SoHome Concept déploie une philosophie et un management résolument inclusifs

Une réflexion sur le travail et l’entreprise
Après 27 ans passés dans l’industrie automobile où il occupait un poste à responsabilité, Serge Soares Pereira met un terme à sa carrière suite à un burn-out. Il reste éloigné de l’emploi pendant deux années qu’il met à profit pour réfléchir à un nouveau départ. « Mais changer de métier et surtout retrouver un emploi à la cinquantaine passée est un véritable défi, confie-t-il. J’ai pris du recul, je me suis interrogé sur le sens du travail et sur la place qu’il occupe dans une vie. J’ai appris à voir les choses différemment. »
L’idée de créer son propre emploi alliant une activité commerciale et « un peu de technique » fait progressivement son chemin. Pendant la pandémie de Covid, il est frappé par la situation des résidents d’Ehpad, enfermés dans leur établissement, et oriente son projet vers le maintien à domicile des personnes âgées. En février 2021, il crée sa société à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) : So’Home Concept se propose de coordonner des travaux d’aménagement afin de permettre à des personnes âgées ou en situation de handicap de continuer à vivre à leur domicile. Reconnu travailleur handicapé, il reçoit l’appui de l’Agefiph pour lancer son entreprise
Mais développer une activité pour venir en aide aux autres n’est pas suffisant. Serge Soarès Pereira, qui a eu un parcours de vie difficile dans sa jeunesse, veut aussi aider à l’insertion professionnelle de personnes désireuses de s’en sortir. « Quand est venu le moment de recruter, plutôt que d’aller chercher des gens chez les concurrents, j’ai fait le choix de me tourner vers des publics éloignés de l’emploi : personnes en insertion, personnes issues du milieu carcéral, personnes en situation de handicap… »
Des savoir-être plutôt que des savoir-faire
Pour le fondateur de So’Home Concept, « on n’est pas ce qu’on est, mais ce qu’on veut être ». Son principal critère de recrutement repose sur l’envie et les savoir-être des candidats. « Les savoir-faire, cela s’acquiert ! »
C’est dans cet état d’esprit qu’il constitue son équipe qui compte aujourd’hui 9 personnes, parmi lesquels trois – dont lui-même – sont reconnues travailleurs handicapés. Sur les chantiers, ces salariés interviennent en appui des entreprises partenaires sur de petits travaux ou des finitions.
Embauché comme menuisier – métier qu’il pratiquait déjà avant d’arriver dans l’entreprise –, Bilal, 28 ans, est sourd et muet. Il ne sait ni lire ni écrire. Mais pour son employeur, c’est un collaborateur précieux, engagé, qui apprend très vite et tire l’équipe vers le haut. « Il a fallu apprendre à communiquer et travailler ensemble. J’ai pris le temps de sensibiliser l’équipe. Depuis, chacun fait l’effort de s’adapter à l’autre avec une bienveillance mutuelle. » Rapidement, les collègues, avec qui le jeune homme travaille systématiquement en binôme, ont trouvé des stratégies pour communiquer avec lui au moyen de supports visuels ou via les téléphones portables. Sur les chantiers, des automatismes se sont installés pour que chacun veille à la sécurité de l’autre.
De retour d’une longue maladie, Patricia occupe quant à elle le poste d’assistante administrative. « Elle est, elle aussi, très engagée sur un poste qui la motive. Son principal besoin concerne la fatigabilité, explique Serge Soarès Pereira. La solution est simplement de lui permettre de gérer ses horaires et ses tâches comme elle le souhaite. » Ce principe est d’ailleurs valable pour toute l’équipe : chacun gère son travail et ses missions à la semaine.
Bienveillance et responsabilisation
« J’ai choisi un mode d’organisation très horizontal, poursuit le fondateur de So’Home Concept. Il n’y a pas de hiérarchie à proprement parler. On a tous besoin des autres pour travailler : mon boulot est d’aller chercher des contrats et de bien gérer l’entreprise. De leur côté, les salariés ne sont pas de simples exécutants. Chacun est encouragé à occuper pleinement sa place, à réfléchir par lui-même, à prendre des initiatives et à s’organiser en toute autonomie en fonction des objectifs qui lui ont été fixés. Cela suppose beaucoup d’écoute, de proximité mais c’est très valorisant, surtout pour des personnes qui ont souvent été marginalisées. Et ça fonctionne très bien, y compris avec les clients. »
Au-delà du handicap, l’entreprise s’efforce de s’adapter aux situations particulières de ses collaborateurs. Elle veille par exemple à affecter l’un des salariés dont l’enfant est malade sur des chantiers pas trop éloignés de son domicile. « Cela demande un effort d’organisation, c’est vrai, mais le bien-être des salariés est essentiel. D’ailleurs, ils le rendent bien », constate Serge Soarès Pereira pour qui l’entreprise ne doit pas raisonner uniquement en termes de performance.
En 2024, So’Home Concept a été doublement primée dans le cadre des trophées de l’H.inclusion (catégories « Créateur d'Entreprise » et « Recrutement et Intégration ») qui récompensent les entreprises de Saône-et-Loire pour leurs actions en faveur de l’inclusion des personnes en situation de handicap.
TÉMOIGNAGE
Serge Soarès-Pereira, gérant
« Ma philosophie : croire aux autres et miser sur le potentiel de chacun »
Pour moi, le handicap n’est pas une faiblesse, c’est une force pour l’entreprise. Cela demande du temps au départ mais il y a un vrai retour sur investissement en termes de fidélisation, et d’engagement. Cette conviction s’inscrit dans ma philosophie personnelle qui consiste à croire aux autres et à miser sur le potentiel de chacun. Bien sûr, il y a des échecs mais ils sont pleinement compensés par les réussites