Les Jardins de l’Évron recrutent un jeune homme issu d’un IME après
L'expérience
Article rédigé le 27/05/08
L’accueil d’un stagiaire issu d’un institut médico-éducatif
Pascal Le Bris, gérant des Jardins de l’Evron, une petite entreprise des Côtes-d’Armor spécialisée dans l’aménagement de parcs et jardins, est contacté par la responsable d’un Institut médico-éducatif de la région qui lui propose d’accueillir Romain*, l’un de ses élèves, pour une période de stage. Le jeune homme, âgé de 19 ans, qui souffre de troubles psychiques, a suivi une formation à l’entretien des espaces verts. Il figure parmi les bons éléments de l’établissement et a recueilli de bonnes appréciations lors de précédents stages.
« Nous croyons beaucoup à la formation en entreprise et accueillons chaque année un apprenti au sein de notre équipe, explique Mme Le Bris, qui gère la société avec son mari. La responsable de l’IME s’étant montrée très convaincante sur la candidature de Romain, nous avons décidé de le prendre en stage. Si tout se passait bien, l’idée était de lui proposer, à terme, un contrat d’apprentissage. »
Lire et écrire, les conditions de l’autonomie
Le jeune homme rejoint donc l’entreprise et s’intègre rapidement à l’équipe à laquelle il apporte son aide sur les chantiers. Il est très ouvert et développe de bonnes relations de travail avec les salariés. En revanche, il manque d’autonomie et doit être encadré. « Le problème de Romain est qu’il ne sait ni lire ni écrire. Il a semble-t-il fait un blocage très tôt sur ces apprentissages. C’est la raison pour laquelle il a été orienté dès l’école primaire vers l’éducation spécialisée. Le problème n’a par la suite jamais été résolu. » Il doit donc être aidé au quotidien pour remplir ses fiches, lire d’éventuelles instructions etc. Mais son handicap a d’autres conséquences : étant donné son niveau scolaire et son illettrisme, il ne peut accéder à la formation. « Lorsque nous avons souhaité passer à un contrat d’apprentissage, nous nous sommes retrouvés bloqués car il n’entrait pas dans les critères. Nous avons donc reconduit son stage en attendant de trouver une issue viable. »
Une aide au tutorat pour compenser l’accompagnement
Afin de sortir de cette situation précaire, Mme Le Bris prend contact avec Cap emploi. La seule possibilité envisagée est un contrat jeune (un dispositif aujourd’hui supprimé) qui permet à l’employeur de bénéficier d’une aide forfaitaire de l’État pendant 2 ans moyennant une embauche en CDI. Un contrat est donc signé dans ce cadre.
Parallèlement, l’entreprise sollicite l’Agefiph pour l’obtention d’aides à l’insertion et au tutorat qui seront finalement allouées. « Bien que Christophe connaisse son travail, il restera dépendant des autres tant qu’il ne saura pas lire et écrire, souligne Mme Le Bris. Comment apprendre le nom des plantes ou encore passer son permis de conduire quand on est dans sa situation ? Nous faisons donc en sorte qu’il travaille systématiquement en binôme. »
Questions sur l’avenir
Toujours en poste aux Jardins de l'Evron, le jeune homme poursuit aujourd'hui son activité. L'entreprise, qui s'est récemment agrandie, a inauguré un nouveau site plus proche de son domicile, ce qui lui permet de venir travailler en mobylette. Auparavant, une personne de l'équipe devait passer le prendre tous les matins.
Mais le statu quo persiste quant à sa situation professionnelle et son employeur s'interroge sur son avenir. « De notre point de vue, tout se passe bien et nous sommes très satisfaits de son travail. C'est un très bon exécutant, commente Mme Le Bris. Mais quelle évolution peut-il envisager tant qu'il n'aura pas accès à la formation ? En tant qu'employeur, nous ne pouvons pas faire grand chose et il n'est pas question de faire ingérence dans sa vie privée et dans ses choix. »
Malgré cette inquiétude, Mme Le Bris estime néanmoins que le jeune homme, aujourd'hui installé dans la vie, aurait le potentiel pour avancer dans une profession où les besoins sont relativement importants.
* Le nom de la personne a été modifié pour préserver son anonymat
Le témoignage
Mme Lebris , co-gérante
« C’est l’illettrisme plus que le handicap lui-même qui constitue un frein pour Romain »
« Romain bénéficie du statut de travailleur handicapé en raison de troubles psychiques. En réalité, son handicap n’a aucune incidence sur sa capacité à travailler et à s’intégrer au sein d’une équipe. C’est un salarié comme les autres. Mais le fait qu’il ne sache ni lire ni écrire et ne soit a priori pas en mesure d’apprendre le bloque professionnellement et oblige l’entreprise à s’organiser en conséquence. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Entreprise : Les Jardins de l'Evron
- Activité : Aménagements paysagers
- Région : Bretagne
- Effectif entreprise : 14
- Effectif TH de l'entreprise : 1
- Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
- Accord d’entreprise : NON
- Convention Agefiph : NON
- Contact : Le Bris Pascal (gérant) :
lebris-pascal@wanadoo.fr - Mise à jour : 11/07/2008
La fiche technique
- Nombre de personnes concernées : 1
- Type de handicap : psychique
- Aménagements :
- techniques : non
- organisationnels : oui
- formation : non
- Financement : Jardins de l'Evron, Agefiph, État
- Partenaires : Cap emploi