Témoignage Entreprise

Sodisac organise le reclassement d’une opératrice de production au poste d’assistante administrative

Souffrant d’une tendinite à l’épaule, Élia, 46 ans, doit se résoudre à abandonner son métier de « plieuse main » chez Sodisac, fabricant de sacs et enveloppes. Son employeur lui propose de se former au poste d’assistante administrative.


L’expérience

Article rédigé le 21/09/09

Inapte au poste après 28 ans de production

Pendant 28 ans, Élia a travaillé comme « plieuse main », chez Sodisac, le « couturier de l’enveloppe », spécialisé dans la fabrication de sacs en papiers, pochettes et enveloppes, standards ou sur-mesure. Implantée depuis un demi-siècle à Thoré-la-Rochette (Loir-et-Cher), la PME, filiale du groupe espagnol Tompla, emploie une quarantaine de salariés dans son atelier de production. « L’essentiel du travail est réalisé sur machines, explique Jacques Bignon, directeur général de l’entreprise, mais sur certaines commandes spéciales, le façonnage doit être réalisé à la main, ce qui est une tâche assez physique. » C’est précisément ce poste qu’occupe Élia à l’époque où apparaissent ses premiers problèmes de santé. Une tendinite à l’épaule la contraint à plusieurs arrêts de travail. Le médecin du travail la prévient : il va probablement falloir envisager un reclassement. « Il m’a fallu un an pour accepter l’idée de changer de métier, confie la salariée.  J’étais bien décidée à passer outre. Lorsque je rentrais à l’atelier, je m’y remettais de plus belle, mais j’ai fini par comprendre que je jouais avec ma santé et que je risquais d’aggraver les choses. » Élia est finalement reconnue en maladie professionnelle et se voit remettre un avis d’inaptitude définitif. Elle se résout à faire reconnaître son handicap. Face au verdict, Jacques Bignon s’interroge : quelle solution trouver dans une PME où la majorité des salariés est en production, avec à chaque poste, un minimum de contraintes physiques ?

Un reclassement à la faveur d’un futur départ à la retraite

« Selon le médecin du travail, il fallait s’orienter vers un reclassement sur un poste administratif, raconte le directeur général de la société. J’ai fait le tour des entreprises du groupe, mais personne n’avait de poste disponible. C’est alors que j’ai réalisé qu’une salariée du service administratif devrait partir à la retraite en juillet 2010. Je l’ai consultée et elle m’en a donné confirmation. Élia ayant eu dans le passé un CAP de compta, je me suis dit que moyennant un complément de formation, elle pourrait peut-être prendre la suite. » Alors qu’elle s’attend à un licenciement pour inaptitude, la salariée se voit soumettre l’idée et y adhère immédiatement. « Je n’étais pas totalement convaincue au départ car mes quelques connaissances sont dépassées depuis longtemps, mais je me suis dit que c’était une chance à saisir », reconnaît-elle.

Contact est pris avec le Greta : après une première évaluation, Élia est envoyée en formation avec période d’application en entreprise. L’objectif : la préparer à l’administration des commandes, à la réception et à la vérification des factures, et à la surveillance du stock de matières premières.

L’entreprise reçoit l’appui de la médecine du travail, du Greta et du Sameth

Pour mener à bien le projet, Jacques Bignon s’appuie sur la médecine du travail, le Greta et le Sameth du Loir-et-Cher qui coordonne l’opération et monte le dossier en vue d’une demande d’aide à l’Agefiph. Dans un premier temps, l’entreprise perçoit l’aide forfaitaire au titre du maintien dans l’emploi. « Il faut souligner la parfaite coordination entre les différents intervenants et la bonne compréhension de la situation dans laquelle nous étions : il n’est pas aisé pour une PME de garder une salariée à un poste non-défini en attendant le départ à la retraite d’une collègue, souligne le dirigeant de l’entreprise. Sur le plan opérationnel, je n’ai eu personnellement à participer qu’à deux réunions. » Quant à la formation, elle été prise en charge par l’OPCA de l’entreprise.

Pour l’avenir, aucun aménagement spécifique du poste de travail n’est envisagé, mais l’acquisition d’un siège ergonomique a toutefois été évoquée avec le Sameth.

Élia en phase de transition dans l’attente de sa prise de poste

Pour l’heure, Élia a achevé sa formation : remise à niveau en comptabilité, apprentissage de l’utilisation d’un tableur, d’un traitement de texte,  initiation à l’anglais. Un complément, plus pratique et plus adapté à l’univers des PME, devrait intervenir dans les prochains mois. Dans l’attente du départ de la titulaire de son futur poste, elle intervient en soutien sur différentes tâches administratives courantes, souvent laissées de côté du fait du rythme de travail : classement des devis, création et mise à jour de tableaux de suivi de production, calcul de rendement etc. « Il est même probable que, le moment venu, nous redéfinissions partiellement le poste qu’elle occupera car l’aide quelle apporte aujourd’hui est très précieuse pour ses collègues », précise son employeur. La dernière étape de son reclassement consistera en une période de doublon avec l’actuelle titulaire du poste. « De cette manière, la transition s’effectuera dans les meilleures conditions », conclut Jacques Bignon. Pour sa part, Élia est très enthousiaste : « Cela m’a demandé beaucoup de travail personnel, mais c’est un beau défi d’apprendre de nouvelles choses. Je réalise qu’on m’a donné une chance exceptionnelle et que j’ai eu raison de la saisir. Cela me permettra, à terme, de rester dans l’entreprise dans laquelle j’ai toujours travaillé et où je connais tout le monde. »

Le témoignage

Bignon Jacques, Directeur général

« Il aurait été difficilement envisageable de licencier Élia »

« Je suis de ceux qui croient dans le rôle social de l’entreprise. Dans une

PME

 comme la nôtre, nous avons une responsabilité vis-à-vis de nos salariés. En 28 ans, Élia a beaucoup donné à Sodisac. À ce titre et compte tenu de son faible niveau de qualification, il aurait été difficilement envisageable de la licencier à 46 ans. Au terme du reclassement, l’entreprise s’y retrouvera elle aussi. Je note que le cas d’Élia a encouragé une autre salariée à me faire part de ses difficultés. Jusqu’ici, elle avait peur de se déclarer. Je lui ai expliqué qu’il valait mieux pour l’entreprise aménager un poste pour une salariée en restriction d’aptitudes – ce vers quoi nous nous dirigeons – plutôt que d’enregistrer des absences à répétition. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Groupe : Tompla
  • Entreprise : Sodisac SAS
  • Activité : Fabrication d'enveloppes et de sacs
  • Région : Centre
  • Effectif entreprise : 42
  • Effectif TH de l'entreprise : 1
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Bignon Jacques (directeur général) :
    jacques-bignon@sodisac.fr
  • Mise à jour : 02/10/2009

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : moteur
  • Aménagements :
    • techniques : non
    • organisationnels : non
    • de formation : oui
  • Financement : Sodisac, Agefiph, OPCA
  • Partenaires : médecine du travail, Sameth, Greta Vendôme
Publié le 24 septembre 2010