Thierry Immobilier embauche une jeune femme porteuse de trisomie 21 comme assistante administrative

En 2024, Thierry Immobilier a fêté ses 100 ans. Entreprise familiale indépendante, la société nantaise emploie aujourd’hui près de 200 salariés répartis sur une dizaine d’agences implantées dans le Grand Ouest. Selon Emilie Lemarchand, adjointe aux ressources humaines, l’entreprise a toujours eu une volonté inclusive mais ce n’est qu’en 2022 qu’elle embauche un premier collaborateur présentant un handicap visible.

Alors qu’elle propose un poste de contrôleur de gestion en alternance, elle reçoit, entre autres candidatures, celle de Nicolas, 38 ans, atteint de surdité profonde, en cours de reconversion professionnelle. « Nous l’avons choisi sans hésiter car de tous les profils, c’était vraiment le plus intéressant. »

Durant ses deux années de formation, le nouvel arrivant est intégré de façon très fluide au sein de l’équipe du siège. Les collaborateurs s’initient aux rudiments de la langue des signes françaises tandis que des aides de l’Agefiph sont mobilisées pour équiper Nicolas d’un dispositif de communication qui lui permet de bénéficier des services d’un interprète LSF à distance pour passer ou recevoir des appels ou participer à des réunions. La période d’alternance aboutit à la signature d’un CDI.

Désireuse de partager cette première expérience réussie et de faire connaître son ouverture au handicap, l’entreprise intervient en différentes occasions dans des écoles et des conférences. Cette visibilité occasionne une nouvelle rencontre : Pauline, une jeune femme porteuse de trisomie 21, postule à son tour.

Âgée de 32 ans, Pauline est accompagnée par l’association Fratries qui propose des colocations entre des personnes en situation de handicap et de jeunes actifs. Créée à Nantes et en cours d’essaimage dans plusieurs villes de France, l’association œuvre également à l’insertion sociale et professionnelle de ses locataires. « Nous connaissions cette initiative et avons tout de suite bien accueilli la démarche de Pauline et de son jobcoach », raconte Emilie Lemarchand.

Lorsqu’elle se présente chez Thierry Immobilier, Pauline a déjà entamé une démarche de reconversion professionnelle. Après six années passées à travailler au sein du restaurant nantais Le Reflet, véritable vitrine de l’emploi des personnes trisomiques, elle a émis le souhait de s’orienter vers un métier plus administratif et réalisé deux stages en entreprise. L’agence immobilière accepte de lui offrir une troisième expérience. Elle y est d’abord accueillie pour une durée de deux semaines. « Nous avons souhaité renouveler cette période car Pauline faisait preuve d’une vraie motivation et nous voulions prendre le temps d’évaluer ses capacités en vue de lui faire une proposition », poursuit Emilie Lemarchand. De fait, au même moment, la personne en charge du courrier au siège de l’entreprise est en arrêt maladie. C’est une opportunité pour la jeune femme trisomique qui se voit proposer un CDD.

Dans un premier temps, Pauline reprend le poste existant. Elle gère la réception des courriers recommandés ou urgents qu’elle scanne, labellise et intègre sur le réseau interne dans des dossiers partagés. L’équipe qui l’accueille réfléchit à lui confier d’autres missions en vue de lui créer un poste sur mesure. « Nous avons identifié au sein du pôle d’accueil et des ressources humaines un ensemble de tâches qui étaient souvent laissées de côté comme le classement de documents, la création de tableaux, la gestion de clés. Elle en a testé une dizaine avec beaucoup d’enthousiasme », détaille Emilie Lemarchand.

Pauline s’adapte rapidement. Elle est définitivement embauchée en CDI en juin 2024. « Bien sûr, il faut prendre le temps de lui expliquer les choses et lui rappeler parfois certaines procédures mais elle est aujourd’hui autonome à 85 % », complète l’adjointe aux ressources humaines qui a assuré son tutorat durant les trois premiers mois et n’a pas jugé utile de solliciter la Prestation d’appui spécifique (PAS) de l’Agefiph proposée par Cap emploi. En revanche, un point trimestriel est réalisé avec le jobcoach de l’association Fratries qui suit Pauline au plan personnel.

La seule véritable adaptation réalisée concerne son temps de travail. Compte tenu de sa fatigabilité, la jeune femme dispose d’un contrat de 10 heures correspondant à 4 matinées par semaine.

TÉMOIGNAGE

Emilie Lemarchand, adjointe RH

« Le principal point de vigilance est de respecter le rythme de travail de Pauline »

Pauline a été accueillie avec une grande bienveillance de la part de l’équipe du siège. Elle est très motivée, très impliquée et a le sens du contact et de la communication. Ses six années passées à travailler au restaurant Le Reflet l’ont sans doute aidée à développer ses qualités. L’appui du jobcoach a aussi été précieux pour faciliter son intégration. Aujourd’hui, le principal point de vigilance est de respecter son rythme de travail.