Témoignage Entreprise

Le DRH de SGS France décide d’appuyer sa démarche handicap sur une salariée qu’il s’apprêtait à licencier pour inaptitud

Atteinte d’une sclérose en plaque, Valérie Lacomme, ancienne technicienne de recherche, travaille aujourd’hui en binôme avec Francis Bergeron comme chargée de mission handicap du groupe.


L’expérience

Fiche rédigée le 03/02/10

Un licenciement apparemment inéluctable

Technicienne de recherches cliniques depuis 1992 au sein d’un laboratoire du groupe SGS, spécialiste du contrôle, de la certification et de la gestion des risques, Valérie Lacomme apprend en 1999 qu’elle est atteinte d’une sclérose en plaque. Dans un premier temps, elle n’en parle pas à son employeur et continue à travailler dans les mêmes conditions qu’avant, mais la maladie progresse. Travaillant avec des médecins, qui comprennent sa situation, elle finit par passer à mi-temps. Les années passent, Valérie a un enfant et prend un congé parental. À son retour, il ne lui est plus possible de suivre le rythme. Elle prend contact avec Francis Bergeron, le DRH du groupe, convaincue que le licenciement est inéluctable.

« La rencontre avec Valérie a été pour moi un élément déclencheur, raconte ce dernier. J’étais précisément en train de réfléchir à l’obligation d’emploi des personnes handicapées et aux différents freins auxquels nous sommes confrontés : niveau de recrutement élevé, absence de sensibilisation du management, métiers contraignants nécessitant de fréquents déplacements… Et voilà que je m’apprêtais à licencier une collaboratrice devenue handicapée ! » Au terme d’un long entretien, le DRH décide de saisir l’opportunité : non seulement, il ne licenciera pas Valérie, mais il compte faire d’elle l’acteur central d’un dispositif qu’il s’apprête à mettre en place.

Un conseil « à distance » pour les salariés et les managers

Depuis juillet 2009, Valérie Lacomme est chargée de mission handicap du groupe SGS. Elle travaille à temps partiel, de son domicile, et se rend au siège de Cachan (Val-de-Marne) tous les deux mois. En lien permanent avec Francis Bergeron, elle construit, mois après mois, le dispositif sur lequel s’appuie la démarche du service RH. Elle assure par exemple une  « hotline » destinée aussi bien aux salariés qu’aux managers qu’elle conseille, oriente et assiste dans toutes les démarches administratives relatives au handicap. Elle effectue également un suivi des arrêts maladie de longue durée et établit un contact, en toute confidentialité, avec les salariés concernés. « Son parcours personnel lui donne la légitimité de le faire et libère la parole, souligne Francis Bergeron. Elle explique aux personnes les enjeux de la RQTH, l’intérêt qu’ils pourront en retirer et leur propose son aide. C’est une bonne manière pour anticiper sur un maintien dans l’emploi » .

Valérie a également élaboré un tableau de bord mensuel présenté aux différents comités de direction du groupe et de ses sociétés : « Chez nous, l’approche par les coûts est un levier de conviction important, poursuit le DRH. C’est toute l’intelligence de la loi de 2005 : sitôt que l’entreprise se penche sur la question et engage une action, elle peut peser sur l’impact de la contribution. C’est très stimulant pour les managers. »

Dans cette optique, Valérie travaille aussi sur la sous-traitance avec les secteurs protégé/adapté en réalisant le benchmarking des Esat et entreprises adaptées et des différentes prestations susceptibles d’intéresser le groupe, l’idée étant, à terme, de susciter un « réflexe sous-traitance » .

Un binôme très complémentaire

La chargée de mission handicap intervient en support d’une démarche plus large engagée par Francis Bergeron au niveau du groupe, qui a négocié avec les instances représentatives du personnel une feuille de route reprenant les principaux axes des politiques handicap déployées dans les grandes entreprises : sensibilisation, recrutement, maintien dans l’emploi, recours à la sous-traitance. « Nous n’avons pas fait agréer cet accord car la route est longue et l’objectif d’un taux d’emploi à 6 % très lointain. Notre ambition est de faire du handicap un véritable enjeu d’entreprise et de mobiliser l’ensemble du groupe sur ce thème fédérateur. Cette appropriation culturelle est incontournable si nous voulons que les managers recrutent malgré les obstacles, que les salariés en difficulté se déclarent, et que tout soit mis en œuvre pour préserver leur employabilité. Dans chacune de mes démarches pour convaincre les uns et les autres, Valérie m’apporte une expertise et une autorité indéniables. »

Des actions qui portent leur fruit

Dans le cadre de la communication interne autour de l’accord, le rôle de Valérie Lacomme a été mis en avant sur les différents supports internes et l’Intranet. Quelques mois après l’officialisation de sa fonction, la chargée de mission handicap mesure déjà les effets de son action, notamment au vu de ses contacts avec certains salariés. « En quelques mois, huit personnes ont déclaré leur handicap et une trentaine ont engagé une démarche en ce sens. C’est malheureusement une formalité administrative assez longue. »
Pour Francis Bergeron, le bouche-à-oreille fonctionne et chaque action menée constitue un argument supplémentaire pour avancer. « Lorsqu’un manager me dit : “Embaucher une personne handicapée dans mon service, c’est n’est pas possible”, je suis en mesure de lui répondre : “Pourtant, certains de nos collaborateurs ont déclaré un handicap et, sans le savoir, vous en avez peut-être au sein de votre équipe” ! »

Le témoignage

Bergeron Francis,

DRH

 de

SGS

 France

« L’emploi des personnes handicapées pose la question plus large de l’employabilité »

« Dans une entreprise comme la nôtre, où le recrutement des personnes handicapées n’est a priori pas aisé, du fait du niveau exigé, le maintien dans l’emploi constitue un axe d’approche très intéressant. Chaque année, nous sommes confrontés à des problématiques d’inaptitude, en raison de maladies cardio-vasculaires par exemple. La solution la plus simple est certes de signifier une rupture du contrat de travail. Mais au moment où les carrières professionnelles s’allongent, où l’emploi des seniors est mis en avant, le maintien dans l’emploi est une opportunité de réfléchir à la question désormais cruciale de l’employabilité. À travers le handicap, il y a un vrai travail à mener dans ce sens. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Groupe : SGS
  • Entreprise : SGS France
  • Activité : Contrôle, certification, gestion des risques
  • Région : Ile-de-France
  • Effectif entreprise : 2 330
  • Effectif TH de l'entreprise : 25
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : nc
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Bergeron Francis (DRH) :
    francis.bergeron@sgs.com
  • Mise à jour : 16/02/2010

La fiche technique

  • Nombre de personnes concernées : 1
  • Type de handicap : moteur
  • Aménagements :
    • techniques : oui
    • organisationnels : non
    • de formation : non
  • Financement : SGS, Agefiph
Thématique
Publié le 22 septembre 2010