Témoignage Entreprise

Le centre Alexis-Vautrin de Nancy définit sa politique d’emploi des personnes handicapées suite à un diagnostic

Spécialisé dans la lutte contre le cancer, l’établissement lorrain a fait appel à l’Association Perspectives et Compétences (APC) pour évaluer sa situation et mettre en œuvre en plan d’actions.


L'expérience

Fiche rédigée le 11/07/08

Une prise de conscience suite à la loi de 2005

Le Centre Alexis-Vautrin (CAV) de Nancy-Brabois est l’un des vingt centres français de lutte contre le cancer. De statut privé, il appartient à la catégorie des établissements PSPH (participant au service public hospitalier) et est financé comme l’hôpital public. En matière de recherche, il tire son financement de dons, de legs et de différents fonds pour la lutte contre le cancer. Spécialisé dans la prévention, le diagnostic, les soins, l’enseignement et la recherche, il compte aujourd’hui 155 lits et 23 fauteuils d’hôpital de jour.

La loi « Handicap » de 2005 conduit la direction du CAV à prendre conscience de la nécessité de mettre en place une politique d’emploi des personnes handicapées. Les nouvelles modalités de calcul du taux d’emploi et les évolutions des effectifs risquent en effet de peser lourdement sur la contribution annuelle versée à l’Agefiph. Pour l’année 2006, l’établissement déclare 12 unités bénéficiaires manquantes. Au cours d’une journée d’information de l’ANDCP (Association nationale des directeurs et cadre de la fonction personnel), Olivier Ringwald, le responsable des ressources humaines entre en contact avec l’Association Perspectives et Compétences (APC) qui lui propose de réaliser un diagnostic de l’établissement afin d’évaluer sa situation face à l’emploi des personnes handicapées et d’élaborer un plan d’action.

Un état des lieux pour définir des pistes d’actions à mener

Pendant un mois et demi, une consultante de l’APC analyse les données relatives à la DOETH (déclaration d’obligation d’emploi des travailleurs handicapés) et rencontre les différents responsables de services du centre, le médecin du travail et l’infirmière d’entreprise. De cette étude, il ressort que plusieurs salariés en poste pourraient bénéficier d’une reconnaissance de leur handicap et que d’autres, qui étaient bénéficiaires, n’ont pas renouvelé la démarche.

Comme tous les établissements de santé, le CAV peine à recruter des travailleurs handicapés à des postes de soignants qui nécessitent des diplômes d’État. Le diagnostic suggère donc de faire porter, dans l’immédiat, l’effort de recrutement sur les services internes (accueil, brancardiers, agents de service hospitalier…) et l’administration (secrétariat médical), qui doivent faire l’objet d’un important renouvellement de personnel dans les dix années à venir.
Le service de restauration, qui est assuré par l’établissement lui-même, est également susceptible d’accueillir des travailleurs handicapés. « C’est l’une de nos particularités, précise Olivier Ringwald. Nous avons très peu recours à l’externalisation, sauf pour le traitement du linge. » Les possibilités de sous-traitance avec le secteur protégé/adapté sont donc très réduites.

Sensibilisation, recrutement et maintien dans l’emploi

Au terme du diagnostic, l’APC suggère un plan d’actions en trois volets. Le premier porte sur la sensibilisation. Des réunions sont organisées avec l’APC, Cap emploi et le Sameth à l’intention du personnel. L’objectif est d’apporter un éclairage sur le handicap, les différents canaux de recrutement et les procédures de maintien dans l’emploi. L’ensemble des salariés est par ailleurs invité à une réunion d’information. « Nous n’avons pas eu la mobilisation escomptée, reconnaît Olivier Ringwald, mais c’était un premier pas. Il y a eu des relais puisque, à l’issue de cette réunion, un salarié a spontanément engagé les démarches pour la reconnaissance de son handicap. »

Pour la partie recrutement, le CAV prend notamment appui sur Cap emploi qui permet, dès 2007, l’intégration de deux secrétaires médicales, l’une en contrat de professionnalisation, l’autre en contrat aidé, d’un agent de service et d’un cuisinier. Enfin, le Sameth assure un accompagnement sur le maintien dans l’emploi et apporte aux salariés, en lien avec le médecin du travail, une aide administrative pour les démarches de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Plusieurs actions ont été menées en ce sens, notamment le maintien d’un brancardier victime d’un accident de la route. « Il reste dans son service, où il assurera l’accompagnement et la visite des patients ainsi que l’accueil téléphonique », explique le responsable ressources humaines.

Une démarche inscrite dans le projet d’établissement

« La dynamique est aujourd’hui lancée », se réjouit Olivier Ringwald. Le Centre est mobilisé, l’encadrement est associé aux processus de recrutement et les partenariats fonctionnent. » Pour l’année 2007, il ne manque au CAV que trois unités manquantes pour atteindre le taux d’emploi légal. Mais la démarche ne s’arrête pas aux seuls résultats quantitatifs. « Le nombre de secteurs pouvant a priori accueillir des personnes handicapées étant réduit, nous devons veiller à ne pas stigmatiser ces services. La cuisine, par exemple, compte déjà plusieurs salariés handicapés. »
Afin d’élargir les possibilités de recrutements, l’établissement souhaite se rapprocher des écoles d’infirmières, développer l’apprentissage et l’alternance. Un premier pas a été effectué en direction de la Croix Rouge, qui assure la formation de la secrétaire médicale embauchée en contrat de professionnalisation.

Enfin, le CAV travaille à la mise en place d’une commission « mobilité et reclassement » afin d’anticiper sur d’éventuelles déclarations d’inaptitude et de faciliter le maintien dans l’emploi.
« Le dossier emploi des personnes handicapées a été intégré au volet social de notre projet d’établissement, qui porte sur cinq ans et a été négocié avec les partenaires sociaux », conclut Olivier Ringwald.

Le témoignage

Ringwald Olivier, responsable ressources humaines

« Nous devons faire passer le message en direction des écoles »

« La principale difficulté à laquelle nous sommes confrontés, en tant qu’établissement de santé, porte sur le recrutement de travailleurs handicapés à des postes de soignants, qui représentent près de la moitié de nos effectifs. Peu de personnes handicapées ont accès aux formations conduisant aux diplômes nécessaires. Il faut donc passer le message en direction des écoles et favoriser l’alternance. L’autre frein est le regard porté sur le handicap au sein de l’établissement. Nous devons continuer à informer, expliquer, sensibiliser. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Centre Alexis-Vautrin
  • Activité : Centre de lutte contre le cancer
  • Région : Lorraine-Alsace
  • Effectif entreprise : 680
  • Effectif TH de l'entreprise : 23,5
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : nc
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Ringwald Olivier (responsable ressources humaines) :
    o.ringwald@nancy.fnclcc.fr
  • Mise à jour : 08/10/2008

La fiche technique

  • Durée du diagnostic : 1,5 mois
  • Modalités d'action : projet inscrit au projet d'établissement
  • Financement : Centre Alexis-Vautrin, Agefiph
  • Partenaires : APC, Cap emploi, Sameth, Croix-Rouge
Publié le 22 septembre 2010