L’entreprise Miorcec diversifie les tâches quotidiennes d’un maçon souffrant de problème de dos pour préserver son emplo
L’expérience
Article rédigé le 27/05/08
Une réflexion commune pour éviter une reconversion difficile
Avant de prendre la direction de l’entreprise de construction créée en 1956 par son père près de Landerneau, Thierry Miorcec a travaillé sur les chantiers. Il connaît donc bien la pénibilité du travail quotidien de ses dix salariés (deux maçons et sept charpentiers) et y est d’autant plus sensible qu’il souffre lui-même aujourd’hui de problème de dos. L’amélioration des conditions de travail constitue donc pour lui une priorité.
Aussi est-il prêt à envisager toutes les solutions lorsque la médecine du travail conseille à l’un de ses salariés, souffrant de sciatique, de commencer à envisager une reconversion. « Je ne pouvais pas le laisser partir et lui-même ne concevait pas de devoir changer de métier à l’approche de la cinquantaine. À cet âge, ce n’est pas évident. Nous avons donc décidé de réfléchir ensemble pour trouver le meilleur compromis. »
Un double poste entre chantier et atelier
Installée dans une zone rurale, l’entreprise Miorcec assure le gros œuvre (maçonnerie, charpente et couverture) dans la construction de bâtiments industriels et agricoles. Les ouvriers travaillent essentiellement sur les chantiers, mais aussi en partie en atelier pour la fabrication des éléments de charpente. « Le salarié concerné étant maçon, et donc en permanence sur le terrain, nous avons imaginé de réserver une partie de son temps de travail pour des tâches d’atelier, raconte Thierry Miorcec. Par chance, il est polyvalent et sait travailler le métal. Nous avons donc créé un atelier serrurerie à son intention, où il est moins sollicité physiquement. »
Cette réorganisation ne coupe pas pour autant le salarié de son premier métier, mais il intervient sur les chantiers de façon moins soutenue que par le passé. Elle a une autre vertu : en plus de ses travaux de serrurerie pour les chantiers en cours, le quinquagénaire fabrique du matériel sur mesure – des chariots, des potences – destiné à faciliter le travail de ses collègues.
Des solutions imaginées en interne
Pour mettre en place ce nouveau mode de fonctionnement, le chef d’entreprise a travaillé avec le salarié et les autres membres de l’équipe afin de bien évaluer les besoins. « Les solutions ont été trouvées en interne, précise-t-il. C’est seulement ensuite que nous avons sollicité l’Agefiph pour une subvention car nous avions également décidé d’acheter du matériel spécialisé afin d’alléger ses tâches. »
Le maçon ayant obtenu la reconnaissance du statut de travailleur handicapé, l’entreprise a bénéficié de la prise en charge partielle du coût d’un échafaudage en aluminium, plus léger à manipuler que celui en bois utilisé jusqu’alors, et d’une potence destinée à maintenir des câbles difficiles à manipuler. Ces investissements sont venus s’ajouter à ceux réalisés dans le cadre d’un contrat de prévention signé indépendamment avec la CRAM, permettant d’obtenir des financements pour l’amélioration des conditions de travail. Il a permis l’acquisition d’un camion équipé d’une flèche télescopique et d’une nacelle homologuée.
Plusieurs récemment, l’entreprise Miorcec a sollicité une nouvelle intervention de l’Agefiph pour l’acquisition d’une nouvelle potence, destinée cette fois-ci à faciliter le travail sur un poste à soudure.
Les salariés invités à réfléchir sur leurs conditions de travail
« Lorsque nous avons mis en place la nouvelle organisation avec le salarié, l’idée était de tester cette solution quitte à envisager autre chose si elle ne s’avérait pas satisfaisante. Cinq ans après, elle est toujours en place et le salarié est toujours en poste. Il ne rencontre pas de difficulté particulière et nous nous sommes mis d’accord : au moindre souci physique, pas question de forcer. Je préfère le savoir provisoirement en arrêt de travail. »
La démarche engagée autour du salarié n’est toutefois qu’une partie de la réflexion menée au sein de l’entreprise sur les conditions de travail. « Nous essayons d’apporter des innovations chaque année pour gagner en sécurité et en ergonomie », explique Thierry Miorcec.
Dernièrement, il a invité toute son équipe à réfléchir sur ces questions. Chacun a formulé des propositions au cours de trois réunions. La synthèse a conduit à un réaménagement partiel de l’atelier. Thierry Miorcec a ensuite invité un médecin du travail à visiter l’entreprise pour obtenir son avis.
Le témoignage
Miorcec Thierry, gérant
« Beaucoup de solutions parfois très simples à mettre en œuvre »
« Les métiers du bâtiment sont particulièrement durs et lorsque les problèmes de santé apparaissent chez les salariés les plus âgés, il est très difficile d’envisager de changer de métier. Il est donc indispensable d’anticiper. D’autant plus qu’il existe aujourd’hui suffisamment de solutions techniques parfois très simples pour permettre à un ouvrier du bâtiment d’arriver à l’âge de la retraite dans un bon état physique. C’est la raison pour laquelle nous réfléchissons en permanence sur les possibilités d’améliorer les conditions de travail. Les salariés sont demandeurs et c’est désormais entré dans notre culture d’entreprise. L’ambiance au sein de l’équipe n’en est que meilleure. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Entreprise : Miorcec
- Activité : bâtiment
- Région : Bretagne
- Effectif entreprise : 10
- Effectif TH de l'entreprise : 1
- Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
- Accord d’entreprise : NON
- Convention Agefiph : NON
- Contact : Miorcec Thierry (gérant) :
thierry.miorcec@wanadoo.fr - Mise à jour : 11/07/2008
La fiche technique
- Nombre de personnes concernées : 1
- Type de handicap : moteur
- Aménagements :
- techniques : oui
- organisationnels : oui
- formation : non
- Financement : Miorcec, Agefiph, CRAM
- Partenaires : Aref BTP