RLD Centre Est fait passer son taux d’emploi de 0 à 6 % en un an
L’expérience
Fiche rédigée le 15/10/07
Un objectif ambitieux
En juin 2005, Florian Mathé est appelé au poste de responsable régional ressources humaines au sein de la société RLD Centre-Est, implantée à Longvic, près de Dijon, et spécialisée dans l’entretien et la location de vêtements de travail, de linge et d'articles d'hygiène destinés à l’industrie, l’hôtellerie-restauration et le secteur hospitalier. Au cours de l’audit social qu’il réalise lors de sa prise de fonction, il constate que l’entreprise ne compte aucun travailleur handicapé parmi ses 130 salariés. Sensibilisé à la question de l’emploi des personnes handicapées – dans le cadre de son DESS en GRH à l’université de Bourgogne, il a rencontré des structures telles que l’Agefiph, Cap emploi, a participé à l’organisation de la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées et rédigé un mémoire sur la responsabilité sociale de l’entreprise –, il se fixe pour objectif d’intégrer des travailleurs handicapés dans ses équipes et de parvenir en un an au taux d’emploi de 6 %. Pour réaliser ce projet ambitieux, il entend s’appuyer sur les recrutements saisonniers occasionnés par les pics d’activité enregistrés chaque année par l’entreprise entre avril à octobre.
12 candidats handicapés pour 20 CDD proposés
Dans un premier temps, le comité de direction ne cache pas son scepticisme. Certes, il souhaite ouvrir l’entreprise aux travailleurs handicapés, mais il s’interroge sur les possibilités d’intégration. L’entreprise est-elle prête à accueillir ces salariés ? L’activité et les rythmes de travail sont-ils réellement accessibles aux personnes présentant un handicap ? Florian Mathé argumente, démontre l’intérêt et la faisabilité du projet tout en soulignant les aspects économiques : chaque année, RLD Centre-Est s’acquitte d’une forte contribution à l’Agefiph, que la loi Handicap, tout juste adoptée, va encore renforcer. Des initiatives doivent donc être prises. La direction générale se laisse finalement convaincre.
Pariant sur une contribution zéro pour l’année 2006, Florian Mathé recrute tout d’abord une assistante RH qui lui permet de se consacrer pleinement aux dossiers prioritaires, et en particulier à la question du handicap. Dès lors, il active ses réseaux dans le secteur de l’insertion et communique les descriptifs de la vingtaine de postes à pourvoir. Au final, avec l’aide de ses partenaires, il retient douze candidatures de travailleurs handicapés. Sur le papier, l’opération est un succès, mais très vite, des difficultés apparaissent : certains des candidats, éloignés de l’emploi depuis longtemps, abandonnent durant la période d’essai, faute de pouvoir s’adapter au rythme de travail très soutenu.
Un temps d’adaptation grâce à l’évaluation en milieu de travail
Ces défections semblent confirmer les craintes initiales de l’entreprise, mais le responsable régional ressources humaines, une nouvelle fois, ne manque pas d’arguments : « Sur le plan strictement économique, le pari était tenu car, sur l’année 2006, nous avons finalisé 5 embauches de travailleurs handicapés, dont trois ont d’ailleurs été intégrés par la suite en CDI» . Par le jeu des minorations accordées par l’Agefiph, le taux d’emploi atteint donc les 6 % et RLD Centre-Est se trouve exonérée de toute contribution. « En revanche, sur le plan des ressources humaines, c’était un échec et il fallait revoir la méthode », poursuit Florian Mathé. Soutenu par son DRH, il engage la réflexion avec les partenaires que sont Cap emploi, le pôle travailleurs handicapés de l’ANPE et d’autres structures d’insertion. De leurs analyses, il ressort qu’une intégration trop rapide de salariés en difficulté, en pleine période d’activité, ne laisse pas à ces derniers suffisamment de temps pour prendre leurs marques. Pour leur offrir cet indispensable temps d’adaptation, l’entreprise décide donc de passer par une phase de prérecrutement et d’utiliser le dispositif d’Évaluation en milieu de travail (EMT) proposé par l’ANPE. En prévision de la saison 2007, de nouveaux candidats sont ainsi accueillis et mis en situation pendant huit semaines durant la période d’activité basse. Ils peuvent ainsi découvrir le métier et reprendre progressivement un rythme de travail, afin d’être pleinement opérationnel le moment venu. Grâce à cette méthode, trois travailleurs handicapés supplémentaires ont rejoint l’entreprise en 2006.
Du recrutement à la politique d’emploi
Satisfait de ce nouveau mode de fonctionnement, Florian Mathé l’a définitivement adopté, mais il souhaite désormais poursuivre la démarche plus avant, afin de mettre en place une politique d’emploi structurée et viable sur le long terme, qui englobe à la fois le recrutement, l’intégration, mais aussi le maintien dans l’emploi et la prévention. L’entreprise travaille d’ailleurs actuellement avec la médecine du travail et le Sameth sur deux cas d’inaptitude.
« La direction est aujourd’hui totalement convaincue de l’intérêt d’une telle démarche. Pour nous inscrire dans la durée, nous envisageons aujourd’hui la signature d’une convention avec l’Agefiph, en vue d’ouvrir la voie à la construction d’un accord d’entreprise. » Pour Florian Mathé, cela passe aussi, à terme, par la désignation d’une personne ressource, chargée du recrutement, de l’accompagnement et du maintien dans l’emploi des personnes handicapées. Désormais responsable des ressources humaines sur la région centre-est, il souhaite étendre la réflexion aux six établissements concernés.
Le témoignage
Mathé Florian, responsable régional ressources humaines
« Il ne suffit pas d’affirmer que les travailleurs handicapés sont des salariés comme les autres »
« Lorsqu’on aborde un dossier tel que celui de l’emploi des personnes handicapées, on n’est pas à l’abri d’un excès de naïveté, même si l’on est sensibilisé à la question. En la matière, il ne faut pas céder à la précipitation. On ne peut par ailleurs se borner à affirmer que les travailleurs handicapés sont des salariés comme les autres. Les embaucher est une chose, les intégrer, les maintenir dans l’entreprise en est une autre. Cela demande de la réflexion, du temps, de l’énergie, et passe nécessairement par la mise en place d’une stratégie. La question de la contribution à l’
Agefiph
a évidemment son importance, mais elle ne peut en aucun cas constituer l’unique enjeu d’une telle démarche. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Groupe : Régie Linge Développement
- Entreprise : RLD
- Etablissement : Centre-Est
- Activité : Services aux entreprises
- Région : Bourgogne / Franche Comté
- Effectif entreprise : 2 000
- Effectif etablissement : 130
- Effectif TH de l'entreprise : nc
- Effectif TH de l'etablissement : 4
- Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
- Accord d’entreprise : NON
- Convention Agefiph : NON
- Contact : Mathé Florian (responsable régional ressources humaines) :
florian.mathe@rld.fr - Mise à jour : 19/11/2007
La fiche technique
- Nombre de salariés concernés : 8
- Type de handicap : tous types
- Aménagements :
- techniques : non
- organisationnels : non
- formation : non
- Financements : Agefiph
- Partenaires : Cap emploi, pôle insertion travailleurs handicapés de l'ANPE, structures d'insertion spécialisées, Medef, DDTEFP.