Six salariées de Baccarat maintenues à leur poste sur une chaîne de production
L’expérience
Fiche rédigée le 23/04/07
Une première solution de reclassement insuffisante
En affectant six de ses salariées souffrant de troubles musculo-squelettiques (TMS) dans son atelier bijoux, réputé moins éprouvant que les autres, la direction de la Manufacture de Baccarat pensait avoir trouvé une solution adaptée à leur pathologie. Pourtant, en 2001, au cours d’un diagnostic proposé par l’association Perspectives et compétences (Medef Lorraine), il ressort que ces nouvelles conditions de travail présentent encore des contraintes trop lourdes pour les opératrices. La direction de la Manufacture charge son chef du service Méthodes, Marwan Semaan, de trouver une solution viable.
Quinze jours d’observation par un ergonome
Une première évaluation, menée conjointement avec les salariées concernées et le médecin du travail, fait apparaître l’ampleur des aménagements à prévoir : trop de déplacements, de gestes fatigants, de charges à soulever. Sollicitée par l’entreprise, une ergonome observe pendant quinze jours le travail des opératrices afin d’identifier point par point les difficultés qu’elles rencontrent. Objectif de l’opération : manutention zéro ! L’organisation de chaque poste est optimisée. Du siège réglable à la poubelle individuelle, aucun détail n’est négligé. Différents dispositifs sont installés pour éviter les gestes inutiles : convoyeurs mécaniques, dessertes roulantes, système de réglages en hauteur à commandes électriques, bac de récupération surélevés… Pendant une semaine, chaque opératrice le teste un prototype de poste de travail, des améliorations étant apportées à chaque essai. Au final, un nouvel espace de travail est conçu et la ligne bijoux, initialement installée dans le corps central de l’usine, est transférée dans un local distinct pour limiter les flux de matières.
L’Agefiph s’associe au projet de bout en bout
Dès le lancement du projet, le directeur des ressources humaines et des relations sociales de la Manufacture, Bernard Heugues, se tourne vers l’Agefiph. Une chargée de mission, Solange Füllenwarth, suit l’opération de bout en bout et monte un dossier de demande d’aide au titre du maintien dans l’emploi. Au final, l’Agefiph prendra en charge une partie du financement des équipements nécessaires à l’amélioration des postes de travail. L’entreprise, pour sa part, finance dans sa totalité l’adaptation du nouveau local destiné à accueillir la ligne bijoux. L’amélioration des conditions de travail est l’une des priorités de sa politique RH, et, selon Bernard Heugues, le diagnostic initial et l’étude ergonomique ont été totalement convaincants.
Des solutions adaptables à d’autres ateliers
Pendant plusieurs mois après la mise en service de la nouvelle ligne bijoux, des réunions d’évaluation bimestrielles ont été organisées par le service Méthodes avec le responsable de l’atelier, une ou deux opératrices et, selon les besoins, le médecin de la Manufacture. Elles ont permis de procéder à une trentaine d’ajustements : l’achat des poubelles individuelles, la surélévation des bacs de récupération, l’ajout d’un convoyeur d’accès à la filmeuse pour supprimer une dernière opération de manutention... Ces petites solutions, peu onéreuses, ont été transposées à d’autres endroits de l’usine. Une occasion supplémentaire de faire avancer la réflexion sur la prévention des TMS parmi les salariés de la Manufacture.
Le témoignage
Semaan Marwan, chef du service Méthode de la Manufacture de Baccarat
« Les salariées concernées ont conçu elles-même leur poste de travail de A à Z »
« L’une des clés de la réussite de ce projet a été la participation active des salariées concernées au réaménagement de leur poste de travail. Finalement, ce nouvel atelier de montage et de conditionnement, ce sont elles qui l’ont conçu de A à Z. Dès le départ, elles ont longuement échangé avec le médecin du travail, puis avec l’ergonome. Elles ont testé le prototype de poste de travail, suggéré des modifications qui ont encore été améliorées au fur et à mesures des réunions d’évaluation. Dans ce type de projet, ce sont les personnes directement concernées qui ont la meilleure connaissance des problèmes rencontrés et des solutions à apporter. Le fait de les associer à la conception permet par ailleurs de les rassurer sur leurs nouvelles conditions de travail et facilite l’appropriation du poste. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Entreprise : Baccarat
- Activité : Industrie manufacturière
- Région : Lorraine-Alsace
- Effectif entreprise : 700 personnes
- Effectif TH de l'entreprise : 30.7
- Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 10,54
- Accord d’entreprise : NON
- Convention Agefiph : OUI
- Contact : Bernard Heugues (DRH) :
bernard.heugues@baccarat.fr - Mise à jour : 19/06/2007
La fiche technique
- Durée de mise œuvre :
- Nombre de salariés concernés : 6
- Type de déficience : moteur (TMS)
- Aménagements :
- techniques : oui
- organisationnel : oui
- formation : non
- Financements : Manufacture de Baccarat, Agefiph
- Partenaires : association Perspectives et compétences (Medef), Agefiph, cabinet d'ergonomie, médecine du travail