Témoignage Entreprise

Pour préserver l’emploi d’un jeune ouvrier accidenté, l’entreprise Fouchard fait le pari de le former au métier de charg

Suite à un accident, Sébastien a vu s’envoler ses espoirs de devenir chef de chantier. Convaincu de ses capacités et soucieux de ne pas fermer son avenir professionnel, son employeur lui propose de voir encore plus loin en devenant chargé d’affaires.


L'expérience

Fiche rédigée le 24/03/2014

Des perspectives d’évolution balayées par l’accident

Début 2012, l’avenir professionnel de Sébastien semble tout tracé. Après plusieurs années d’apprentissage au sein de l’entreprise Fouchard, une PME normande spécialisée dans les installations de génie climatique et d'électricité, le jeune homme a été embauché en CDI. Aux yeux de Frédéric Fouchard, le patron de la société, il ne fait guère de doute qu’il fera, d’ici quelques années, un excellent chef de chantier. Il en a à la fois le potentiel et le charisme et a, de surcroît, gagné l’estime des équipes au sein desquelles il a travaillé durant ses années de formation. En un mot, Sébastien est une excellente recrue.
Mais un accident de moto vient dangereusement compromettre la situation. Grièvement blessé, Sébastien est amputé d’un pied et doit rester éloigné de l’entreprise pendant près d’un an. Très choqué par l’accident de son jeune salarié, Frédéric Fouchard n’entend pas l’abandonner et s’efforce de faire des projets d’avenir. « Dans notre métier, explique-t-il, nous avons une certaine pratique du maintien dans l’emploi. Je savais donc qu’il y aurait une solution pour Sébastien. Ce qui était certain, en revanche, c’était qu’il ne retournerait plus sur les chantiers. »

Connaissances terrain contre compétences techniques

Très rapidement, le patron de l’entreprise propose une alternative à Sébastien alors qu’il est encore en arrêt. « Il y avait deux possibilités, résume Frédéric Fouchard. La première était de lui permettre, à terme, de réintégrer l’entreprise comme soudeur à l’atelier de préfabrication. C’était assurément le plus simple car il avait déjà ce savoir-faire, mais cela limitait considérablement ses perspectives professionnelles. La deuxième option était plus ambitieuse : elle consistait à lui permettre d’accéder à un poste au-dessus du chef de chantier en devenant chargé d’affaires. »
C’est finalement cette deuxième proposition que retient Sébastien. Pour accéder à la fonction visée, habituellement destinée à des personnes de niveau bac + 2, un passage par une phase de formation s’impose pour Sébastien, titulaire d’un CAP et d’un brevet professionnel. « Il aurait été trop long et trop compliqué d’envisager la préparation d’un BTS, poursuit Frédéric Fouchard. Nous nous sommes donc tournés vers l’organisme de formation continue de la profession, le Costic (Centre d'études et de formation pour le génie climatique) et avons choisi les modules de formation dont Sébastien avait besoin. Nous savions qu’il ne pourrait acquérir toutes les compétences techniques que présentent les jeunes chargés d’affaires sortis de l’école. Mais ce point faible était compensé par un gros avantage : sa connaissance et son expérience des chantiers, acquises pendant son apprentissage. »

Une évolution sociale et professionnelle

Pendant un an, module après module, Sébastien acquiert donc au Costic les bases de son nouveau métier. Il bénéficie d’une disposition de l’assurance maladie (Carsat) permettant à des salariés en arrêt de longue durée de suivre une formation pendant leur arrêt de travail afin d’éviter la désinsertion professionnelle. « Il faut souligner que tous les moyens permettant de mener à bien le projet ont été mobilisés avec beaucoup d’efficacité par les différents organismes impliqués, qu’il s’agisse de la Sécurité sociale, du Sameth ou de l’Agefiph qui est intervenue financièrement », précise Frédéric Fouchard.
Sébastien occupe son nouveau poste depuis près d’un an et se montre à la hauteur des attentes de son employeur. « C’est un garçon qui déploie une énergie extraordinaire et qui, dès l’accident, a décidé qu’il fallait aller de l’avant. De fait, sa réorientation correspond finalement à une évolution sociale et professionnelle par rapport à son projet initial. »

Le témoignage

Frédéric Fouchard, PDG de l’entreprise Fouchard

fouchard

 « La détermination de Sébastien à avancer a créé une sorte de cercle vertueux autour de lui »

« La réussite du maintien dans l’emploi de Sébastien tient à la parfaite coordination des acteurs engagés autour de son projet formation, mais aussi au fait que nous avons cru dès le départ en sa capacité à évoluer professionnellement. L’autre élément clé a été sa volonté de rebondir sitôt après son accident. Vous pouvez envisager toutes les formations que vous voulez : si la personne est psychologiquement anéantie, rien n’est possible. Dans le cas de Sébastien, sa détermination à avancer a créé une sorte de cercle vertueux autour de lui. Tout le monde l’a soutenu. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Fouchard
  • Activité : Industries de biens d’équipement
  • Effectifs établissement : 250
  • Effectifs TH : nc
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : nc
  • Région : Basse-Normandie
  • Contact : Frédéric Fouchard, PDG – frederic.fouchard@fouchard.fr

La fiche technique

• Nombre de salariés concernés : 1
• Type de handicap : handicap moteur
• Aménagements
- techniques : non
- organisationnel : oui
- formation : oui
• Financements : entreprise Fouchard, Agefiph, Carsat
• Partenaires : Sameth, centre de formation

Thématique
Publié le 1 avril 2014