Témoignage Entreprise

Les difficultés quotidiennes de trois salariés déficients auditifs entraîne un plan d’accessibilité chez Nexter

Partant d’un problème de nuisances sonores handicapantes pour trois salariés déficients auditifs dans un bâtiment du groupe Nexter, le spécialiste des systèmes de défense rebondit sur la prise en considération globale de l’accessibilité.


L'expérience

Fiche rédigée le 27/11/09

Trois salariés déficients auditifs gênés dans leur quotidien par le bruit ambiant

Au printemps 2008, la correspondante locale mission handicap des « Espaces », le site qui abrite le bureau d’études et les fonctions supports du groupe Nexter, à Versailles, est sollicitée par trois salariés déficients auditifs. Implantés à proximité du siège social du géant national des systèmes de défenses terrestres, « Les Espaces » réunissent près de 250 collaborateurs, groupés par spécialité, dans des bureaux de type « open space » . Les nuisances sonores que génère cette configuration constituent justement le motif de requête d’un ingénieur, d’un technicien et d’une assistante du service qualité, souffrant tous trois de problèmes auditifs. Ils se déclarent gênés par les bruits ambiants dans leurs échanges professionnels quotidiens, en réunion, au téléphone ou bien encore pour se concentrer. La mission handicap du groupe répond en testant rapidement plusieurs solutions techniques  : changement de leurs aides auditives, installation de téléphones dédiés et de boucles magnétiques. Le premier bilan tombe : le problème n’est pas résolu et les trois salariés se montrent assez insatisfaits. Pour la mission handicap, il faut entièrement repenser la solution.

Ouvrir le débat au profit de l’accessibilité générale du site

« Nous avons décidé d’ouvrir notre problématique à l’ensemble des salariés, indique Jean-Yves Latre, chargé de la mission handicap du groupe Nexter. Notre réflexion ne s’est plus focalisée sur l’amélioration des conditions de travail de ces trois salariés, mais sur l’amélioration de ce que j’appelle l’accessibilité auditive générale du site. De fil en aiguille, nous nous sommes aussi interrogés sur les modalités d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite et les personnes malvoyantes, même si, pour l’heure, celles-ci ne sont pas présentes sur le site. » Après un diagnostic ergonomique complet de la situation, confié à un cabinet extérieur, un plan d’actions est acté pour traiter les différents points noirs. Une intervention sur les plafonds prévoit la diminution de la transmission des sons. Une salle de réunion des « Espaces » va être équipée d’une boucle magnétique et pouvoir être utilisée également en salle de formation. Une boucle portative est en cours d’acquisition pour d’éventuels clients malentendants, en visite sur les stands Nexter, lors de salons. L’entreprise trouve un système téléphonique sur ordinateur qui donne largement satisfaction et sera complété au cas le cas  par un téléphone dédié. Autre idée : des salariés volontaires vont être formés au brevet de secouriste pour accompagner leurs collègues à mobilité réduite en cas d’évacuation des locaux, qu’ils soient en situation de handicap permanent ou transitoire (« Une jambe cassée, cela arrive ! », fait remarquer Jean-Yves Latre). Enfin, des travaux ont commencé dans un bâtiment annexe aux « Espaces », là où se tiennent de plus en plus de réunions, afin d’être parfaitement accessible lui aussi. Un sas à ouverture automatique et un ascenseur ont déjà été aménagés.

Organisation en groupes projets et recours à un cabinet d’ergonomes

La mission handicap suggère, dès le départ, de travailler par groupe projet accessibilité, accessibilité visuelle et accessibilité auditive. Sont associés le secrétaire du CHSCT, lui-même déficient auditif, la secrétaire CHSCT du siège de Nexter (« pour comprendre la démarche globale » ), le médecin du travail, le responsable des ressources humaines, le service de la prévention des risques et le directeur de l’établissement. Leur objectif est d’identifier, un à un, les points à traiter pour rendre l’ensemble accessible. « Rapidement, nous sommes parvenus à la décision de faire appel à un cabinet d’ergonomes, se souvient Jean-Yves Latre. « Les collaborateurs handicapés ont été longuement interviewés, des mesures de bruit ont également réalisé aux postes de chacun, les déplacements quotidiens des salariés à mobilité réduite au sein des Espaces ont été analysés avec eux pour identifier et prendre en considération leur problématique individuelle » . Pour l’accessibilité visuelle, la mission handicap se rapproche de l’association pour aveugles Valentin Haüy qui l’aide à rédiger un cahier des charges type.
De décembre 2008 à octobre 2009, cinq réunions de pilotage ont été nécessaires pour organiser et débriefer l’audit ergonomique entre les différents membres des groupes projets.

Nexter se montre attentif à la réalité de chaque situation

Le plan d’actions de la mission handicap de Nexter est en cours de déploiement. Certains travaux sont d’ores et déjà réalisés, d’autres sont en phase de lancement d’appels d’offres ou d’attribution de marchés. Il est donc encore prématuré de dresser un bilan, même si l’on peut s’attendre à de réelles avancées en terme d’accessibilité. « Bien que les résultats ne soient pas encore tous visibles, les salariés, eux, voient pourtant des zones en chantier, des améliorations à venir, constate Jean-Yves Latre. Améliorer les conditions de travail de nos collaborateurs, cela fait partie de nos missions. Régler un groom pour qu’il se referme plus lentement afin de permettre à une personne à mobilité réduite de passer sera également apprécié d’un collaborateur aux bras chargés de dossier, non ?
Nous avons également relayé cet effort en communiquant pour affirmer notre engagement à rendre accessibles nos locaux et à optimiser les conditions de travail de tous. Je crois que cet esprit a convaincu certains des salariés à déclarer leur qualité de travailleurs handicapés. Depuis 2008, plus de 25 l’ont fait. »

Le témoignage

Latre Jean-Yves, chargé de mission handicap du groupe Nexter

« A handicap égal, ce qui est bon pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre »

« Cette expérience est riche d’enseignements parce qu’elle nous a permis de nous montrer attentifs à la réalité de chaque situation individuelle. Pour une même nature de déficience, ce qui est bon pour l’un n’est pas forcément bon pour l’autre. D’où l’idée de traiter en priorité les causes principales du problème et d’adapter à chacun une solution personnalisée, en complément et si nécessaire. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Nexter
  • Activité : spécialiste des systèmes de défense
  • Région : Ile-de-France
  • Effectif entreprise : 2 700
  • Effectif TH de l'entreprise : 102
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 35,5
  • Accord d’entreprise : OUI
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Latre Jean-Yves (chargé de mission handicap) :
    jy.latre@nexter-group.fr
  • Mise à jour : 13/01/2010

La fiche technique

  • Dispositif : diagnostic ergonomique des situations de handicaps auditifs, visuels et moteurs
  • Actions menées ou en cours : travaux d'accessibilité, communication, aménagements techniques (boucles magnétiques, téléphones virtuels, ascenseur, sas…)
  • Financements : Nexter (budget de l'accord)
  • Partenaires extérieurs : cabinet d'ergonomie, médecine du travail, association Valentin Haüy
Thématique
Publié le 23 septembre 2010