Témoignage Entreprise

Les laboratoires Weleda reclassent un jeune salarié, autiste infantile, suite à une réorganisation

Affecté à une ligne de conditionnement de produits cosmétiques vouée à disparaître, Luc*, un salarié autiste infantile de 27 ans a retrouvé un poste au service pharmaceutique après une étude approfondie menée par l’entreprise avec Cap emploi et la plateforme ergonomique de l’Agefiph.


L'expérience

Une réorganisation de la production

Implantés au bord du Rhin, à une trentaine de kilomètres au sud de Mulhouse, les laboratoires Weleda ont développé, depuis les années 1920, une activité basée sur l’élaboration de médicaments, de produits cosmétiques et diététiques à base de matériaux naturels, essentiellement végétaux. Malgré sa situation dans un bassin d’emploi relativement restreint, l’entreprise entend contribuer à l’emploi des personnes handicapées et recrute régulièrement des collaborateurs en partenariat avec Cap emploi Alsace. C’est dans ce contexte qu’en septembre 1999, elle embauche Luc, un jeune homme autiste alors âgé de 19 ans. Il travaille en binôme sur une ligne de conditionnement en tubes de produits cosmétiques. « Depuis son entrée dans l’entreprise, il a toujours fait preuve d’une grande implication et son autisme infantile, qui a évolué dans le bon sens, est aujourd’hui à peine perceptible », précise Jean-Luc Sialelli, responsable de missions au sein de la DRH.
Dans le cadre d’une réorganisation de la production, début 2006, l’arrêt de la ligne de machines où travaille Luc est envisagé. Pour la direction du laboratoire se pose alors la question de son reclassement interne.
Faut-il lui proposer l’un des six postes potentiels disponibles au service cosmétiques ? À défaut, existe-t-il des postes correspondant à ses capacités dans le secteur pharmaceutique ? En cas de changement de service, quelles dispositions devront être prises pour permettre son transfert et assurer son intégration dans une nouvelle équipe ?

Intervention combinée de Cap emploi et d’un ergonome

Pour répondre à ces questions et assurer un changement de poste dans les meilleures conditions, l’entreprise fait appel à Cap emploi Alsace (Actions et compétences) qui mène une série d’entretiens pour bien comprendre la problématique de Luc, connaître sa volonté, ses besoins et estimer sa capacité à occuper les postes envisagés.

Dans le même temps, la plateforme ergonomique de l’Agefiph analyse le travail sur machine et évalue le stress lié à des situations complexes, fatigantes ou potentiellement anxiogènes parce que nouvelles. Ces premières investigations permettent d’écarter définitivement l’hypothèse d’un reclassement à l’atelier cosmétique. Les postes envisagés exigent un investissement physique, une réactivité et des changements trop importants pour l’équilibre du jeune homme. Grâce à la bonne connaissance du profil de Luc et du type de poste correspondant à ses capacités, une solution est finalement trouvée dans un autre secteur de l’entreprise avec une affectation sur une machine de conditionnement secondaire de médicaments.

Un plan d’action pour préparer la transition

S’appuyant sur les recommandations de la consultante de Cap emploi et de l’ergonome, un plan d’action est mis en œuvre avec les ressources humaines et l’encadrement du secteur pharmaceutique qui s’apprête à accueillir Luc. Un projet de formation détaille l’ensemble des tâches à connaître pour commencer à occuper le poste. Ce qui permet de fournir au jeune homme des repères clairs et précis sur son nouveau travail. Aucune durée d’apprentissage n’est précisée afin de lui épargner une trop grande pression.
Au cours d’une réunion spécifique, le projet est présenté à ses futurs collègues. Ils connaissent déjà Luc et envisagent sans a priori son arrivée dans l’atelier. À cette occasion, leur est expliqué la grande rigueur qu’il déploie dans son travail, sa propension à exprimer régulièrement des commentaires et des avis parfois inattendus, les limites de la communication liées à son handicap et de ce qu’il peut supporter dans les relations professionnelles. Pour faciliter son adaptation et lui apporter un soutien, les collaborateurs les plus expérimentés sont affectés à des postes proche du sien.

Un pari réussi, mais une vigilance maintenue

Installé dans le service depuis plusieurs mois, Luc a réussi la transition. Il maîtrise l’essentiel des tâches qui lui incombent et son intégration est acquise. Selon ses responsables, il s’investit de façon exemplaire et fait le maximum pour accomplir au mieux sa part du travail. La forte implication de la responsable du service, associée à toutes les réflexions en amont et personnellement engagée en tant que référente, a largement contribué à faciliter le processus. L’entreprise reste néanmoins très vigilante car Luc présente parfois des signes de fatigabilité et de stress. « Il importe aussi de veiller à ce que ses collègues, très pris par leur travail, soient toujours bien disposés à l’accompagner, précise Jean-Luc Sialelli, responsable de missions au sein de la DRH. Nous sommes donc très attentifs aux difficultés potentielles et ferons en sorte de procéder à des ajustements si cela s’avère nécessaire. »


* Pour préserver l’anonymat de la personne, le prénom a été changé.

Le témoignage

Sialelli Jean-Luc, responsable de missions au sein de la

DRH

« La réussite d’un reclassement passe par un important travail préparatoire »

« Un reclassement de ce type demande une vraie réflexion et un important travail préparatoire. Il faut prendre en compte les besoins de l’entreprise, les compétences et la personnalité du salarié. En ce sens, l’étude et le plan d’actions réalisés avec Cap emploi et la plateforme ergonomique de l’

Agefiph

ont été déterminants. Bien informés dès le départ, les collègues de Luc étaient dans les meilleures dispositions pour l’accueillir et ils ont d’ailleurs été ravis de recevoir un renfort pour assurer une masse de travail en croissance. Il faut aussi souligner le rôle de la responsable du service dont la vigilance est indispensable. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Laboratoire Weleda
  • Activité : Industries pharmaceutique et cosmétique
  • Région : Lorraine-Alsace
  • Effectif entreprise : 350
  • Effectif TH de l'etablissement : 10
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 7,42
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : OUI
  • Contact : Schmitt Martine (DRH) :
    martine.schmitt@weleda.fr
  • Mise à jour : 20/12/2007

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : psychique
  • Aménagements :
    • techniques : en cours (avec ergonome)
    • organisationnels : oui
    • formation : oui
  • Durée du projet : 6 mois
  • Financements : Agefiph, Weleda
  • Partenaires : Cap emploi Alsace, ergonome
Thématique
Publié le 23 septembre 2010