Témoignage Entreprise

Stic Blanchisserie recrute un jeune homme déficient intellectuel

Persuadée que l’intégration d’un travailleur handicapé n’est pas concevable dans une activité aussi contraignante que la blanchisserie, l’entreprise de Vincennes se laisse toutefois convaincre par l’Agefiph de recourir aux services de Cap emploi. Cinq mois plus tard, elle recrute David*, un jeune homme déficient intellectuel.


L’expérience

Article rédigé le 06/05/08

Une PME à « zéro »

Développée au début du siècle dernier autour d’un ancien lavoir, l’entreprise Stic Blanchisserie s’est industrialisée à la fin des années 60. Elle s’appuyait à l’époque sur un effectif de 10 salariés, qui s’élève aujourd’hui à 65 personnes. La société travaille essentiellement en sous-traitance avec environ 250 pressings de la région parisienne, sur des prestations de lavage à l’eau, mais elle traite également en direct avec les collectivités, l’hôtellerie et l’industrie. En 2007, Olivier Covin, son directeur général, est contacté par l’Agefiph Ile-de-France dans le cadre de sa campagne en direction des PME ne comptant aucun salarié handicapé. Afin d’anticiper l’augmentation de la contribution à l’horizon 2010, il lui est conseillé de se rapprocher de Cap emploi Ile-de-France pour étudier la possibilité d’un recrutement.

De la semaine d’essai au CDI

Olivier Covin prend contact avec un conseiller qui vient visiter l’entreprise et établit un descriptif précis de tous les postes de travail. L’ensemble des salariés travaille en production, l’administratif n’étant assuré que par deux personnes. Quelques semaines plus tard, Cap emploi présente un candidat. Âgé d’une vingtaine d’années, David est déficient intellectuel et présente un profil proche de celui rencontré dans le secteur protégé. Suivi par une mission locale, il n’a aucune expérience professionnelle et est inscrit comme demandeur d’emploi depuis 2 ans. À priori intéressé par le poste de manutentionnaire-plieur qui lui est proposé, le jeune homme est accueilli dans l’entreprise pendant une semaine dans le cadre d’un stage de découverte. L’essai étant concluant, il signe un CDD de quatre mois renouvelable et se voit confirmer en CDI en janvier 2008.

Un poste simple, une intégration sans difficulté

David est intégré à l’entreprise de la même manière qu’un salarié ordinaire. « Il est sur un poste autonome et relativement simple. Nous l’avons donc formé nous-même, comme nous le faisons systématiquement avec tout nouvel arrivant, et n’avons pas eu à prendre de disposition particulière », raconte Olivier Covin. Informée de son handicap, l’équipe l’accueille sans la moindre difficulté. Le conseiller Cap emploi s’assure régulièrement du bon déroulement de son intégration. « Nous gardons des contacts réguliers, mais à aucun moment, nous n’avons ressenti le besoin d’un accompagnement spécifique », note le dirigeant de l’entreprise. S’il reconnaît que David doit faire l’objet d’une attention particulière et peut présenter, parfois, des difficultés de concentration, aucun dispositif de tutorat ne s’est avéré nécessaire. Olivier Covin précise toutefois que le jeune homme est bien entouré par sa famille avec qui il est d’ailleurs entré en contact lors du recrutement.

Un mi-temps parfaitement adapté

Très inhibé dans les premiers temps, David est aujourd’hui tout à fait à l’aise au sein de l’équipe. Il travaille à temps partiel à raison de 20 h par semaine. « Nous n’avions pas de plein temps à proposer, souligne son employeur, mais je pense que la formule lui convient bien et qu’il aurait rencontré plus de difficultés sur une durée de travail plus longue » .
Depuis l’arrivée du jeune homme, une salariée, atteinte d’une maladie invalidante, a obtenu le statut de travailleur handicapé. L’entreprise envisage par ailleurs des procédures de maintien dans l’emploi concernant deux salariés, l’un s’apprêtant à reprendre le travail après un arrêt maladie de plus d’un an, l’autre présentant des troubles auditifs. Si ces deux dossiers aboutissent, Stic Blanchisserie satisfera totalement à l’obligation d’emploi et sera donc exonérée de toute contribution.
« L’argument financier n’est pas notre priorité. Notre souci premier est de préserver nos équipes et, le cas échéant, de recruter du personnel de qualité car notre métier est difficile, les candidats sont rares et nous avons de réelles difficultés à trouver de la main d’œuvre », conclut Olivier Covin.


* Le prénom a été changé pour préserver l’anonymat de la personne

Le témoignage

Covin Olivier, directeur général

« Nous partions du principe qu’il était impossible d’intégrer un travailleur handicapé »

« Avant que l’

Agefiph

n’attire notre attention sur la question de l’emploi des personnes handicapées, nous avions bien conscience de la somme dépensée chaque année dans le cadre de l’obligation d’emploi. Mais étant donné les contraintes physiques importantes de notre métier – port de charges, longues stations debout –, nous partions du principe qu’intégrer des salariés handicapés dans notre équipe était tout simplement impossible. L’

Agefiph

 a su nous convaincre du contraire et Cap emploi nous a présenté un candidat auquel il faut certes accorder un peu d’attention, mais qui assume parfaitement son travail. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Stic blanchisserie
  • Activité : Blanchissserie industrielle
  • Région : Ile-de-France
  • Effectif entreprise : 65
  • Effectif TH de l'entreprise : 2
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Covin Olivier (directeur général) :
    olivier.covin@stic-sas.com
  • Mise à jour : 25/03/2008

La fiche technique

  • Durée de mise en œuvre : 5 mois
  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : déficience intellectuelle
  • Aménagements :
    • techniques : non
    • organisationnels : non
    • de formation : non
  • Financement : Stic, Agefiph
  • Partenaire : Cap emploi
Publié le 27 septembre 2010