Quille instaure une vigilance continue pour anticiper et réussir le maintien en emploi
L'expérience
Fiche rédigée le 27/09/2012
Intervenir le plus en amont possible
Ces dernières années, la question de la santé au travail et de la prévention des risques d’inaptitude est devenue la principale priorité de la direction des ressources humaines de l’entreprise de BTP Quille, filiale de Bouygues Construction implantée dans tout le Grand Ouest et en Picardie. L’entreprise a signé successivement deux accords portant, l’un sur la pénibilité, l’autre sur l’emploi des seniors.
Pour compléter cette démarche, Quille s’est par ailleurs engagé avec l’Agefiph à travers une convention sur deux ans pour faciliter le suivi spécifique des salariés handicapés, notamment dans le cadre du maintien dans l’emploi.
« Historiquement, nous nous inscrivions plutôt dans une démarche curative, explique Marie-Ondine Masselin, chargée de mission handicap. L’expérience aidant, nous avons pris conscience de la nécessité d’intervenir le plus en amont possible auprès des salariés pour éviter l’aggravation de leur état de santé, la survenance du handicap ou, en cas d’inaptitude avérée, la recherche de solutions dans l’urgence. Car plus on intervient tôt, plus on se donne de possibilités pour gérer, par exemple, la fin de carrière d’un salarié senior ou le maintien dans l’emploi d’un travailleur handicapé. Dans notre dispositif RH, il y a donc une continuité, une cohérence entre la démarche globale de prévention et les actions spécifiques de maintien dans l’emploi.
Ergonomie et sensibilisation
Très en amont, l’entreprise a mis en place dans chaque région des « commissions pénibilité » réunissant le responsable prévention santé, un ergonome, un représentant du CHSCT et des chefs de chantier. « Ces commissions réfléchissent à l’ergonomie du matériel et à l’organisation du travail. On définit par exemple de nouveaux postes permettant à des compagnons présentant des restrictions de continuer à travailler sans risque sur les chantiers », précise Marie-Ondine Masselin.
L’entreprise a également déployé une large démarche de sensibilisation des salariés à travers la diffusion de « 10 règles d’or de l’ergonomie » ou encore l’instauration de séances d’échauffement systématiques au début de chaque journée de travail. « Il est essentiel que les compagnons prennent conscience de leur corps, de leur limites et réfléchissent sur leur manière de travailler. »
Pour bien faire passer ces messages, Quille a lancé en octobre 2012, un « Ergotour » . Cette « caravane » itinérante réunissant le service prévention, la mission handicap, un ergonome, mais aussi des fabricants de matériel, fait étape sur les chantiers et propose, durant une journée, différents ateliers et temps d’échange sur l’ergonomie des postes, l’utilisation du matériel, la survenance du handicap. « La prise de conscience par les salariés est indispensable, souligne Marie-Ondine Masselin. Pour ne citer qu’un exemple, nous avons décidé, ces dernières années, de réduire de moitié le poids des sacs de ciment. Mais cette mesure reste inopérante si les compagnons, pour aller plus vite, choisissent de les porter par deux ! »
Du temps pour explorer toutes les possibilités
« Nous avons également mobilisé nos médecins du travail, poursuit Marie-Ondine Masselin. Suite aux visites périodiques, ils nous signalent le plus en amont possible les risques d’inaptitude, ce qui nous permet d’engager le dialogue avec le salarié concerné et d’amorcer avec lui une réflexion sur un éventuel aménagement de poste ou une réorientation professionnelle. »
Lorsqu’une situation de handicap est signalée, une « cellule maintien » est constituée avec le référent handicap, le médecin du travail, le salarié, sa hiérarchie et un représentant du personnel. En cas de besoin, le Sameth est également mobilisé. Toutes les solutions sont étudiées. « Nous donnons bien sûr la priorité au maintien au poste en proposant, selon les cas, des aménagements techniques (chaussures sur-mesure, véhicule adapté…) ou une réorganisation du temps de travail. Des reclassements internes sur des postes moins contraignants sont aussi possibles. Selon son expérience, un coffreur peut devenir grutier, gestionnaire d’étude de prix ou s’orienter vers la sécurité, le contrôle qualité. »
Dans certains cas, enfin, la solution peut passer par un reclassement externe, par exemple comme formateur ou enseignant. Dans cette optique, l’entreprise a établi des liens étroits avec les rectorats et les centres de formation pour adultes. « Dans tous les cas, nous nous engageons à accompagner le salarié jusqu’au bout de son reclassement en lui proposant un bilan d’aptitude, un bilan fonctionnel, un bilan de compétence, une remise à niveau, et en mobilisant toutes nos actions de formation. »
La prévention et le maintien intimement liés
Depuis trois ans, Quille a ainsi géré 50 cas d’inaptitude et procédé à 30 reclassements. Dans le cadre de la convention avec l’Agefiph, 35 collaborateurs ont pu être maintenus en emploi avec l’intervention de l’Agefiph et du Sameth.
« La démarche globale que nous avons mise en place permet d’accompagner nos salariés tout au long de leur carrière en anticipant au maximum sur les risques, en prévenant la survenance du handicap et, si la situation se présente, en nous donnant le temps et les moyens d’apporter des solutions durables pour préserver l’emploi de la personne, conclut Marie-Ondine Masselin. Les logiques de prévention et de maintien dans l’emploi sont intimement liées. Il ne s’agit pas seulement d’agir en direction de nos collaborateurs handicapés, mais sur l’ensemble des équipes. Prendre le temps de les sensibiliser comme nous le faisons avec les séances d’échauffement ou lors l’Ergotour est un investissement pour l’entreprise. Cela impacte la production. Mais c’est une condition pour réussir la démarche. »
Le témoignage
Marie-Ondine Masselin, chargée de mission handicap
« Nos réflexions sur le handicap nous ont conduits à aborder la prévention avec beaucoup plus d’acuité »
« Au fil des années, notre démarche handicap a beaucoup évolué. À l’origine, elle s’inscrivait dans une logique de promotion de la diversité. Mais nous avons peu à peu pris conscience que le handicap n’est pas un sujet à part. Il recoupe naturellement bien d’autres préoccupations de l’entreprise comme la santé au travail ou la gestion des seniors.
Nous avons toujours eu une politique de prévention, mais nos réflexions sur le handicap nous ont conduits à aborder ce domaine avec beaucoup plus d’acuité et à aller plus loin dans nos actions. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Entreprise : Quille
- Groupe : Bouygues Construction
- Activité : construction
- Région : Grand-Ouest et Picardie
- Effectif magasin : 2 000
- Effectif TH : 79
- Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 20
- Convention Agefiph : 2012-2013
- Contact : Marie-Ondine Masselin (Chargée de mission handicap) – mo.masselin@quille-construction.fr
- Mise à jour : 27/09/2012
La fiche technique
- Nombre de salariés concernés : 35 sur 2012
- Type de handicap : déficience motrice
- Aménagements :
- techniques : oui
- organisationnels : oui
- de formation : oui
- Financement : Quille, Agefiph
- Partenaires : médecins de travail, ergonomes, Sameth