle. » La solution ? Revoir à la baisse les exigences en termes de qualification et mettre en place une formation qualifiante pour amener les candidats au niveau requis. « C’est ce que nous avons entrepris de faire sur le département du Puy-de-Dôme, en nous associant avec d’autres entreprises bancaires », poursuit Gérard Billat.

Une difficulté majeure : trouver les candidats

En 2007, l’agence régionale Auvergne-Limousin se rapproche de la Chambre de commerce et d’industrie d’Auvergne, qui propose un BTS banque-assurance. Elle expose également son projet au Club des 1 000, groupement d’entreprises citoyennes rattaché à CCI. L’idée est de proposer à des demandeurs d’emploi handicapés de niveau bac de préparer un BTS en alternance dans le cadre d’un contrat de professionnalisation. Six banques souhaitent s’associer au projet. Cap emploi Puy-de-Dôme est chargé du recrutement d’une douzaine de candidats. Mais les recherches s’avèrent plus difficiles que prévu. Au final, seul six candidats sont réunis. Un effectif a priori trop restreint pour le Centre de formation de la profession bancaire. « Il s’en est fallu de peu pour que le projet soit abandonné, raconte Gérard Billat. Quatre banques se sont retirées, mais nous avons fait le choix de poursuivre en partenariat avec le Crédit Agricole. Cette persévérance a un prix puisque nous payons la formation pour un groupe de 12 personnes, mais la suite nous a montré que nous avions raison. »

Préparer l’accueil des nouvelles recrues en agence

Après avoir assisté à une demi-journée de découverte des métiers de la banque et passé un entretien d’embauche, les 6 candidats de la première promotion entament leur formation de deux ans fin 2007. Âgés de 29 à 52 ans, ils présentent des profils divers et leur handicap ne nécessite aucun aménagement spécifique. Le contenu de la formation est tout à fait standard, mais, du fait de la petite taille du groupe, les stagiaires bénéficient d’une grande proximité avec les formateurs. Ils partagent leur temps entre le centre de formation et les agences de la Caisse d’Épargne et du Crédit Agricole où ils ont été recrutés. L’ensemble de l’opération est financé par le budget des accords signés par les deux groupes. « Au sein de nos agences, la hiérarchie était informée du statut de travailleur handicapé de leur nouvelle recrue, mais nous n’avions pas jugé utile de faire passer le message dans les équipes pour ne pas stigmatiser des personnes en reconstruction après une longue période d’inactivité. C’était une erreur car l’information a filtré et cela a conduit ponctuellement à des malentendus », reconnaît Gérard Billat.

De nouvelles promotions en 2008 et 2009

La première promotion achèvera sa formation en juin 2009. Sous réserve d’obtention du diplôme, les personnes seront intégrées définitivement dans les agences. En 2008, un nouveau groupe, de 9 candidats, a été constitué, ce qui a permis aux quatre banques qui s’étaient initialement retirées de s’associer à nouveau au projet. « Les conditions de formation sont les mêmes, à ceci près que trois personnes valides ont rejoint le groupe pour atteindre un effectif de 12 personnes. À l’avenir, nous aimerions une plus grande mixité pour ne pas isoler les personnes handicapées. » Cette fois-ci, Gérard Billat a pris le soin de préparer les équipes des agences Caisse d’Épargne pour offrir aux candidats les meilleures conditions d’intégration. « J’insiste sur le fait qu’il n’est pas question de stigmatiser le handicap, mais d’inviter les collaborateurs à être plus attentifs et compréhensifs vis-à-vis de personnes fragilisées par une longue période sans emploi. » Une troisième promotion devrait être constituée courant 2009, le souhait de Gérard Billat étant de travailler avec d’autre Cap emploi afin d’étendre l’opération aux autres départements d’Auvergne.

Le témoignage

Billat Gérard, chargé du développement

RH

« Nous devons rester vigilants pour ne pas conduire à l’échec des personnes déjà fragilisées »

« Dans nos métiers, nous ne pouvons pas envisager de recruter des travailleurs handicapés si nous n’élargissons pas nos critères de recrutement et ne mettons pas en place les dispositifs de formation adéquats. Cela correspond assez bien à la démarche de la Caisse d’épargne qui recherche des profils plutôt que des diplômes. Dans ce type de projet, on mise sur le potentiel d’une personne et l’engagement porte sur deux ans, l’objectif final étant l’embauche définitive. Il faut donc être très vigilant lors du recrutement pour ne pas conduire à l’échec des personnes souvent déjà fragilisées. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Groupe : Caisse d'Épargne
  • Entreprise : Caisse d’épargne Auvergne-Limousin
  • Activité : Activités bancaires
  • Région : Auvergne / Limousin
  • Effectif entreprise : 1 461
  • Accord d’entreprise : OUI
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Billat Gérard (chargé du développement RH) :
    gerard.billat@cepal.caisse-epargne.fr
  • Mise à jour : 11/06/2009

La fiche technique

  • Durée de mise en œuvre : 2 ans
  • Nombre de salariés concernés : 3 sur la première promotion, 2 sur la deuxième.
  • Type de handicap : tous types
  • Aménagements :
    • techniques : non
    • organisationnels : non
    • de formation : oui
  • Financement : Caisse d'Épargne Auvergne-Limousin, Crédit Agricole, Banque Populaire, Banque postale, Société Générale
  • Partenaires : CCI d'Auvergne, Club des 1 000, Cap emploi Puy-de-Dôme, Centre de formation de la profession bancaire
Thématique
Publié le 27 septembre 2010