Témoignage Entreprise

Saveurs et Traditions forme et embauche un jeune boulanger porteur de trouble dys

Thomas voulait être pâtissier. Lors d’un stage découverte chez Nicolas Boquet, le boulanger l’a convaincu de préparer un CAP boulangerie. Il l’a embauché en apprentissage et n’a pas hésité à modifier son organisation de travail pour l’accompagner au mieux.

Une rencontre autour d’un stage de découverte de 3e

En 2018, Nicolas et Laëtitia Boquet accueillent, le temps d’un stage de découverte, un jeune lycéen dans leur boulangerie de Goderville (Seine-Maritime). Thomas, élève en classe de 3e, est intéressé par le métier de pâtissier. Pendant une semaine, l’adolescent partage le quotidien du boulanger dans son fournil. Nicolas Boquet, très attaché à la transmission de son métier, prend à cœur son rôle de maître de stage. Mais il détecte très vite certaines difficultés chez Thomas : ses gestes ne sont pas toujours très assurés et il lui arrive parfois d’oublier les consignes qu’on lui donne. A la fin de l’année scolaire, le jeune homme revient à la boulangerie postuler pour un job d’été. Son choix est fait : il veut devenir pâtissier.

Le couple Boquet accepte de l’accueillir à nouveau. Très vite, les soupçons du boulanger se confirment : le jeune homme présente des troubles dys qui affectent sa capacité de compréhension, de mémorisation et de coordination. Au vu de sa motivation et de sa persévérance malgré les difficultés, Nicolas Boquet décide de l’accompagner autant que possible dans sa formation professionnelle.

Maintien dans l’emploi et prévention primaire

Alors que la rentrée scolaire approche, Nicolas Boquet parvient à convaincre Thomas de commencer par un CAP boulangerie, plus accessible et moins technique que la pâtisserie. Il le prend comme apprenti dans son établissement et l’accompagne pendant ses deux années de formation. Durant cette période, l’entreprise, qui a pris contact avec Cap emploi, perçoit un aide à l’apprentissage. Malgré ses difficultés, le jeune homme décroche son diplôme et embraye sur une mention complémentaire,

toujours soutenu par Nicolas Boquet. « A un moment donné, il a souhaité aller s’essayer ailleurs mais ça n’a pas marché, alors il est revenu chez nous », raconte le boulanger.

Dans l’intervalle, le couple Boquet a développé son activité et fait l’acquisition d’une deuxième boulangerie au Havre. Il y a donc un vrai besoin au fournil et un poste pour Thomas. Cette fois-ci, le boulanger souhaite se faire accompagner. L’Interentreprises de Santé au Travail de Fécamp (ISTF) lui propose de réaliser une étude de poste en vue d’organiser et de simplifier le travail de Thomas. Cette étude s’inscrit dans une double démarche de maintien dans l’emploi à destination du jeune homme et de prévention primaire en direction des autres salariés de l’entreprise. À ce titre, elle est soutenue simultanément par l’Agefiph et la Carsat. Elle conduit notamment à l’acquisition d’un laminoir automatique à découpe pour la fabrication des viennoiseries, une machine qui facilite le travail de toute l’équipe.

Un besoin d’encadrement au quotidien

La semi-automatisation de certaines tâches et une organisation du travail très cadrée permettent à Thomas de s’épanouir dans son travail. Boulangerie, viennoiserie, snacking : il touche aujourd’hui à toutes les tâches. À titre plus personnel, il a gagné en assurance et en autonomie. Encouragé par son employeur et avec l’appui de la mission locale, il s’est trouvé un appartement et s’est inscrit au permis de conduire. « Il n’y croyait pas mais a réussi son code au deuxième coup, comme quoi, c’est possible ! », s’enthousiasme Nicolas Boquet, très fier de ces réussites.

A l’usage, l’aménagement du poste de Thomas montre toutefois ses limites. Au quotidien, le jeune homme a toujours besoin d’être accompagné : pour paramétrer la machine, lui rappeler certaines consignes, gérer les imprévus. « Je suis avec lui à 95 % du temps », estime le boulanger pour qui l’enjeu est désormais de se libérer du temps afin de pouvoir se consacrer à ses deux établissements. Il envisage de faire une demande de reconnaissance de la lourdeur du handicap (RLH) auprès de l’Agefiph. Cette aide financière devrait permettre de compenser les surcoûts liés à l’accompagnement de Thomas et d’envisager, par exemple, de le faire travailler en binôme avec un autre salarié..

TÉMOIGNAGE

Nicolas Boquet, boulanger, gérant de Saveurs et Traditions « Je considère que tout le monde a droit à sa chance »

« J’ai une certaine philosophie de mon métier et j’ai toujours travaillé avec des jeunes. Je considère que tout le monde a droit à sa chance. Thomas est vraiment motivé, il a pratiquement l’âge de nos enfants. Avec mon épouse, nous avons décidé de l’accompagner et nous ne le regrettons pas, même si ce n’est pas simple tous les jours. »

FICHE D’IDENTITÉ

Entreprise : Saveurs et Traditions

Activité : Commerce

Région : Normandie

Effectif : à préciser

Effectif TH : à préciser

Contact : Nicolas Boquet, gérant – boquetnicolas@sfr.fr

Mise à jour : 11/01/2023

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 1

Type de handicap :

Aménagements - techniques : oui

- organisationnel : oui

- formation : oui

Financements : Agefiph, Carsat

Partenaires : Interentreprises de Santé au Travail de Fécamp (ISTF), Cap emploi, ARACT

Thématique
Publié le 17 février 2023