Trois jeunes apprentis handicapés accueillis en alternance chez Messier-Bugatti
L’expérience
Article rédigé le 20/12/07
Un projet d’intégration sous l’égide de la fondation Safran
Peu après la naissance du groupe international de haute technologie Safran, issue de la fusion entre Sagem et Snecma, est créée la fondation Safran. Sa vocation est double : subventionner certains projets présentés par des associations favorisant l’insertion de jeunes handicapés dans des structures adaptées et, dans le cadre du projet Elan qui voit le jour en 2005, accueillir dans les entreprises du groupe Safran, une vingtaine de jeunes handicapés engagés dans une formation en alternance. Pour le groupe projet chargé de sa mise en œuvre et de son suivi, le postulat de départ est de définir, au sein de chaque société participante, les fiches de postes proposés, les tuteurs, les organismes de formation et, enfin, les profils de candidats.
Jean-Paul Colesse, membre du groupe projet et directeur de l’usine Messier-Bugatti de Molsheim, près de Strasbourg, s’engage résolument dans la démarche.
Trois apprentis accueillis à Molsheim
Le projet Elan pose le principe d'accueillir des jeunes porteurs d'un handicap sur un poste identifié. Pour garantir la réussite du projet, le choix est fait également d’examiner les candidatures spontanées et d’imaginer la forme d'intégration la plus appropriée en fonction du handicap. Ainsi, soutenu par les acteurs locaux de l'insertion, le site de Molsheim reçoit plusieurs candidatures et en septembre 2006 sont embauchés en contrat d’alternance trois garçons et filles de moins de 25 ans. Grégory, atteint d’un handicap physique léger, fait son entrée, en contrat d’apprentissage, au service logistique et magasinage de l’usine. Il obtient un BEP logistique un an après et poursuit par un bac pro logistique dispensé dans un CFA alsacien. Christina, sourde et appareillée, choisit le service gestion et comptabilité pour préparer en alternance un BTS d’assistante de gestion, spécialement aménagé pour elle en 3 ans au lieu de 2 par la CCI de Strasbourg. Enfin, le troisième apprenti, psychologiquement fragile, est intégré comme commis de cuisine au restaurant d’entreprise géré par le comité d’établissement. Tous les 3 jours, il part en formation au lycée Sainte-Clotilde à Strasbourg pour préparer un CAP en 4 ans.
Les acteurs alsaciens de l’insertion réunis autour de la table
Parmi les partenaires réunis par Jean-Paul Colesse figurent Cap emploi Alsace, l’Adapei 67 (association départementale d’aide pour l’enfance inadaptée), partenaire de longue date de Messier-Bugatti, la DDTEFP, l’ANPE et plusieurs IMpro (instituts médico-professionnels), à la croisée du monde professionnel et du monde éducatif.
Dès le départ, le directeur de site définit clairement les tâches incombant à chacun : les partenaires proposeront des candidats potentiels et sélectionneront les structures de formation adéquates (CFA, Lycée Sainte-Clotilde, CCI de Strasbourg), Messier-Bugatti créera les conditions d’accueil des apprentis. Chacun d’eux sera ainsi tutoré par un salarié de l’entreprise, formé 3 jours au siège de la fondation Safran. Tous sont régulièrement visités par le maître d’apprentissage de leur organisme de formation.
Une expérience à renouveler
Le jeune Grégory progresse bien dans l’apprentissage de son métier au service logistique. Si Messier-Bugatti ne cache pas son ambition d’externaliser complètement à terme cette activité, le directeur de l’usine indique qu’il fera tout son possible pour que la société sous-traitante embauche le jeune homme rompu aux habitudes de la maison. La jeune Christina, très timide, a des difficultés à suivre ses cours de BTS et à participer à des projets collectifs. L’isolement social qu’elle peine à rompre malgré les tentatives de son tuteur et de ses collègues constitue un frein évident à sa prise d’autonomie et à son épanouissement dans la vie de l’entreprise. Quant au troisième apprenti, commis de cuisine, Jean-Paul Colesse observe son évolution chaque jour lorsqu’il se rend au restaurant d’entreprise. Là encore, il assure qu’il « militera » pour qu’il soit embauché par l’Alsacienne de restauration qui assure le service déjeuners des salariés de l’usine.
S'agissant du projet Elan, qui a permis finalement à 23 jeunes de rejoindre le groupe pour une formation, Jean Paul Colesse, comme la plupart de ses collègues se dit prêt à renouveler l'expérience. Une deuxième « campagne » de recrutement pourrait être lancée dès la rentrée 2008.
Le témoignage
Colesse Jean-Paul, directeur du site Messier-Bugatti de Molsheim
« Comme une méfiance à l’égard des entreprises »
« J’ai dû forcer la nature pour mettre tous les acteurs de l’insertion autour de la table. Comme s’il y existait une méfiance de leur part à l’égard du monde des entreprises. À force de dialogue, j’ai pensé les avoir convaincus que l’usine était ouverte aux jeunes en difficulté. Je m’attendais ensuite à être assailli de demandes de leur part. Et bien pas du tout ! À ma grande surprise, je n’ai pratiquement plus eu de contact avec eux. Mais j’ai tout de même envie de reprendre mon bâton de pèlerin ! »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Groupe : Safran
- Entreprise : Messier Bugatti
- Etablissement : Molsheim
- Activité : Industrie aéronautique
- Région : Lorraine-Alsace
- Effectif entreprise : 1 300
- Effectif etablissement : 413
- Effectif TH de l'etablissement : 28
- Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 5,94
- Accord d’entreprise : NON
- Convention Agefiph : NON
- Contact : Colesse Jean-Paul (directeur d'établissement) :
- Mise à jour : 28/01/2008
La fiche technique
- Nombre de salariés concernés : 3
- Type de handicap : physique, surdité profonde, psychologique
- Aménagements :
- techniques : non
- organisationnels : oui (tutorat)
- de formation : oui
- Financement : Fondation Safran, Messier-Bugatti
- Partenaires : Cap emploi Alsace, Adapei 67, DDTEFP, IMPro, CFA, lycée Sainte-Clotilde et CCI de Strasbourg