L’entreprise de nettoyage Neotech recrute un travailleur d’Esat en trois étapes

L'expérience

Fiche rédigée le 20/11/2012

Un stage d’observation pour découvrir le milieu ordinaire

« Lorsque j’ai créé Neotech, en 2006, se souvient Nicolas Lefebvre, j’avais l’ambition d’aborder autrement les métiers de la propreté. Après avoir évolué 15 ans dans la profession, j’en connaissais les travers, les conditions de travail difficiles et l’image négative. J’étais persuadé que l’on pouvait imaginer un autre modèle économique, proposant des prestations de qualité tout en s’inscrivant dans un logique socialement responsable. »
Pour atteindre son objectif, l’entrepreneur ligérien a donc choisi d’organiser son entreprise de manière à proposer à ses salariés des contrats à plein temps et surtout des journées de travail continues, sans horaires décalés. « Au départ, il n’a pas été facile de faire admettre ce mode de fonctionnement aux clients qui ont l’habitude de voir les sociétés de nettoyage intervenir après la fermeture des bureaux. Mais depuis, les mentalités ont changé et nos interlocuteurs sont aujourd’hui réceptifs sur tout ce qui relève de responsabilité sociale des entreprises », poursuit-il.
Sensible aux questions d’insertion, Nicolas Lefebvre se montre très attentif lorsqu’un Esat (Établissement et services d’aide par le travail) voisin lui propose d’accueillir Philippe le temps d’un stage de découverte. L’objectif est de permettre à ce salarié handicapé mental de se rapprocher du milieu ordinaire de travail. Le gérant de Neotech accepte de tenter l’expérience.

Apporter une légitimité professionnelle à Philippe

« Dès le départ, nous avons convenu avec l’Esat que nous tenterions d’aller le plus loin possible avec Philippe. Après 15 ans passés dans l’établissement, il avait déjà une expérience dans la propreté et l’entretien des espaces verts. Ses trois semaines de stages ayant été concluantes, nous avons poursuivi par un contrat de mise à disposition de trois mois. » Philippe présente des difficultés de compréhension, ne travaille pas à la même vitesse que les autres salariés et a besoin d’être encadré. Mais il a des capacités, des compétences et peut « apporter sa pierre à l’édifice » . En lien étroit avec l’Esat, Nicolas Lefebvre décide de tout mettre en œuvre pour lui permettre de trouver sa place dans l’entreprise. « J’ai proposé d’embaucher Philippe en contrat de professionnalisation. L’objectif était de l’accompagner dans la préparation d’un certificat de qualification professionnel (CQP) qui lui apporterait de nouveaux savoir-faire et une légitimité professionnelle. »

Une formation doublée pour conforter les acquis

Grâce aux financements de l’OPCA (organisme collecteur) dont relève Neotech, Philippe intègre donc un centre de formation ordinaire de la région nantaise. Du fait de ses difficultés, sa période de professionnalisation est prévue sur un an et non sur 6 mois. En concertation avec l’Esat et l’OPCA, Nicolas Lefebvre obtient qu’un deuxième centre de formation l’accompagne en parallèle de manière à consolider ses acquis au fur et à mesure. L’accompagnement social, notamment sur des questions de logement, est assuré par l’Esat. Au sein de Neotech, Philippe est tutoré par un collègue et suivi de très près par le gérant. « Dès l’instant où nous nous engagions, nous avions une obligation de réussite. L’enjeu était trop important pour Philippe aussi bien que pour l’entreprise. Pendant tout cette période, la collaboration avec l’Esat a été très étroite. »
En juillet 2011, Philippe obtient enfin son CQP. Pour Neotech, la suite s’impose d’elle-même : il est embauché à plein temps en CDI et concrétise son passage en milieu ordinaire de travail.

Des missions adaptées, menées en binôme

« L’embauche de Philippe s’est faite en concertation avec les salariés de l’entreprise, précise Nicolas Lefebvre. Au départ, l’équipe était très réticente à l’idée de l’accueillir. Elle craignait de devoir prendre en charge elle-même son travail. Le stage, la période de mise à disposition puis la période d’alternance ont fait évoluer les esprits. À chaque étape, j’ai interrogé les collaborateurs sur la pertinence de poursuivre l’expérience. »
Les missions de Philippe ont toujours été adaptées à ses capacités. Il intervient aujourd’hui en binôme sur des cadences en phase avec son rythme de travail, de manière à ce que son collègue n’ait pas à compenser son handicap. Compte tenu de cette productivité moindre, l’entreprise a bénéficié d’une aide de l’Agefiph au titre de la Reconnaissance de lourdeur du handicap (RLH). Ce dispositif permet à un employeur d’obtenir la prise en charge du surcoût occasionné par le handicap d’un salarié malgré la mise en œuvre de tous les moyens de compensation. « De cette manière, Philippe est placé sur un pied d’égalité avec ses collègues. Certes, il est différent mais il a une vraie légitimité professionnelle, il apporte sa contribution à l’équipe et, grâce à la RLH, nul ne peut lui reprocher d’être un frein à la performance économique de l’entreprise. »

Le témoignage

Nicolas Lefebvre, gérant de Neotech

« Une dimension humaine très appréciée par les clients »

« Il est évident que le recrutement d’une personne comme Philippe exige un réel engagement. Il faut avoir la fibre. Mais c’est une démarche qui a du sens pour une entreprise qui se veut socialement responsable. Tout au long de sa formation, l’équipe a progressivement compris qu’il était capable de remplir ses missions dès l’instant où elles étaient adaptées à ses capacités. Au-delà de son travail, il apporte à l’entreprise une dimension humaine qui est d’ailleurs très appréciée par les clients. »

La fiche d'identité de l'entreprise

• Entreprise : Neotech
• Activité : service aux entreprises
• Région : Pays de la Loire
• Effectif entreprise : 27
• Effectif TH : 1
• Unités valorisables au titre de la sous-traitance : nc
• Contact : Nicolas Lefebvre (gérant) – neotech.daf@wanadoo.fr
• Mise à jour : 20/11/2012

La fiche technique

• Nombre de salariés concernés : 1
• Type de handicap : déficience intellectuelle
• Aménagements :
  • techniques : non
  • organisationnels : oui
  • de formation : oui
• Financement : Neotech, Agefiph, OPCA
• Partenaire : Esat, centres de formation