Sotralentz ouvre les métiers de l’industrie lourde aux travailleurs handicapés
L’expérience
Fiche rédigée le 12/11/09
Explorer de nouvelles sources de recrutement
Implantée à Drulingen (Bas-Rhin) à 60 km de Strasbourg, la société Sotralentz développe trois activités industrielles très spécifiques : la chaudronnerie lourde (fabrication de pièces de gros volume destinées à l’industrie), la plasturgie (fabrication de cuves d’assainissement, citerne, conteneurs) et la fabrication d’armatures et de treillis soudés, utilisés dans la construction. Pour chacune de ces activités de production, la maison-mère, une PME de 50 salariés qui abrite la direction générale et les services administratifs, a créé différentes filiales en France et à l’étranger, les deux principaux sites français étant installés à Drulingen (500 salariés) et à Saralbe en Moselle (200 salariés). Du fait de sa situation dans une région rurale et de la spécificité de ses différents métiers, l’entreprise est très avancée dans la réflexion sur les problèmes de recrutement et de management de la diversité, notamment sous l’angle des origines (elle emploie de nombreux travailleurs d’origine turque) et de l’égalité homme/femme (son personnel étant majoritairement masculin). Depuis une dizaine d’années, elle recourt fréquemment à la méthode de recrutement par simulation (MRS), proposées hier par l’ANPE et aujourd’hui par les plateformes de vocation de Pôle emploi. « Notre expérience de la diversité nous a conduits à envisager la question du handicap. Ayant de fait très peu de salariés handicapés dans nos équipes, nous avons décidé d’organiser une session de recrutement via la MRS uniquement destinée à ce public », explique Éric Daliguet, de l’entreprise.
Des formations qualifiantes de soudeurs et de chaudronniers
Pour mener à bien cette action, Sotralentz monte un premier projet en partenariat avec Messier Bugatti, autre employeur de la région. Il porte sur le recrutement de 7 personnes sur des postes d’usinage. Parallèlement, l’entreprise propose pas moins de 20 postes de soudeurs et de chaudronniers. Le principe consiste à faire passer des tests aux candidats en faisant abstraction de leur parcours et de leur formation. À l’issue de ces tests, les personnes retenues après entretien se voient proposer un contrat de professionnalisation d’un an en vue d’être embauchés en CDI sous condition d’obtention du certificat de qualification paritaire (CQP), reconnu par la branche professionnelle. « Concrètement, détaille Éric Daliguet, les personnes entrent d’abord en préqualification pour 2 mois, puis entament la formation qualifiante sur douze mois en alternance. L’intérêt est qu’elles ressortent de ce cursus avec un vrai métier. Elles seront embauchées chez nous, mais pourront par la suite postuler, si elle le souhaitent, dans n’importe quelle autre entreprise de notre branche professionnelle. Il faut toutefois compter deux ans de pratique après la formation pour devenir un bon professionnel. »
Un projet multipartenarial
Maîtrisant parfaitement l’ingénierie de la MRS, Sotralentz n’a eu aucune difficulté à monter le projet avec les différents partenaires impliqués. Pôle emploi, Cap emploi et une société d’intérim spécialisée dans le handicap gèrent la présélection des candidats qui ont été préalablement conviés à une réunion d’information collective sur l’entreprise et ses métiers. La plateforme de vocation Pôle emploi fait passer les tests. La formation est quant à elle assurée par le centre de formation de Sotralentz, en lien avec le Greta Nord-Alsace et un lycée professionnel de Sarre-Union. Les coûts pédagogiques sont assurés par la région Alsace et par l’Agefiph, la rémunération des stagiaires étant prise en charge par le Cnasea. Durant leur période de formation, les stagiaires sont embauchés par un groupement d’employeurs (le GEIQ Indus Alsace) et sont suivis individuellement par un tuteur. C’est seulement en fin de parcours qu’ils seront intégrés chez Sotralentz.
Trop peu de candidats à l’arrivée…
Lancées en 2008, les formations sont aujourd’hui sur le point de se terminer. Début 2010, les 7 stagiaires formés aux postes d’usineurs intégreront respectivement Sotralentz et Messier-Bugatti. Pour la soudure et la chaudronnerie, en revanche, Éric Daliguet ne cache pas sa déception. « Nous avions été très ambitieux en proposant 20 contrats de professionnalisation. Mais au final, nous n’avons eu que 6 candidats, dont deux ont fait défection. » Les raisons de ce manque d’engouement ? Des métiers difficiles et exigeants, qui peuvent décourager des personnes longtemps éloignées de l’emploi, mais aussi des métiers qui font peur. « Il y a une grosse part d’autocensure de la part des demandeurs d’emploi handicapés qui craignent de ne pas être capables ou appréhendent le regard des autres. » Les neufs stagiaires encore en lice sont pourtant en passe de démontrer qu’un traumatisme crânien, un handicap moteur ou une déficience intellectuelle ne sont pas pour autant des freins à un parcours professionnel dans l’industrie.
Le témoignage
Daliguet Éric,
DRH
de Sotralentz
« Les personnes handicapées ne doivent pas céder à la tentation de l’autodiscrimination »
« La clé de la diversité, c’est la compétence. Rejeter telle ou telle catégorie de personne, c’est se couper de talents dont l’entreprise a grand besoin. Dans nos métiers très masculins, nous venons par exemple de recruter une jeune femme ingénieure d’origine maghrébine. Pour certains, c’est un critère de discrimination. Pour nous, le fait d’avoir une collaboratrice maîtrisant l’arabe parlé et écrit est un atout à un moment où nous souhaitons investir le marché maghrébin. Notre approche du handicap est la même. Il ne s’agit pas d’une action sociale ou humanitaire, mais bien d’une démarche d’entreprise, fondée sur la compétence. Si toutes les personnes handicapées ne sont évidemment pas aptes à travailler sur des postes de chaudronnier ou de soudeur, beaucoup ont des choses à nous apporter. Il faut le leur dire et les inciter à ne pas céder à la tentation de l’autodiscrimination. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Entreprise : Sotralentz SAS
- Activité : Chaudronnerie, plasturgie, treillis soudés
- Région : Lorraine-Alsace
- Effectif entreprise : 950
- Effectif TH de l'entreprise : 41
- Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 4,6
- Accord d’entreprise : NON
- Convention Agefiph : NON
- Contact : Daliguet Éric (DRH) :
- Mise à jour : 15/01/2010
La fiche technique
- Type de handicap : tous types
- Aménagements :
- techniques : oui
- organisationnels : oui
- de formation : oui
- Financement : Agefiph, Région Alsace, Cnasea
- Partenaires : Cap emploi, Pôle emploi