Témoignage Entreprise

Promotion et télétravail pour maintenir un mécanicien expert chez Air Austral

Un mécanicien avion, souffrant d’une maladie invalidante, se voit promu à un poste à responsabilités par Air Austral. Pour le maintenir dans l’emploi sans risquer d’aggraver sa situation, la compagnie lui propose de télé-travailler deux jours par semaine.

Des troubles difficiles à gérer

David, 42 ans, travaille depuis une vingtaine d’années chez Air Austral, une compagnie aérienne basée à La Réunion, où il a été embauché en tant que mécanicien avion. Il y a quelques années, il a commencé à souffrir de troubles sérieux que le corps médical peinait à expliquer :  hypersensibilité oculaire, pertes de l’équilibre, maux de tête… Il multiplie les absences et ses retours sont assortis de restrictions médicales changeantes, difficiles à gérer pour les équipes d’Air Austral.

Magali Maingard, en charge notamment de la santé et de la sécurité au travail de l’entreprise, se rapproche du médecin du travail. Ensemble, ils proposent au salarié de passer sur un poste moins exposé de responsable de la préparation des interventions sur les avions. « C’était une promotion puisqu’il passait chef d’atelier ». David continue néanmoins de travailler en horaires décalés.

Finalement, le diagnostic tombe : David souffre d’une tumeur au cerveau qui s’avérera bénigne mais non opérable. Durant la période d’investigations, le salarié a été de nouveau longuement arrêté. Lorsqu’il annonce son retour, l’entreprise décide de tout mettre en œuvre pour le garder dans ses effectifs. Ni Air Austral ni Boeing, l’autorité de construction et de maintenance de la flotte, ne souhaiteraient voir partir un référent technique de sa qualité.

Nouvelle organisation autour du télétravail

« Notre objectif était qu’il puisse continuer à travailler et à vivre le mieux possible avec son handicap », indique Magali Maingard. Cap Emploi rejoint le service Santé et Sécurité et le médecin du travail d’Air Austral autour de la table pour imaginer l’aménagement de poste le plus adapté.

Plus question désormais d’horaires décalés. David travaillera uniquement de jour. Une importante réflexion est engagée pour lui permettre de télétravailler deux jours consécutifs, chaque semaine, à son domicile situé à plus de 60 kilomètres du siège, afin de minimiser ses trajets et sa fatigue.  « C’était une première dans le service, explique Magali Maingard. Il a fallu identifier les tâches qui pouvaient être délocalisées, leur quantité et les moyens logiciels associés, sachant que la cybersécurité est un enjeu majeur pour nous. »

Pendant quelques mois, son poste à distance est l’objet de toutes les attentions. Ses travaux sont scrupuleusement vérifiés et l’entreprise veille au bon équilibre de sa charge de travail. David profite des trois jours de présence dans l’entreprise pour planifier les travaux, les réunions d’équipe et superviser la coordination des tâches.

Un bilan très positif

 « Aujourd’hui, tout est parfaitement en place », se félicite Magali Maingard, en précisant toutefois que la nouvelle organisation a soulevé quelques incompréhensions au départ. Certains ont imaginé que David serait payé à ne rien faire chez lui. Nous avons apporté les explications nécessaires et avec les temps, ces personnes ont compris d’elles-mêmes que ce n’était pas le cas. »

De son côté, David constate que ce partage des tâches lui fait gagner du temps. En télétravail, il n’est plus interrompu par les sollicitations multiples dont il est l’objet au bureau. Résultat : il optimise la gestion de ses dossiers qu’il boucle plus vite. Et surtout, il revit. « Pour tout le monde, c’est du gagnant-gagnant, un exemple réussi collégialement », résume Magali Maingard.

Pour autant, le service SST et le médecin du travail restent très attentifs et ont mis en place un suivi au long cours. « Dans l’exercice de ses nouvelles fonctions, il est devenu plus irritable. Le stress l’impacte beaucoup plus facilement qu’avant. Il est très important de surveiller les signes avant-coureurs pour que le mal-être ne puisse pas s’installer. Nous restons vigilants sur ce point aussi ».

TÉMOIGNAGE

Magali Maingard, responsable Santé Sécurité au Travail – Développement Durable – RSE « Un relais pour les autres personnes en difficulté. »

« Au gré de cette expérience, David a compris que dans notre service, le facteur humain était important et qu’il pouvait parler, se lâcher sans que sa parole soit déformée, interprétée. C’est précieux pour lui de savoir qu’il peut se mettre à l’abri dans ce « camp retranché » qu’est notre bureau. Il est aussi devenu en quelques sortes un relais auprès d’autres personnes qui peuvent se retrouver en difficulté dans l’entreprise. Cela donne du poids à notre service quand il intervient. »

FICHE D’IDENTITÉ

Groupe : Air Austral

Activité : services et transport aérien

Région : La Réunion

Effectif groupe : 980

Effectif TH : 18

Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 4

Contact : Magali Maingard, responsable Santé Sécurité au Travail – Développement Durable – RSE - mmaingard@air-austral.com

Mise à jour : 10/03/20

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 1

Type de handicap : maladie invalidante

Aménagements :

- techniques : oui

- organisationnel : oui

- formation : non

Financements : auto financement et Agefiph

Partenaires : Cap Emploi, médecin du travail, association d’aide aux déficients visuels

Publié le 7 avril 2020