L’entreprise Schoenher s’engage pour aider un salarié déclaré inapte à son poste
L'expérience
Des arrêts de travail répétés
Créé en 1875, le groupe Babolat est l’inventeur du cordage pour raquettes de tennis et compte toujours aujourd’hui parmi les fabricants leaders du marché. Implanté à Lyon, le groupe possède une filiale dans les environs de Besançon, l’entreprise Babtec. Dirigée par Érik Patoz, cette petite société fabrique les machines à corder destinées aux sites de production du groupe. Elle emploie huit mécaniciens monteurs très spécialisés, donc Jean-Luc, 46 ans, présent dans l’entreprise depuis plus de 20 ans. Unanimement reconnu au sein de l’équipe pour ses compétences, sa polyvalence et sa longue expérience, il apporte un soutien important à Érik Patoz, lorsque celui-ci prend la direction du site en 2008. Mais Jean-Luc a de fréquents problèmes de santé, suite à un accident de voiture déjà ancien. Régulièrement, il doit se mettre en arrêt maladie en raison de douleurs au dos. Après l’un de ces arrêts, alors qu’Érik Patoz essaie d’imaginer des solutions pour ménager Jean-Luc, le médecin du travail lui conseille d’engager une réflexion avec le Sameth en vue d’un aménagement de poste.
Une solution transitoire
Mais, comme bien souvent, la situation est complexe : les perspectives de reclassement dans la petite entreprise sont très limitées. Hormis Nathalie Schoenher, qui assure la partie administrative, tout le monde est sur les chantiers et monte sur les toits. Philippe, de son côté, n’imagine pas une seconde de changer de métier.
Lorsque son arrêt maladie arrive à son terme, il faut toutefois prendre une décision. Une solution transitoire est trouvée : avec l’accord de la médecine du travail et de l’assurance maladie, le couvreur reprend son poste de façon allégée, dans le cadre d’un mi-temps thérapeutique. Pour lui éviter toute perte de revenu, l’entreprise accepte de lui verser une compensation de salaire. Mais il faut se rendre à l’évidence. L’avenir de Philippe n’est pas dans l’entreprise, il faut préparer l’avenir. Après de très nombreux échanges, Philippe se fait à l’idée d’une reconversion. Il accepte de préparer, en alternance, un permis poids lourd, qui lui permettra, à terme, de rechercher un emploi plus adapté aux recommandations de la médecine du travail.
Gérer l’urgence et anticiper l’avenir
« Gérer une situation comme celle-ci est très compliqué, analyse Nathalie Schoenher. Il faut prendre des décisions rapidement pour que le salarié ne se retrouve pas sans rien du jour au lendemain. Dans le même temps, il faut lui faire accepter l’idée d’avoir été reconnu inapte à son poste pour raison de santé alors qu’il estime, lui, être en mesure de reprendre son travail comme avant. Enfin, il faut l’aider à construire un projet car il n’est pas question de le licencier sans perspective. »
L’entreprise n’est heureusement pas seule pour mener à bien toutes ces démarches. Dès le départ, elle a su mobiliser tous les intervenants compétents : la médecine du travail, mais aussi l’assurance maladie, une assistante sociale et le Sameth des Vosges. « Nous nous sommes réunis régulièrement pour imaginer des solutions, explique Nathalie Schoenher. Chacun a joué son rôle et a pris le temps d’expliquer à Philippe les démarches entreprises. Sans ces efforts de pédagogie, il n’aurait jamais accepté d’être reconnu comme travailleur handicapé. »
Pour compenser l’effort financier de l’employeur, l’Agefiph lui verse une subvention au titre du maintien dans l’emploi et cofinance le permis poids lourd de Philippe. La formation se déroule dans le cadre d’un Contrat de Rééducation en entreprise (CRE), proposé par l’assurance maladie.
Philippe reprend son poste
Un an après son accident cardiaque, Philippe décroche son permis poids lourd. Entre temps, son état de santé s’est stabilisé. Tenant compte de cette évolution et de l’attachement du salarié à son métier, la médecine du travail révise finalement son premier jugement : elle le déclare apte à reprendre son travail de couvreur. « De prime abord, on pourrait penser que toutes ces démarches ont été inutiles, mais il faut se remettre dans le contexte. Nous ne savions pas comment les choses évolueraient. Il fallait agir, anticiper, prendre toutes les mesures pour éviter à Philippe de se retrouver sans emploi. Je pense aussi que la médecine du travail a pleinement mesuré notre engagement à l’égard de notre salarié. »
Le couvreur, qui continue à être suivi tous les trois mois, a aujourd’hui retrouvé les chantiers. Son employeur a sensiblement revu l’organisation de l’équipe pour lui éviter de travailler dans conditions trop dures. « Par exemple, en cas de grosse chaleur ou de grand froid, nous veillons à le faire travailler au sol », explique Nathalie Schoenher.
Le témoignage
Nathalie Schoenher, responsable administrative
« Nous avons choisi d’assumer nos responsabilités d’employeur »
Nous sommes une petite entreprise familiale. Tous nos salariés sont chez nous depuis 20 ans. Nous connaissons, de fait, leur environnement familial, leur situation. Lorsque Philippe a été déclaré inapte, nous ne pouvions pas faire abstraction de cette proximité. Même si sa maladie cardiaque n’a pas de lien avec son travail, nous avons choisi d’assumer nos responsabilités d’employeur. Ce n’était assurément pas la voie la plus facile à suivre et les démarches ont été très lourdes pour une petite structure comme la nôtre. Mais nous avons été bien accompagnés. Seuls, nous n’aurions pas pu tout gérer. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Entreprise : Babtec
- Groupe : Babolat
- Activité : Industrie des biens de consommation
- Région : Franche-Comté
- Effectifs entreprise : 7
- Effectifs TH : 1
- Contact : Érik Patoz (responsable de site) –
epatoz@babolat.com - Mise à jour : 21/11/11
La fiche technique
- Nombre de salariés concernés : 1
- Type de handicap : moteur
- Aménagements :
- techniques : non
- organisationnel : oui
- formation : oui - Financements : Babtec, Agefiph
- Partenaires : Sameth, médecine du travail