Témoignage Entreprise

Le restaurant Le Roquentin offre une première expérience professionnelle à une jeune femme autiste

Après deux périodes de mise en situation en milieu professionnel, Jérôme et Sandrine Chamoulaud, restaurateurs à Laroque-Timbaut, ont décidé d’intégrer et de former, Florine, 29 ans, au métier d’aide-cuisinière.

Une candidature proposée par France Travail

Jérôme et Sandrine Chamoulaud gèrent un restaurant à Laroque-Timbaut, un bourg de 1700 habitants situé entre Agen et Villeneuve-sur-Lot. Ouvert uniquement le midi, Le Roquentin propose une cuisine traditionnelle à une clientèle d’habitués. Pour seconder les deux gérants, l’établissement emploie une salariée à temps partiel, deux apprentis en bac pro et en CAP, ainsi que Florine, une jeune femme autiste de 29 ans, embauchée comme aide-cuisinière en mai 2024 sur un contrat à durée déterminée de 6 mois. 

« Nous l’avons initialement accueillie à deux reprises dans le cadre d’une période de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP), proposée par France Travail, se souvient Jérôme Chamoulaud. D’abord sur une période de 15 jours puis pendant un mois. Tout s’est très bien passé à l’époque. Nous n’avons donc pas hésité à lui proposer ce contrat saisonnier quand elle est revenue vers nous. »

Florine n’avait jusque-là jamais travaillé et n’avait aucune expérience dans la restauration. « Mais elle est portée par une vraie motivation, encouragée par ses parents, et une volonté de dépasser son handicap pour vivre pleinement dans la société », explique le restaurateur. C’est cette détermination qui a conduit le couple à prendre la jeune femme sous son aile et à tenter l’expérience de l’initier au métier.

Un référent « Autisme et emploi »

« Ici, à Laroque-Timbaut, nous n’avons pas besoin d’être rassurés sur le sujet du handicap car nous avons un Esat sur la commune, poursuit Jérôme Chamoulaud. Les personnes qui y travaillent sont connues dans le bourg et sont même de bons clients des commerces voisins et du restaurant. Il n’y a donc, pour nous, rien d’exceptionnel à intégrer Florine dans notre équipe. » 

Dès le départ, la jeune femme a été bien accompagnée par un conseiller spécialisé dont le rôle a été déterminant. La région Nouvelle Aquitaine a été l’une des premières à  expérimenter, dès 2018, le dispositif « Autisme & emploi » de France Travail. Spécialement formé à l’accompagnement des personnes autistes, le référent de Florine a fait le lien avec la famille et l’employeur, est venu à plusieurs reprises en visite au restaurant et a pris en charge toute la partie administrative. 

Au contact du couple de restaurateurs, la jeune femme a appris les bases de la cuisine et du service. Elle s’occupe des entrées froides et des desserts. « Elle réalise des tâches assez simples et répétitives qu’elle maîtrise aujourd’hui parfaitement », commente le chef de cuisine, impressionné par la capacité d’apprentissage de la jeune femme. Une fois qu’on lui a expliqué quelque chose, il n’y a plus à y revenir. Ça roule tout seul ! »

Un temps de travail adapté

Florine a par ailleurs appris à surmonter ses angoisses et s’est adaptée à l’environnement relativement bruyant de la cuisine. De son côté, l’équipe du restaurant sait reconnaître ses limites : en cuisine comme en salle, elle travaille toujours en binôme et réalise ses tâches à son rythme. « Quand elle a un petit coup de mou, on la laisse souffler quelques minutes, boire un verre d’eau et c’est reparti ! » Sur préconisation du médecin du travail, son contrat a été limité à deux jours par semaine, soit 12 heures hebdomadaires. La jeune femme est tutorée par Sandrine Chamoulaud qui prend le temps de lui montrer les bons gestes. 

« Son engagement, son envie, sa volonté de bien faire sont vraiment remarquables. Elle est un bel exemple pour les apprentis », estime Jérôme Chamoulaud.

Le contrat de Florine court jusqu’à la fin de la saison. Le restaurateur confie ne pas avoir de visibilité pour la suite. « Je sais qu’il y a des possibilités d’aides si nous pérennisons son contrat mais il est difficile de se projeter. »

Quoiqu’il en soit, les gérants du Roquentin pourront se féliciter d’avoir mis le pied à l’étrier à Florine et de lui ouvrir ainsi des perspectives professionnelles. 

TÉMOIGNAGE

Jérôme Chamoulaud, gérant

« Ici, la différence ne surprend personne »

 

La présence de Florine dans l’équipe est appréciée de la clientèle de Laroque-Timbaud pour qui le handicap fait pour ainsi dire partie du paysage. Ici, la différence ne surprend personne. Florine elle-même ne fait pas mystère de son handicap et elle en parle assez librement.

Publié le 16 septembre 2024