Témoignage Entreprise

Le logiciel Adapte, un outil innovant pour assurer la mobilité des salariés et lever les freins au maintien dans l’emplo

Confronté à la nécessité de réorganiser son système de production, le site Bosch Mondeville intègre à la réflexion la question des restrictions d’aptitude. Il met en place un projet RH ambitieux, s’appuyant sur un outil informatique permettant de définir l’employabilité des salariés.


L'expérience

Fiche rédigée le 24/06/08

Une réorganisation reposant sur l’employabilité des salariés

Depuis 1973, l'usine Bosch de Mondeville produit des accessoires d'électronique de confort  destinés à l'industrie automobile : lève-vitres, systèmes d'injection essence et diesel, commandes d'essuie vitres etc.
En 2003, confrontée à la pression de la concurrence et à une baisse de charge, l'usine doit envisager la réorganisation de ses ateliers de production. Le recours à l'intérim n'étant plus envisageable, l'intégralité de la production doit être assurée par le personnel titulaire, qu'il faut donc faire évoluer vers une plus grande polyvalence. Cette nécessaire évolution met en évidence la question de l'employabilité de certains salariés et notamment du personnel féminin âgé de plus de 45 ans, fortement représenté dans l'usine. Cette population cible est généralement moins qualifiée que les salariés embauchés plus récemment, et plus exposée aux restrictions d'aptitudes physiques.

Un diagnostic, réalisé avec l'aide de l'Agefiph et du Sameth du Calvados, confirme cette hypothèse. Sur 300 agents de production, 140 sont directement exposés à des risques de troubles musculo-squelettiques. C'est pour répondre à cette situation que l'entreprise lance, en novembre 2005, son projet d'« Amélioration et de développement de l'accessibilité au poste de travail et de l'employabilité » (Adapte).

Des « calques » pour croiser aptitudes et compétences

La mise en place de l’outil Adapte passe par une longue phase exploratoire au cours de laquelle l’ensemble des postes de production est analysé et cartographié. « Chaque  tâche a été décomposée et évaluée aussi bien sur le plan des sollicitations physiques qu’en fonction des connaissances nécessaires à l’opérateur pour la réaliser, explique Fabrice Seigneuret, ingénieur du service méthode. Sur le plan de l’accessibilité, nous avons établi une cotation des postes à partir des normes industrielles en vigueur en ciblant la population des femmes âgées de 45 ans et plus. »   Parallèlement, les profils des opérateurs sont déterminés en fonction de leurs aptitudes physiques et d’éventuelles contre-indications. Ce calque médical est réalisé par le médecin du travail. Enfin, le service des ressources humaines établit de la même manière un calque portant sur les compétences acquises ou restant à acquérir par chaque opérateur. Un logiciel spécialement développé en interne permet de croiser l’ensemble de ces données et d’évaluer la difficulté d’un poste pour tel ou tel salarié grâce à une échelle de couleurs (vert, jaune, orange). L’outil indique les conditions ou les mesures correctives à mettre en œuvre (aménagement, formation) pour que la personne puisse tenir le poste. Ces données donnent lieu à un échange permanent entre l’atelier, le service RH, le service méthodes et le médecin du travail.

Une trentaine de collaborateurs mobilisés sur le projet

Des premières analyses à la mise en œuvre opérationnelle, il aura fallu près de 4 ans pour élaborer le dispositif Adapte. Piloté en interne par un groupe projet, épaulé par un cabinet de conseil, il a impliqué la direction du site, le service RH, le service méthodes et la médecine de travail. Au total, ce sont une trentaine de personnes qui ont été impliquées dans le projet, auxquels s’ajoutent les 15 membres du CHSCT, la trentaine de managers concernés et les salariés sollicités. Le travail de cartographie a porté sur l’ensemble des 245 postes de production. Parallèlement, les huit préparateurs, chargés de concevoir les postes, ont suivi une formation de 12 jours afin d’acquérir une méthode et des outils communs en matière d’ergonomie. Enfin, une soixantaine de présentations ont été réalisées en interne (direction, management, CE-CHSCT) pour expliquer la démarche. L’Agefiph, pour sa part, a apporté un cofinancement aussi bien sur le diagnostic de départ que sur le projet lui-même.

Un parcours de polyvalence reconnu et gratifié

Adapte a été l’occasion d’un important travail de sensibilisation en direction des salariés. « Nous avons reçu 240 opérateurs en entretien individuel pour leur proposer de s’engager dans un parcours de polyvalence », explique Étienne Gaidot.  Évelyne a choisi d’adhérer à la démarche. « Je n’ai pas de problème de santé, confie-t-elle, mais j’allais régulièrement voir l’infirmière parce que j’avais parfois mal dans les bras. J’ai donc suivi deux formations Adapte. La première portait sur les TMS, l’ergonomie, la gestuelle, mais aussi sur l’intérêt de la polyvalence pour l’entreprise comme pour le salarié. La deuxième m’a permis de me former à d’autres postes. » Aujourd’hui, elle alterne sur plusieurs postes de contrôle et de conditionnement. À l’issue de son parcours de polyvalence, elle a obtenu une reconnaissance individuelle sur le plan de la qualification et du salaire. Fin 2008, une centaine d’opérateurs ont suivi la démarche Adapte.
Sur le plan ergonomique, il n’y a pratiquement plus de postes de travail de niveau orange. « Désormais, dès qu’un poste est modifié ou créé, la question de l’ergonomie est considérée comme une priorité, souligne Erik Lucet. L’objectif est de le concevoir de manière à ce qu’il soit directement intégré dans la catégorie des postes “verts”, c’est-à-dire accessibles à tous. »

Le témoignage

Gaidot Etienne, Coordinateur du projet au sein de la

« On ne se focalise plus sur l’inaptitude, mais sur ce que la personne peut faire »

« Le projet Adapte a permis de changer profondément la perception des restrictions d’aptitude dans l’entreprise. Lorsque le médecin du travail reçoit un salarié en difficulté, il ne se prononce plus sur son éventuelle inaptitude au poste, mais sur son employabilité. Grâce au logiciel, on se focalise sur ce que la personne peut faire et non sur ce qu’elle ne peut plus faire. C’est une évolution culturelle fondamentale. Adapte nous a par ailleurs permis de faire revenir en production des personnes qui avaient été affectées à notre atelier

/

 (restrictions d’aptitude/restrictions d’horaire), au risque d’être marginalisées. Cet atelier retrouve ainsi sa vocation première : pouvoir offrir à une personne fragilisée ou en retour de maladie un accueil temporaire permettant de se réadapter au rythme de l’entreprise. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Groupe : Bosch
  • Entreprise : Robert Bosch France SAS (Mondeville)
  • Etablissement : Etablissement de Mondeville
  • Activité : Industrie automobile
  • Région : Normandie
  • Effectif entreprise : 1 106
  • Effectif TH de l'entreprise : 62
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 5,95
  • Accord d’entreprise : OUI
  • Contact : Lucet Erik (DRH) :
    Erik.Lucet@fr.bosch.com
  • Mise à jour : 11/06/2009

La fiche technique

  • Durée de mise en œuvre : 18 mois
  • Nombre de salariés concernés : tous
  • Type de handicap : tous types
  • Aménagements :
    • techniques : oui
    • organisationnels : oui
    • de formation : oui
  • Financement : Robert Bosch France SAS, établissement de Mondeville, Agefiph
  • Partenaires : Sameth du Calvados, cabinet de conseil
Thématique
Publié le 22 septembre 2010