Un agriculteur picard poursuit son activité malgré la perte de ses deux jambes et d’une main
L'expérience
Article rédigé le 26/05/08
Retravailler : un impératif économique et psychologique
Depuis 1999, Maxence Leclère gère une exploitation agricole de 250 hectares situé près de Villers-Cotterêts dans l’Aisne. Avec l’aide de deux salariés agricoles et de travailleurs saisonniers (jusqu’à 30 personnes en période de récoltes), il cultive des céréales et des betteraves, et a également développé une activité arboricole autour de la production de pommes et de poires. En juin 2006, il est victime d’un grave accident avec une ligne à haute tension et doit rester hospitalisé pendant de longs mois à l’hôpital des Invalides à Paris. Les séquelles de l’accident sont importantes : double amputation tibiale et amputation de la main gauche. « Malgré ce lourd handicap, je voulais absolument reprendre mon activité. J’ai une famille à charge. C’était donc un impératif économique , mais aussi une nécessité sur le plan psychologique car c’est tout mon équilibre de vie qui était en jeu. »
Durant son hospitalisation, l’assistante sociale de l’hôpital lui conseille de prendre contact avec l’Agefiph. Dès sa sortie, en mars 2007, il s’oriente vers la Cometh, le service d’appui au maintien dans l’emploi de l’Aisne. Parallèlement, il engage les démarches pour être reconnu comme travailleur handicapé.
Des moyens matériels pour retourner aux champs
« Avec le conseiller de la Cometh, nous avons totalement redéfini mon activité et envisagé les différents aménagements à prévoir sur l’exploitation, raconte Maxence Leclère. Il n’était pas question que je reste enfermé derrière un bureau. Il a été convenu qu’en fonction des solutions techniques, je continuerais à gérer et à superviser le travail sur l’exploitation tout en assurant la surveillance des cultures. »
Bien qu’équipé de prothèses, Maxence Leclère se déplace essentiellement en fauteuil électrique. Il est donc indispensable de réaménager le sol du corps de ferme de manière à ce qu’il puisse circuler librement et avoir accès en toute sécurité à l’ensemble des bâtiments d’exploitation (bâtiment de stockage, local phytosanitaire etc.).
D’autre part, l’exploitation acquiert un véhicule 4x4 permettant à l’agriculteur d’accéder aux différentes zones de cultures réparties sur trois communes. « Pour que je puisse circuler dans les cultures et les vergers, là où on ne peut aller d’ordinaire qu’à pieds, nous avons également fait l’acquisition d’un véhicule “Rhino”, un compromis entre le quad et la voiture de golf qui est réellement tout-terrain et m’a apporté une vraie autonomie. Il a juste fallu procéder à quelques petites adaptations de l’accélérateur et des freins. »
Un aide efficace et rapide
À compter de sa sortie de l’hôpital, il aura fallu huit mois à Maxence Leclère pour gagner son autonomie et redevenir opérationnel. « Sur le plan administratif aussi bien que pour ce qui concerne les aménagements, tout est allé finalement assez vite. Le conseiller Cometh a pratiquement été mon seul interlocuteur. Nous avons élaboré les solutions ensemble. De son côté, il a bien géré le dossier et a su faire avancer les choses. »
Sur le plan financier, l’Agefiph a pris en charge une grande partie du réaménagement de la cour de ferme et l’acquisition du véhicule tout-terrain. La MSA a également apporté une aide complémentaire pour l’acquisition de matériel.
Anticiper sur l’avenir pour pérenniser l’activité
Maxence Leclère pour sa part a dû réinventer sa manière de travailler au quotidien. « Je gère aujourd’hui les choses d’une manière différente. Il faut dire que je consacre en moyenne une journée par semaine à m’occuper de ma santé. J’ai donc dû me réorganiser au fur et à mesure et simplifier certaines tâches. Aujourd’hui, je ne rencontre plus de difficultés majeures dans mon travail quotidien et je suis très heureux d’être à nouveau sur le terrain. »
Le jeune exploitant envisage toutefois de solliciter à nouveau l’Agefiph dans l’hypothèse du recrutement d’un salarié supplémentaire. « Même si j’ai retrouvé une grande autonomie, j’ai souvent recours à l’aide familiale pour certaines tâches. Ce n’est pas forcément viable à long terme et je pense que la présence d’un autre salarié pourrait m’être très utile pour la partie terrain. » Maxence Leclère étudie par ailleurs la possibilité d’une demande de reconnaissance de la lourdeur du handicap.
Le témoignage
Leclère Maxence, responsable d'exploitation
« Une aide très précieuse, techniquement et psychologiquement »
« Toute cette démarche a été extrêmement difficile psychologiquement. Mon métier, c’est ma vie. Je suis extrêmement reconnaissant vis-à-vis du conseiller de la
qui m’a accompagné de façon très efficace. Ce soutien était indispensable. Bien sûr, j’ai dû revoir certaines de mes ambitions à la baisse. J’ai dû par exemple diminuer sensiblement la surface arboricole. Mais mon exploitation est viable et n’a ni plus ni moins de difficulté qu’une autre. Aujourd’hui, j’envisage l’avenir et je souhaite tout faire pour pérenniser la situation. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Entreprise : EARL Leclère
- Activité : Exploitation agricole
- Région : Picardie
- Effectif entreprise : 2
- Effectif TH de l'entreprise : 1
- Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
- Accord d’entreprise : NON
- Convention Agefiph : NON
- Contact : Leclère Maxence (gérant d’exploitation) :
- Mise à jour : 11/07/2008
La fiche technique
- Durée de mise en œuvre : 8 mois
- Nombre de personnes concernées : 1
- Type de handicap : moteur
- Aménagements :
- techniques : oui
- organisationnels : oui
- formation : non
- Financement : EARL Leclère, Agefiph, MSA
- Partenaires : Cometh de l'Aisne (service d'appui au maintien dans l'emploi)