Témoignage Entreprise

Le Méridien Étoile recrée un poste pour reclasser une femme de chambre

Victime d’un accident du travail, Sonia doit abandonner son poste de femme de chambre. Pour la DRH, sa reconversion à un poste administratif est difficile à envisager. Elle imagine néanmoins de recréer le poste de “pointeau”, disparu depuis 20 ans dans l’établissement.


L'expérience

Article rédigé le 19/05/07

Des possibilités de reclassement limitées

En février 2005, Sonia*, 40 ans, femme de chambre depuis dix ans à l’hôtel Le Méridien Étoile, à Paris, est victime d’un accident du travail. Alors qu’elle nettoie une bouche d’aération dans une chambre, elle fait une mauvaise chute et se blesse au dos et au genou. Après un mois d’arrêt de travail, elle réintègre son poste en mi-temps thérapeutique, mais au bout de quelques mois, les importants efforts physiques que nécessitent son métier lui deviennent trop pénibles. Le médecin du travail la déclare inapte à son poste et recommande de l’affecter à un poste administratif, où elle pourra rester assise. Un cas difficile pour la directrice adjointe des ressources humaine, Anne-Christine Mahler, chargée du dossier : la plupart des postes proposés par l’établissement sont relativement “physiques” et les très rares postes administratifs existants demandent un niveau de qualification trop élevé.

Un poste disparu depuis 20 ans

« Nous avions vraiment peu de possibilités pour envisager un reclassement, raconte Anne-Christine Mahler. Nous avons essayé de trouver des solutions en interne, mais sans succès. J’ai également sollicité d’autres établissements du groupe Méridien, mais tous sont confrontés à la même difficulté. » Alors que l’éventualité d’un licenciement commence à être envisagée, elle a l’idée de recréer un poste disparu depuis une vingtaine d’années et qu’on désignait sous le nom de « pointeau » . Il s’agissait alors de surveiller l’entrée et la sortie du personnel et le pointage de ce dernier. Depuis sa suppression, la surveillance de l’entrée du personnel est assurée en alternance par les membres du service de sécurité. Sonia se voit ainsi proposer un bureau où elle est chargée de surveiller les allées et venues, de renseigner les personnes qui se présentent pour un emploi, et d’assurer certaines tâches administratives.

Réorganisation partielle du service sécurité

Pour réaliser ce reclassement, Anne-Christine Mahler a consulté le médecin du travail et le Sameth 75, avec qui elle travaille régulièrement. Elle a également dû mobiliser le directeur des ressources humaines et la direction générale, dans la mesure où il s’agissait d’une création de poste. Le responsable du service de sécurité a également été sollicité pour définir le poste et les futures tâches de Sonia., dont le reclassement a nécessité une réorganisation partielle du service. C’est le personnel de la sécurité qui l’a formée petit à petit à ses nouvelles fonctions. L’Agefiph, pour sa part, est intervenue au titre du maintien dans l’emploi.

Le Méridien Étoile mise sur la prévention

Le cas de Sonia. n’est pas isolé dans l’établissement. La direction des ressources humaines de l’hôtel est régulièrement confrontée à des déclarations d’inaptitude, notamment chez les femmes de chambre. « Cela s’explique par le vieillissement de notre personnel et par la pénibilité du métier, précise Anne-Christine Mahler. Chaque jour, ces employées doivent traiter 16 chambres chacune. » Conscient des difficultés que pose le reclassement en interne, le Méridien Étoile a décidé de miser sur la prévention. En partenariat avec la caisse régionale d’assurance maladie d’Ile-de-France (Cramif), il a mis en place un groupe de travail associant plusieurs femmes de chambre afin d’étudier le détail d’une journée de travail et de définir des points d’amélioration. Cette démarche a notamment abouti à l’acquisition de 300 « lève-lits », qui facilitent la tâche des femmes de chambre. Des formations gestes et postures ainsi qu’une campagne de prévention sur les TMS ont également été organisées.

* Le nom de la personne a été modifié pour préserver son anonymat

Le témoignage

Mahler, Anne-Christine, Directrice adjointe des ressources humaines du Méridien Étoile

« Pour réussir ce reclassement, la direction et la salariée ont accepté de faire des concessions »

« Dans nos métiers, les cas d’inaptitudes sont nombreux et la question du reclassement est un vrai problème. La plupart des postes demandent un minimum d’efforts physiques. Ce qui rend difficile aussi bien le maintien dans l’emploi que le recrutement, malgré la volonté de notre direction de développer l’emploi des personnes handicapées.

Un certain niveau d’étude

Sonia était bien décidée à rester dans l’établissement. Elle a fait la démarche de contacter le Sameth 75 et son reclassement a été possible parce qu’elle présente un certain niveau d’étude. C’est plus difficile avec certains salariés qui ne savent ni lire ni écrire. Dans cette opération, tout le monde a fait un effort : l’établissement a créé un poste et Sonia. À accepté une baisse de salaire. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Groupe : Le Méridien
  • Entreprise : Le Méridien Étoile
  • Activité : Services aux particuliers
  • Région : Ile-de-France
  • Effectif entreprise : 650
  • Effectif TH de l'entreprise : 36
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : nc
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Anne-Christine Mahler (Directrice adjointe des ressources humaines) :
    anne-christine.mahler@lemeridien.com
  • Mise à jour : 22/06/2007

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : moteur
  • Aménagements :
    • techniques : non
    • organisationnels : oui
    • formation : oui
  • Durée du projet : 2 mois
  • Financements : Agefiph
  • Partenaires : Sameth 75, Cramif
Publié le 22 septembre 2010