Témoignage Entreprise

Le garage Saint-Nicolas recrute un peintre-carrossier malgré ses problèmes de dos

En créant le garage Saint-Nicolas, à Marly (Moselle), Nicolas Henrion choisit d’embaucher Yannick, peintre-carrossier dont il connaît les qualités professionnelles. Pour le gérant, le sérieux et les compétences du jeune homme valent bien un aménagement de poste.

L’expérience

Article rédigé le 27/10/07

Des solutions « maison » pour contourner le handicap

Lorsqu’il crée sa petite entreprise de tôlerie-peinture, fin 2005, à Marly, en Moselle, Nicolas Henrion décide de recruter Yannick, peintre carrossier qu’il a rencontré au cours d’un stage de formation. Ancien soudeur, le jeune homme a dû se reconvertir en raison des problèmes de dos dont il souffre depuis l’enfance. Son handicap risque d’avoir également des incidences dans le travail quotidien au garage, où 75 % des travaux de carrosserie sont réalisés sur la partie basse des véhicules. Mais le gérant, qui connaît les compétences et le sérieux de Yannick est bien décidé à relever le défi. Il est convaincu qu’avec un minimum d’astuce et d’aménagements, les difficultés pourront être contournées. Étant donné la petite taille de l’entreprise et la nécessité de démarrer rapidement l’activité, Nicolas Henrion décide dans un premier temps de ne pas mobiliser de partenaires extérieurs pour concevoir et réaliser les aménagements. Il estime que ses compétences techniques et celle de son salarié suffiront pour trouver les solutions adéquates.

Du matériel détourné de son usage premier

« Avec Yannick, nous avons procédé de façon très méthodique, raconte Nicolas Henrion. Nous avons d’abord analysé ensemble les différents postes qu’il occupe, décomposé son travail tâche par tâche et tenté d’identifier toutes les postures qui pouvaient poser problème. » À chaque difficulté rencontrée, les deux hommes trouvent des solutions simples et peu onéreuses, quitte à détourner de son utilisation première du matériel disponible dans le commerce. Dès l’installation du garage, ils fabriquent ainsi des établis surélevés à partir de plans de travail de cuisine, achètent un tabouret extra bas et équipent de roulettes des chevalets initialement destinés à des travaux de peinture. Ces éléments mobiles, réglables en hauteur et inclinables, permettront à Yannick d’effectuer sans trop d’effort la manutention de certaines pièces. Il faut également organiser le travail de l’atelier, éviter d’encombrer les points de passage avec des véhicules en attente. Sur les trois tâches principales réalisées par Yannick, réparation, préparation, peinture, seule la dernière requiert des équipements trop onéreux. Il est donc décidé que Yannick renoncera à certaines tâches.

Un investissement important pour l’entreprise

Dès l’embauche du jeune homme, qui bénéficie déjà du statut de travailleur handicapé, Nicolas Henrion prend contact avec Cap emploi pour monter un dossier de demande d’aide à l’embauche. Il est ensuite mis en contact avec le Sameth Moselle qui évalue le handicap de Yannick et propose des mesures de compensation. La démarche permet d’obtenir, auprès de l’Agefiph, le cofinancement d’un pont de levage habituellement utilisé dans les centres automobile pour la réparation des pneumatiques. Là aussi, l’usage premier de l’outil sera détourné. Malgré l’aide apportée, l’investissement reste lourd pour l’entreprise. « Cette opération m’a obligé à doubler mon budget matériel sur l’année 2007 », souligne Nicolas Henrion, qui précise toutefois que les financements ont été débloqués rapidement.

Un suivi administratif difficile à gérer

Deux ans après l’ouverture du garage, le poste de Yannick est donc sur le point d’être totalement adapté. Un contretemps du côté du fabricant a retardé la livraison du pont élévateur, mais l’entreprise y gagnera au change puisqu’elle recevra, à titre de dédommagement, une chandelle mobile permettant de soulever les véhicules. Un outil supplémentaire pour faciliter la tâche de Yannick.
Nicolas Henrion reste quant à lui très satisfait des solutions trouvées et de son salarié, en qui il place toute sa confiance. « Les réflexions menées nous ont sans doute conduits à mieux organiser et anticiper le travail, ce qui est important dans un garage où l’on est systématiquement sur plusieurs chantiers à la fois. »
« Pour de petites entreprises comme la nôtre, poursuit-il, les aides sont vraiment capitales et il est très difficile de mener de front notre activité tout en assurant le suivi administratif de dossiers comme celui-ci. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Garage Saint-Nicolas
    Région : Lorraine-Alsace
  • Effectif entreprise : 3
  • Effectif TH de l'entreprise : 1
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Nicolas Henrion (gérant) :
    n.henrion@free.fr
  • Mise à jour : 19/11/2007

Le témoignage

Henrion Nicolas, gérant

« J’ai embauché des compétences, pas un handicap »

« Avec Yannick, j’ai un équipier en or. Nous sommes sur la même longueur d’onde. Nous avons tout fait ensemble dès le départ pour trouver les meilleures solutions afin de lui faciliter la tâche. Lorsque j’ai créé le garage, je n’ai pas hésité : c’était lui et pas un autre. J’ai embauché des compétences, pas un handicap. Mais il faut reconnaître que toutes les démarches à entreprendre peuvent paraître lourdes et onéreuses, malgré les aides. Je comprends que certains indépendants renoncent à s’engager dans ce genre de projet. »

La fiche technique

  • Durée du projet : 2 ans
  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : moteur
  • Aménagements :
    • techniques : oui
    • organisationnels : oui
    • formation : non
  • Financements : Garage Saint-Nicolas, Agefiph
  • Partenaires : Cap emploi, Sameth
Publié le 29 septembre 2010