Témoignage Entreprise

L’étude notariale Fortier & associés embauche un jeune assistant trisomique

Père d’un enfant porteur de trisomie 21, Frédéric Fortier s’emploie à démontrer par l’exemple que les personnes différentes ont toute leur place dans le milieu ordinaire de travail. Il y a 4 ans, il a embauché Maxence, 33 ans, qui a progressivement construit sa place au sein de l’étude.

Faire bouger les lignes et changer les regards

Frédéric Fortier est notaire à Paris. Implantée dans le 19e arrondissement, son étude, créée il y a 15 ans avec deux autres associés, emploie 25 salariés. Depuis 2020, l’équipe s’est enrichie de la présence de Maxence, un jeune homme trisomique de 33 ans. Rien ne prédestinait ce dernier au secteur du notariat. Frédéric Fortier lui-même n’aurait sans doute pas songé à ce recrutement s’il n’avait vu naître, il y a 5 ans, un fils porteur de trisomie 21. « C’est ce qui m’a motivé, reconnaît-il. Comme chef d’entreprise, je peux contribuer, à mon niveau, à faire bouger les lignes et changer les regards. »

En quête d’un candidat, le notaire prend contact avec une association spécialisée qui accompagne vers l’emploi en milieu ordinaire de jeunes adultes en situation de handicap cognitif et/ou intellectuel.

Il a déjà en tête les contours d’un poste qu’il pourrait proposer à une éventuelle recrue. L’idée serait de lui confier de petites tâches de rangement, d’archivage, de maintenance et de logistique jusqu’ici assurée par chaque salarié. 

La rencontre avec Maxence se déroule au lendemain du confinement de 2020. Au cours de cet entretien « en bonne et due forme », le courant passe immédiatement. « Il a un parcours original, commente Frédéric Fortier. Il est né à l’étranger, est bilingue, a vécu une partie de son existence à Tokyo et a pas mal voyagé. Professionnellement, il a travaillé en milieu ordinaire, en restauration et dans une mairie, et a pas mal de répondant. Il a surtout tout de suite compris que son embauche était un défi que nous allions relever ensemble. »

Une intégration progressive au sein de l’étude

Maxence n’arrive pas seul à l’étude. Pendant la première semaine, il est accompagné par un chargé d’insertion de l’association qui lui explique ses tâches, lui donne les repères nécessaires et facilite la rencontre avec les collaborateurs. Ces derniers font preuve de bienveillance mais ne cachent pas, au départ, certaines appréhensions qui ne tardent pas à voler en éclat au contact du jeune homme. « Au-delà de l’aspect travail pur, mon idée était aussi de créer du lien social. Je peux dire que c’est une réussite », se réjouit Frédéric Fortier.

Après une période de CDD, Maxence est confirmé en CDI à temps partiel. Son poste s’enrichit progressivement. Il prépare les salles de signature avant les rendez-vous, s’occupe des consommables et des fournitures, de la distribution du courrier et de l’accueil des clients à qui il propose un café. La liste de ses tâches est écrite et se présente sous la forme d’un emploi du temps précis de manière à ce qu’il sache exactement ce qu’il a à faire. 

« Au départ, il faut toujours faire preuve d’un peu de patience et prendre le temps de lui expliquer les choses, mais une fois que c’est acquis, on peut compter sur lui », confie le notaire.

Un accompagnement dans la durée

Quatre ans après son embauche, Maxence fait pleinement partie de l’équipe avec qui il a noué des liens solides. Les clients portent un regard très positif sur sa présence. L’accompagnement par l’association se poursuit à raison de 2 heures par semaine, sans limite de durée. « Dans le cadre de ses routines quotidiennes, Maxence est relativement autonome mais il est facilement déstabilisé dès qu’il y a des imprévus ou des nouveautés. Il a toujours besoin d’être drivé. Le suivi de l’association reste donc pertinent. Il permet de procéder à de petits réglages et de fluidifier les choses », poursuit Frédéric Fortier.

Grâce à cet appui et à l’engagement bienveillant du personnel de l’étude, le notaire se félicite d’avoir réussi son pari d’intégrer durablement une personne « extraordinaire » au sein de son équipe.

« Je constate qu’en dehors de la restauration, il y a peu d’entreprises qui emploient des personnes porteuses de trisomie 21. Objectivement, je pense que toute PME est en capacité d’accueillir une personne différente ou en situation de handicap comme Maxence. J’aimerais beaucoup que son exemple contribue à convertir des collègues notaires, mais aussi des experts-comptables ou des avocats. »

TÉMOIGNAGE

Frédéric Fortier, notaire

« Tout le monde ressort grandi de cette expérience »

 

L’embauche de Maxence s’inscrit dans une démarche professionnelle d’inclusion. Dès lors, il convient de ne pas se placer sur le terrain de la rentabilité économique mais celui de la « rentabilité humaine » ! Plutôt que de verser une contribution annuelle au titre de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés, il me paraît plus intéressant, lorsque cela est possible, de tenter ce genre d’expérience. Franchement, tout le monde, dirigeants, collaborateurs ou clients, en ressort grandi.

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Publié le 16 septembre 2024