Le Carré aménage le poste de son régisseur de plateau au bénéfice de tous
L'expérience
Fiche actualisée le 27/11/17
Le chemin insidieux de l’usure professionnelle
À Château-Gontier (Mayenne), Le Carré, labellisé scène nationale, propose au public une quarantaine de spectacles par saison pour une centaine de représentations. Par ailleurs centre d’art contemporain, il programme également trois grandes expositions chaque année ainsi que de nombreuses activités culturelles. Cette structure emploie 14 salariés à temps plein et à peu près autant d’intermittents du spectacle.
Depuis près de 25 ans, Éric est salarié du Carré. Côté théâtre, il officie comme régisseur de plateau et intervient, côté centre d’art contemporain, sur le montage des expositions. Un travail très sollicitant au plan physique. En 2003, à l’approche de la quarantaine, il connaît une première alerte : des douleurs aux membres supérieurs lui font ressentir les effets de l’usure professionnelle. Il continue néanmoins son travail sans véritablement s’inquiéter. Trois ans plus tard, nouvelle alerte : Eric doit encore s’arrêter. À son retour, il renoue avec le quotidien sans changer ses habitudes. Ses douleurs persistent. Mai 2014, la situation s’aggrave pour de bon. Cette fois, l’avis du médecin de travail est sans ambiguïté : il faut agir.
Des aménagements adaptés
« Quand on est pris par son métier, on n’est pas très attentif à ces choses-là. On se laisse porter par la routine, on se dit que ça passera et on n’en parle pas forcément à l’employeur », commente Sylvain Trovallet, lui-même ancien technicien de plateau devenu directeur technique du Carré. Au fil des années, les difficultés d’Éric sont certes devenues de plus en plus visibles et l’équipe a appris à composer avec en recourant à des intermittents pendant ses absences. Mais aucune réflexion globale n’avait été engagée.
Quand le médecin du travail tire la sonnette d’alarme, il oriente Le Carré vers le Sameth 53. Les tâches du salarié sont analysées au regard des restrictions médicales et des préconisations sont formulées en termes d’organisation et d’aménagement technique pour lui faciliter certaines tâches (port de charges lourdes, gestes répétitifs, travail en hauteur) ; l’employeur fait par ailleurs d’importantes acquisitions matérielles : bacs ergonomiques à fond constants pour éviter de se baisser, perches motorisées pour régler les éclairages en hauteur, machine autolaveuse, un gerbeur électrique… Le dossier de financement, assez important, associe l’Agefiph, la Carsat, Le Carré et la Communauté de Communes du Pays de Château-Gontier.
Une prise de conscience pour l’équipe
« Presque toutes les préconisations du Sameth ont été suivies. Pour la direction, il s’agissait non seulement de permettre à Éric de continuer à travailler en préservant sa santé, mais aussi d’améliorer les conditions de travail de ses collègues », précise Sylvain Trovallet. Le matériel acheté dans le cadre de la démarche de maintien dans l’emploi bénéficie en effet à tous, permanents comme intermittents. L’exemple du régisseur de plateau a occasionné une prise de conscience au sein de l’équipe. « Nous sommes tous plus attentifs aux gestes et postures et travaillons maintenant de façon différente. Ce n’est pas parce qu’un technicien a 20 ans et qu’il est supposé être plus costaud qu’il doit se casser le dos », souligne le directeur technique.
A titre individuel, Éric travaille aujourd’hui plus sereinement. Il est moins sollicité physiquement et la reconnaissance de son handicap a permis de clarifier les choses. « Quand on est dans le non-dit, qu’on est obligé d’abandonner, de manière officieuse, certaines tâches aux collègues parce qu’on ne peut plus les assumer, cela peut créer un malaise voire de la suspicion au sein d’une équipe, analyse Sylvain Trovallet. Sa situation, qu’il assume parfaitement, est maintenant connue de tous. Cela a permis de lever les ambiguïtés et de rétablir toute sa légitimité aux yeux de ses collègues. »
Le témoignage
Sylvain Trovallet, directeur technique du Carré
« Bien souvent, du côté du salarié comme de l’employeur, on a tendance à attendre que les vraies difficultés apparaissent pour agir. L’exemple d’Eric nous a conduits à prendre conscience de la nécessité d’anticiper. C’est d’autant plus important qu’au-delà du risque d’aggravation des problèmes physiques du salarié, ses absences répétées ont tendance à l’isoler. Quand est obligé de s’arrêter plusieurs fois dans une saison, on n’est plus du tout dans la dynamique de l’équipe et c’est très dur à gérer moralement. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Entreprise : Le Carré, Scène nationale - Centre d’art contemporain
- Activité : activités culturelles (spectacle vivant / expositions)
- Région : Pays de la Loire
- Effectifs : 14 (+ 15 intermittents)
- Effectif TH : 1
- Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
- Contact : Sylvain Trovallet, directeur technique - sylvain.trovallet@le-carre.org
La fiche technique
- Nombre de personnes handicapées concernées : 1
- Type de handicap : handicap moteur
- Aménagements :
- techniques : oui
- organisationnels : oui
- formation : non - Financements : Le Carré, Carsat, Agefiph, Communauté de Communes du Pays de Château-Gontier
- Partenaires : Sameth 53