Témoignage Entreprise

Le BRGM confie la gestion logistique de son matériel informatique à deux travailleurs détachés d’un Esat

Après une première expérience réussie autour de la création d’un atelier-vélo, le Bureau de recherches géologiques et minières d’Orléans sollicite à nouveau l’Esat de Lignerolles (Adapei45) pour remplacer au pied levé un agent responsable de la gestion logistique du matériel informatique.


L'expérience

Fiche rédigée le 01/03/10

L’idée de l’intervention d’un soulève des inquiétudes

Fin 2008, le centre scientifique et technique du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) implanté à Orléans, expérimente un partenariat original avec un Esat local : dans le cadre de la mise en place d’un plan de déplacement d’entreprise incitant ses 900 salariés à utiliser des modes de déplacements « doux » (vélo, covoiturage, transports collectifs…), il inaugure dans ses murs un atelier de maintenance de vélos entièrement géré par des travailleurs handicapés détachés de l’établissement. L’opération est un succès.

 « Depuis, nos liens avec l’Esat se sont renforcés, confie Laurence Galliard, juriste à la DRH. Nous nous rencontrons régulièrement pour imaginer de nouvelles idées, de nouveaux projets de collaboration »,

Fin 2009, l’agent du BRGM en charge de la gestion logistique du matériel informatique (récupération, livraison et gestion des stocks de consommables) quitte son poste. Une demande de recrutement est alors transmise à la DRH pour le remplacer. Laurence Galliard en est avisée. « J’ai immédiatement pensé faire appel à une équipe de l’Esat», confie-t-elle.
Mais l’idée est loin de convaincre tout le monde. Les travailleurs handicapés seront-ils en mesure d’effectuer les tâches demandées ? Feront-ils preuve de la réactivité attendue ? Sauront-ils s’orienter parmi les dix bâtiments du site orléanais ? Seront-ils aptes à assurer le port de charges lourdes ?

Consensus autour d’un mois d’expérimentation sur site

Au cours d’une réunion organisée avec la direction de l’Esat de Lignerolles, les responsables du service informatique et des différentes unités du BRGM, accompagnés du  DRH et de Laurence Galliard, définissent leurs besoins et font part de leurs interrogations. Il est décidé d’expérimenter un mode d’organisation pendant un mois. En novembre 2009, deux travailleurs de l’Esat sont confiés à Sofia, ingénieur système, chargée de les former. « Durant le mois de test, accompagnée d’une équipe réduite du service informatique, je leur ai montré ce que nous attendions d’eux et la marche à suivre pour y parvenir, raconte-t-elle. Nous nous réunissions un jour par semaine. Le reste du temps, ils mettaient en pratique ces instructions » .

Tri des cartouches recyclées, test à réception des nouveaux matériels informatiques pré-configurés, effacement des données sur le matériel en fin de vie avant restitution à la société de location. Les deux personnes détachées assimilent progressivement les différentes tâches qui leur sont confiées. Certaines les conduisent aux quatre coins du site orléanais. « Nous avions précisé à la directrice de l’Esat que l’un des deux au minimum devait être titulaire du permis de conduire pour circuler entre les différents bâtiments », précise Laurence Galliard.

Un moniteur de l’Esat assure le lien avec le management

Au sein de l’Esat, c’est la directrice qui a procédé à la sélection des deux travailleurs, détachés. « Il nous fallait des « costauds » capables de soulever les ordinateurs ! », plaisante Sofia. Sur place, ils sont accompagnés d’un moniteur qui les aide dans la bonne réalisation de leurs différentes missions et conseille les responsables du service informatique sur la manière la plus efficace de leur faire passer les instructions pour qu’elles soient bien comprises. « Son rôle a été primordial. Bien des questions que nous nous posions en termes de management ont trouvé réponses auprès de lui », reconnaît Sofia.

Au sein des différents services du BRGM, une information est adressée à tous les agents par courrier électronique. « L’objectif était avant tout d’anticiper tout mécontentement lié à une possible lenteur ou à certaines hésitations, toujours légitimes les premiers jours, explique la responsable du projet. En cas de questions, les agents étaient invités à me joindre. »

Les horaires de travail des deux travailleurs détachés demeurent ceux de l’Esat. En raison de la distance qui sépare ce dernier du BRGM, ils arrivent tard le matin et repartent tôt le soir. Les mercredis après-midi et les vendredis, après 15 h, ils ne travaillent pas.

Une action pérennisée

À l’heure du bilan, tous les protagonistes de l’expérience se réunissent à nouveau. Sofia l’avoue, « le mois a été dur, il a fallu tester les différentes missions dans un délai très court pour tout le monde » . Finalement, une seule, jugée trop complexe, est abandonnée : le suivi de la traçabilité des colis à envoyer auprès des autres sites BRGM via le transporteur habituel. Elle restera à la charge des services internes. Pour le reste, toutes les inquiétudes formulées par le service informatique ont été levées jour après jour. « Nous avons constaté que le binôme était parfaitement capable de faire le travail et qu’il a su adapter son rythme de travail à la demande. Du côté du personnel du BRGM, les retours ont été très positifs. »
Toutes les conditions sont donc réunies pour que l’expérience soit prolongée à travers un contrat d’un an renouvelable, qui prend effet début 2010.

Désormais, l’organisation du travail obéit à un rituel simple : tous les matins, à leur arrivée, les deux salariés de l’Esat prennent connaissance de la liste des tâches du jour, toujours expliquées et commentées par Sofia. Ils continuent à être encadrés par leur moniteur, qui veille à la bonne réalisation du travail sans se substituer à eux.

Selon Sofia, la gestion du matériel informatique se trouve aujourd’hui améliorée grâce à l’intervention de l’Esat qui s’engage à assurer en continu la réalisation des différentes tâches. « Auparavant, lorsque l’agent affecté à ce service était absent ou malade, personne ne le remplaçait. C’est donc pour tous une vraie plus-value », commente-t-elle.

Le témoignage

Galliard Laurence, juriste au service

RH

« Un pas supplémentaire dans la sensibilisation du personnel »

« Au départ, le projet a suscité doutes et inquiétudes. C’était inévitable car la bonne gestion du matériel informatique est primordiale pour les agents et le service informatique. À l’inverse, l’atelier-vélo était un plus apporté aux salariés et n’existait pas auparavant. Il ne fallait donc pas « se louper » . Aujourd’hui, les inquiétudes sont levées et il n’est pas question de reprendre l’activité en interne. Cette action d’insertion vient s’ajouter à d’autres initiatives sur le plan de l’emploi des personnes handicapées et constitue un pas supplémentaire en termes de sensibilisation du personnel. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : BRGM
  • Activité : Recherche - Géosciences
  • Région : Centre
  • Effectif entreprise : 1 060
  • Effectif TH de l'entreprise : 12
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 1
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Galliard Laurence (juriste à la Direction des ressources humaines) :
  • Mise à jour : 09/09/2010

La fiche technique

  • Nombre de collaborateurs détachés de l'Esat : 2
  • Actions : sous-traitance de la gestion logistique du matériel informatique
  • Financement : BRGM
  • Partenaires : Esat de Lignerolles (Adapei45), service informatique
Publié le 22 septembre 2010