L’entreprise Babtec recherche des solutions pour ménager un salarié souffrant de graves problèmes de dos
L'expérience
Fiche rédigée le 03/11/11
Des arrêts de travail répétés
Créé en 1875, le groupe Babolat est l’inventeur du cordage pour raquettes de tennis et compte toujours aujourd’hui parmi les fabricants leaders du marché. Implanté à Lyon, le groupe possède une filiale dans les environs de Besançon, l’entreprise Babtec. Dirigée par Érik Patoz, cette petite société fabrique les machines à corder destinées aux sites de production du groupe. Elle emploie huit mécaniciens monteurs très spécialisés, donc Jean-Luc, 46 ans, présent dans l’entreprise depuis plus de 20 ans. Unanimement reconnu au sein de l’équipe pour ses compétences, sa polyvalence et sa longue expérience, il apporte un soutien important à Érik Patoz, lorsque celui-ci prend la direction du site en 2008. Mais Jean-Luc a de fréquents problèmes de santé, suite à un accident de voiture déjà ancien. Régulièrement, il doit se mettre en arrêt maladie en raison de douleurs au dos. Après l’un de ces arrêts, alors qu’Érik Patoz essaie d’imaginer des solutions pour ménager Jean-Luc, le médecin du travail lui conseille d’engager une réflexion avec le Sameth en vue d’un aménagement de poste.
Une solution technique « de bon sens »
Suite à un premier rendez-vous à l’atelier avec le médecin du travail et un conseiller du Sameth, un ergonome vient analyser le poste de travail de Jean-Luc. « Nous sommes des techniciens, nous avions déjà esquissé des solutions, précise Érik Patoz. Mais l’ergonome nous a proposé des aménagements très simples : l’acquisition d’une chaise assis-debout en remplacement du tabouret d’atelier, d’une tablette élévatrice et d’une chaise ergonomique. » Un essai est d’abord réalisé avec du matériel de prêt, puis, l’expérience s’avérant probante, Babtec monte un dossier Agefiph avec l’aide du Sameth en vue d’acquérir ces différents éléments. Dans le même temps, des échanges ont lieu avec l’équipe pour éviter à Jean-Luc de porter des charges trop lourdes. « Nous travaillons sur des sous-ensembles qui sont relativement légers au départ, mais qui peuvent atteindre 5 à 25 kg au fur et à mesure du montage. On ne s’en rend pas compte, mais sur un mois, nous portons des charges assez importantes », précise Érik Patoz.
Une barrière psychologique à lever
Si la solution technique relève du bon sens et ne nécessite pas d’investissement trop important pour l’entreprise, la dimension humaine de la démarche s’avère beaucoup plus délicate. « Nous sommes dans un contexte d’atelier, avec une équipe masculine, dont Jean-Luc, du fait de son expérience, est un peu le leader. Il a été très difficile pour lui d’accepter cette notion de handicap et les aménagements qui en découlent. Il y avait là une barrière à surmonter », explique le responsable du site. Au fil des discussions, le médecin du travail, le conseiller du Sameth et Érik Patoz parviennent à convaincre le salarié du bien-fondé de la démarche. Le responsable du site explique également la situation à l’ensemble des collègues. « Il fallait que tout le monde soit au clair sur le sujet pour éviter les rumeurs d’atelier. Au final, je dirais que la communication a au moins été aussi importante que l’aménagement en soit », souligne-t-il.
Une démarche qui s’imposait
Deux ans après l’aménagement du poste de Jean-Luc, ses problèmes de santé ne sont certes pas réglés, mais ses conditions de travail se sont nettement améliorées et ses absences sont à la fois beaucoup plus rares et, surtout, de moindre durée. Il continue à être suivi régulièrement par le médecin du travail. Du côté de l’équipe, tout le monde a intégré l’aménagement de poste.
Pour Érik Patoz, la démarche engagée avec la médecine du travail et le Sameth s’imposait d’elle-même. « L’enjeu était double : il s’agissait à la fois de préserver la santé de Jean-Luc et de ne pas prendre le risque, à terme, de le voir confronté à une situation plus grave encore qui aurait fait perdre à l’entreprise un précieux savoir-faire. »
Le témoignage
Érik Patoz, responsable de site
« Une démarche pédagogique fondamentale »
« Il faut du temps à une personne pour accepter d’être reconnu travailleur handicapé car le salarié comme ses collègues retiennent davantage la notion de handicap, de limitation des aptitudes, que la dimension administrative, qui permet de bénéficier d’aides, notamment pour l’aménagement du poste de travail. En sens, la démarche pédagogique du médecin du travail, du Sameth et de l’employeur est fondamentale. On gère de l’humain et pas seulement une difficulté technique. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Entreprise : Babtec
- Groupe : Babolat
- Activité : Industrie des biens de consommation
- Région : Franche-Comté
- Effectifs entreprise : 7
- Effectifs TH : 1
- Contact : Érik Patoz (responsable de site) –
epatoz@babolat.com - Mise à jour : 21/11/11
La fiche technique
- Nombre de salariés concernés : 1
- Type de handicap : moteur
- Aménagements :
- techniques : non
- organisationnel : oui
- formation : oui - Financements : Babtec, Agefiph
- Partenaires : Sameth, médecine du travail