Le cabinet d’avocats Linklaters s’ouvre à l’alternance et au handicap
L’amorce d’une réflexion sur le handicap
La firme anglaise d’avocats d’affaires Linklaters a essaimé sur tous les continents où elle compte 31 bureaux et 5 000 collaborateurs. Sa filiale française, créée à Paris au début des années 1970, emploie aujourd’hui 300 personnes dont 170 avocats. Ultra élitiste, le domaine du droit des affaires recrute les jeunes diplômés jugés les plus prometteurs laissant de côté les étudiants handicapés. Il a fallu attendre l’arrivée récente d’associations d’intermédiation telles que Droit comme un H* pour commencer à faire bouger cet ordre établi. C’est une rencontre avec son président, Stéphane Baller, à l’été 2019 qui a conduit Pauline Debré, en charge du département Propriété intellectuelle et co-fondatrice avec Laure Vitte, DRH, du comité Diversité et Inclusion de Linklaters Paris, à ouvrir une réflexion sur le sujet du handicap. « Nous souhaitions initier des actions concrètes telle que l’accueil de stagiaires handicapés. Cela va bien au-delà des formations de sensibilisation que nous dispensions jusque-là. » Une convention de partenariat est signée entre le cabinet et Droit comme un H. L’un et l’autre se rôdent sur l’accueil de premiers stagiaires, alors que le cabinet se lance dans d’autres initiatives comme la participation au Duoday. Un profil revient régulièrement dans les échanges entre les deux partenaires, celui de Tiffany Affre, âgée d’une vingtaine d’années.
Une première salariée handicapée en alternance
Avant l’été 2020, Pauline Debré reçoit en entretien la jeune étudiante en master 1 de droit à l’Université d’Assas. En raison de la maladie invalidante dont elle est atteinte, la jeune femme ne passe pas ses examens de fin d’année et se met provisoirement en retrait de la vie étudiante. Encouragée par Stéphane Baller qui continue à la suivre, elle recontacte Pauline Debré en juin 2021. Tiffany aimerait passer son année de master 2 en alternance chez Linklaters. Le format de l’alternance n’est pas du tout répandu au sein des cabinets d’avocats. Il n’est donc, dans un premier temps, pas donné suite à sa demande mais Pauline Debré et Laure Vitte explorent toutes les possibilités pour lui donner sa chance. En septembre 2021, Tiffany est finalement intégrée pour un an en qualité de juriste alternante au sein du département de Pauline Debré dont elle partage la spécialité. Deux jours par semaine, la jeune femme étudie à l’université Paris-Descartes de Malakoff en M2 « Propriété intellectuelle, droit du numérique et protection des données personnelles ». Les trois autres jours, elle travaille dans un bureau du 8e arrondissement qu’elle a souhaité individuel pour pouvoir s’administrer ses traitements à l’abri des regards. Tiffany bénéficie aussi de la possibilité de télétravailler. Elle a, par ailleurs, reçu une aide financière de 500 euros pour acheter du matériel informatique et bénéficié d’informations et de conseils d’un médecin du Service de la Santé universitaire (SSU) sur les possibilités de compensation de son handicap.
Une action pionnière qui fait parler d’elle
La présence de Tiffany, son profil, mais plus encore son mode d’accueil en alternance ont ouvert une voie nouvelle en faveur de l’inclusion au sein du cabinet Linklaters. Discrète, la jeune femme souhaite avant tout passer inaperçue afin, dit-elle, de « ne pas être réduite à son handicap » si l’information venait à se répandre. Elle réfère à Pauline Debré, seule, et cette proximité lui convient bien, notamment lorsqu’elle doit justifier ses absences pour raisons médicales. Elle s’efforce de garder le rythme, particulièrement soutenu cette année, et s’épanouit pleinement dans cette dynamique études/travail qu’elle trouve très stimulante. De son côté, Pauline Debré fait office de pionnière au sein du cabinet. Elle a conscience d’avoir contribué à remettre la jeune femme en mouvement alors que ses chances d’intégrer la profession s’étaient largement réduites durant son absence pour maladie. « Le format de l’alternance s’avère vraiment opportun parce qu’il est bien adapté dans la durée pour le milieu juridique et les personnes handicapées, résume-t-elle. Des expériences comme l’accueil de Tiffany sont des premières mais elles contribuent à faire évoluer les mentalités. Le bouche-à-oreille est efficace. On commence à entendre dire que la cabinet Linklaters Paris est handi-accueillant et nous en sommes très contents. » * Droit comme un H, association pour l’accès des étudiants handicapés aux professions du droit - www.droit-comme-un-h.com
TÉMOIGNAGE
Pauline Debré et Laure Vitte, Linklaters « Le sujet du handicap fait l’unanimité parce qu’il a été trop longtemps délaissé »
« Les actions menées en interne en faveur du handicap suscitent une vraie adhésion. Il faut bien dire que parmi les sujets en lien avec la diversité et l’inclusion, le handicap fait l’unanimité parce qu’il a été trop longtemps délaissé. Nous avons donc le soutien d’une grande part du management et des collaborateurs. Sans compter que les langues se délient. On apprend par exemple qu’untel a des problèmes de surdité importants qui l’obligent à compenser dans le plus grand secret depuis des années alors qu’en réunion, on n’avait jamais rien observé ! »
FICHE D’IDENTITÉ
Entreprise : Linklaters LLP
Région : IDF
Activité : Services aux entreprises
Effectif : 300
Effectif TH : 2
Unités valorisables au titre de la sous-traitance : nc
Accord agréé : non
Convention : non
Contact : Pauline Debré, associée en charge du département Propriété intellectuelle et du sujet Diversité et Inclusion & Laure Vitte, directrice des Ressources humaines
Mise à jour : 16/03/2022
FICHE TECHNIQUE
Nombre de personnes handicapées concernées : 1
Type de handicap : maladie invalidante
Aménagements
- techniques : oui
- organisationnel : oui
- formation : oui
Financements : Linklaters
Partenaires : Droit comme un H, Service de la Santé Universitaire