Témoignage Entreprise

L’UMIH de l’Eure propose aux personnes en situation handicap de se former aux métiers de l’hôtellerie-restauration

L’organisation professionnelle a inauguré en 2024 une formation adaptée à ces publics dans le cadre d’un partenariat avec le Centre de Formation des Apprentis Interconsulaire de l’Eure, des associations comme l’Adapei 27 et une douzaine de restaurateurs.

Une formation courte à vocation professionnalisante

Depuis de nombreuses années, le secteur de la restauration est confronté à une importante pénurie de personnel, encore aggravée par la crise du Covid de 2020. Dans l’Eure, l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie, qui réunit près de 200 adhérents, s’emploie à élargir le sourcing de candidats. Depuis trois ans, elle s’est rapprochée de l’Adapei 27 dont les établissements, et notamment les Esat, accompagnent des personnes en situation de handicap intellectuel et psychique. 

Afin de leur ouvrir les métiers de la restauration et de l’hôtellerie, l’organisation professionnelle a mis en place des sessions de stages avec l’OPCO AKTO.  Afin de valoriser les 22 entreprises accueillantes, une remise de trophées parrainée par le Préfet a été organisée.

« Un stage, c’est intéressant pour découvrir un métier et mettre le pied dans une entreprise, mais c’est un peu court », estime Didier Guérard, qui se voit confier au même moment la présidence de l’UMIH de l’Eure. Pour aller plus loin, il propose, dès sa prise de fonction, la création d’une formation sur-mesure avec une approche professionnalisante. « J’ai suggéré l’idée fin 2023 au Centre de Formation des Apprentis interconsulaire de l’Eure (CFAiE) de Val-de-Reuil. En quelques semaines, l’équipe pédagogique présentait un projet de formation courte et adaptée », s’enthousiasme-t-il. 

Sept modules pour sept semaines formation

Sur les 13 modules proposés par le CFAiE, l’UMIH en retient sept : trois sont consacrés au service, trois à la cuisine et un à l’hôtellerie. Durant leurs sept semaines de formation, les stagiaires seront amenés à suivre chaque module à raison d’un par semaine. L’apprentissage théorique est complété par deux périodes de stage pratique en entreprise de deux semaines chacune, soit au total près de 400 heures de formation.

« Dès janvier 2024, nous avons réuni autour de la table 16 partenaires – associations, établissements médico-sociaux, service public de l’emploi et  AKTO – pour qu’ils proposent  des candidats. De notre côté, avec l’aide d’un ancien chef de cuisine du CFA, nous sommes allés frapper aux portes de nos adhérents pour mobiliser les employeurs », précise le président de l’UMIH 27. En un mois, 12 entreprises se sont déclarées prêtes à accueillir autant de candidats. 

« Nous avons souhaité nous inscrire dans une démarche vraiment inclusive en ouvrant le projet à part égale aux personnes en situation de handicap et à des personnes en insertion », souligne  Didier Guérard. 

Des restaurateurs engagés

Démarrée en février 2024, la formation est un succès. Les 7 stagiaires en situation de handicap décrochent leur attestation d’équipier en restauration traditionnelle et repartent avec un CV numérique. A ce jour, deux d’entre eux s’apprêtent à entrer en apprentissage et deux autres sont en recherche d’un employeur pour démarrer une formation en alternance. 

« Dans tous les cas, c’est une reconnaissance importante et un pas en avant pour ces personnes qui ont souvent été confrontées à des difficultés de recrutements en milieu ordinaire, malgré des compétences et des savoirs être acquis par ceux passés par les Esat. Je peux vous dire que tout le monde est ressorti transformé de cette expérience », témoigne le président de l’UMIH 27.

Didier Guérard souligne par ailleurs l’engagement des employeurs au côté de leur stagiaire respectif. « Le handicap fait toujours peur a priori, mais face à la motivation des personnes, il passe très vite au second plan. »

L’UMIH 27 et ses partenaires souhaitent renouveler l’expérience et en élargir le périmètre aux départements voisins. Quelques ajustements sont à apporter concernant la cohabitation des différents publics, qui ne sont pas toujours exempts de préjugés, mais aussi la question des transports qui s’avèrent complexe en milieu rural. L’enjeu est également de trouver des financements, la première session ayant été autofinancée par CFAiE.

TÉMOIGNAGE

Didier Guérard, président de l’UMIH de l’Eure

« C’est à nous de nous adapter, pas aux personnes en situation de handicap »

 

Cette première expérience montre que les personnes en situation de handicap sont tout à fait en mesure de travailler dans notre secteur d’activité pour peu que l’on se donne la peine de s’adapter à leurs problématiques. C’est à nous de le faire et non à elles. De ce point de vue, les employeurs impliqués ont vraiment joué le jeu. L’une des questions à résoudre dans un département comme le nôtre reste la mobilité des stagiaires qui n’ont pas toujours les moyens de transport pour se rendre sur leur lieu de travail. 

Publié le 16 septembre 2024