Témoignage Entreprise

L’entreprise Brunel embauche un jeune homme autiste via le dispositif d’emploi Accompagné

À l’issue d’une transition, accompagnée par l’Adapei Var-Méditerranée, l’atelier varois de l’entreprise spécialisée dans la fabrication d’emballages en bois a embauché en CDI Christopher, 24 ans.

Deux semaines d’immersion pour faire le point

À Brignoles (Var), Patrick Germano est le responsable du site de production de palettes en bois de l’entreprise Brunel, dont le siège se situe à Montélimar. Il dirige une équipe d’une dizaine de salariés, renforcée, selon l’activité, par 4 à 6 travailleurs handicapés de l’Esat du Mas de Paracol. Convaincu que « chaque individu a droit à un travail », il accueille également, chaque fois qu’il le peut, des demandeurs d’emploi pour des périodes de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP).

C’est dans ce cadre qu’il rencontre Christopher, 24 ans, un jeune homme porteur d’autisme. Sa candidature lui a été proposée par Françoise Fratila, référente Emploi Accompagné qui apporte son soutien à des personnes orientées par la Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH).

Titulaire d’un CAP de mécanicien, Christopher est très effacé. Il vient de vivre plusieurs expériences professionnelles en milieu ordinaire qui ne se sont pas bien passées. Ses troubles autistiques ont rendu difficile son intégration dans la vie professionnelle. On lui a reproché sa lenteur, ce qui a eu pour effet d’entamer sa confiance et de le faire douter de son employabilité hors secteur protégé.

Le stage chez Brunel vise précisément à faire le point sur son projet professionnel. À travers la découverte d’une nouvelle activité au sein d’une entreprise réputée handi-accueillante, l’objectif est aussi de lui redonner le moral et de lui apporter un autre point de vue sur le travail.

Un accompagnement bienveillant

Christopher est accueilli en stage pendant deux semaines sur le site de Brignoles. Durant cette période, Patrick Germano reste aussi souvent que possible à ses côtés. « Donner de son temps et être patient, répéter souvent, mettre en confiance : c’est la clé », affirme-t-il.

Il positionne le stagiaire sur une machine qu’il ravitaille en planches, manuellement. Pour éviter la fatigue et pallier la lenteur de certains opérateurs, le chef d’atelier double parfois les postes. « Avec le personnel mis à disposition par l’Esat, on peut se permettre de mettre deux personnes par machine au lieu d’une seule. Cela leur permet de travailler à leur rythme. »

L’unité de production est à la pointe de l’automatisation pour le clouage. Le travail n’est donc ni compliqué ni très physique. Il suffit d’avoir des gestes répétés. Il y a par ailleurs peu de passages sur le site susceptibles de perturber l’organisation. L’environnement est donc stable avec des repères et une ambiance que Patrick Germano souhaite « quasi-familiale ».

Et ça fonctionne. Le chef d’atelier n’hésite pas à s’impliquer pour « compenser » au quotidien les difficultés des personnes et sait faire preuve de pédagogie pour remédier aux situations bloquantes.

Françoise Fratila assure de son côté un suivi hebdomadaire auprès de Christopher. Elle revient avec lui sur certains faits, le rassure, l’encourage, parfois par écrit, pour qu’il puisse mémoriser les choses. Cet appui compte énormément pour le jeune homme qui est en confiance avec elle.

Un CDI pour Christopher

Toutes les conditions sont réunies pour faciliter l’intégration de Christopher. À l’issue de son stage, prolongé d’une semaine, il se voit proposer un CDD de 6 mois. En novembre 2019, il est embauché en CDI. Dans l’intervalle, l’accompagnement s’est beaucoup espacé. « Il a beaucoup progressé depuis son embauche, confirme Patrick Germano. Il aime son travail et s’y est vraiment épanoui. Ça ne marche pas toujours comme ça, parfois, au bout de trois jours, certains travailleurs de l’Esat me disent qu’ils s’ennuient. Dans ce cas, il ne faut pas insister. »

Christopher a récemment validé, à sa demande, un Certificat d’aptitude à la conduite d’engins en sécurité (CACES), en une semaine. Il conduit le chariot-élévateur une ou deux heures par jour dans les zones les plus sécurisées. Quand il se sentira suffisamment en confiance, il pourra lui aussi charger des palettes dans les camions.

S’adapter ainsi au rythme d’une personne ne représente-t-il pas un manque à gagner pour l’entreprise ? Pour Patrick Germano, la rentabilité ne se mesure qu’à l’aune de l’équipe toute entière. « Pour gagner un petit peu d’argent, il faut que collectivement, tout le monde soit en forme et que nous tirions dans le même sens. Si quelqu’un ne va pas bien, oui, on peut perdre la journée. »

TÉMOIGNAGE

Patrick Germano, chef d’atelier sur le site Brunel de Brignoles « Une belle aventure »

« Cette expérience avec des travailleurs handicapés m’a beaucoup apporté. Des proches me disent que je suis plus posé, plus attentif, plus réfléchi aussi. J’en ai conscience et j’aimerais que les autres responsables de sociétés de la zone industrielle où nous sommes implantés en fassent autant, mais j’imagine que ce n’est pas toujours simple. Quoi qu’il en soit, c’est une belle aventure. »

FICHE D’IDENTITÉ

Groupe : Brunel

Site : Brignoles

Activité : industrie de biens intermédiaires

Région : PACA

Effectif site : 7 à 9

Effectif TH site : 4 à 6

Unités valorisables au titre de la sous-traitance : -

Contact : Patrick Germano, chef d’atelier – brunel83@orange.fr

Mise à jour : 12/01/2021

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 1

Type de handicap : psychique

Aménagements

- techniques : non

- organisationnel : oui

- formation : oui

Financements : Brunel, Agefiph

Partenaires : Adapei Var-Méditerranée,

Publié le 16 février 2021