Laurent, salarié du secteur protégé, réussit son passage en milieu ordinaire grâce à l’entreprise Diprosane

L'expérience

Article rédigé le 25/05/08

L’entreprise candidate à l’évaluation de jeunes stagiaires déficients intellectuels

Implantée au Quessoy, près de Saint-Brieuc dans les Côtes-d’Armor, la société Diprosane fabrique des produits chimiques destinés à l’entretien des cheminées (poudres de ramonage, bûches de chauffage…). Fabien Le Formal, le gérant, est sollicité par Pyramide 22, une structure dépendant de l’APAJH Armor (Association pour adultes et jeunes handicapés), pour accueillir en stage des personnes déficientes intellectuelles travaillant dans le secteur protégé. L’objectif est de les évaluer en situation de travail pendant deux à trois semaines et de mesurer leur capacité à intégrer le secteur professionnel ordinaire. Le gérant et son équipe jouent le jeu et accueillent plusieurs stagiaires. Au fil du temps et des expériences, ils acquièrent ensemble une meilleure connaissance du handicap. Fabien Le Formal décide alors de franchir un nouveau pas en embauchant l’un de ces stagiaires, bien que l’entreprise ne soit pas particulièrement en recherche de personnel à ce moment-là.

Un CDI après une période de mise à disposition

Laurent, 24 ans, entre en stage fin 2002. Issu d'un Esat (CAT avant 2005) où il s'occupait des espaces verts, le jeune homme est affecté, chez Diprosane, à la mise en palettes des produits en bout de lignes. Au cours de son stage, il établit un excellent contact avec les 5 salariés que compte l'entreprise à l'époque. Fabien Le Formal lui propose de renouveler l'expérience et de l'intégrer les 6 mois suivants pour voir si cette collaboration peut être envisagée sur le long terme. Laurent est ravi. Un contrat de détachement est alors signé entre Diprosane et l'Esat permettant la mise à disposition du jeune travailleur handicapé. Au cours de cette période, en plus de son poste de manutentionnaire polyvalent, Laurent est sensibilisé à la dangerosité de certains des produits fabriqués et apprend à faire fonctionner différents matériels de conditionnement. Toujours motivé et toujours très apprécié, il est finalement embauché en CDI en 2003.

Une « éducation » professionnelle progressive

Bien qu’aucune procédure particulière n’ait été mise en place au sein de l’équipe, les salariés de Diprosane assurent par roulement un suivi quasi permanent du jeune homme. C’est progressivement qu’ils lui font prendre conscience de la dangerosité de certains produits qu’il sera amené à manipuler. « Nous ne l’avons pas formé à proprement parler, mais plutôt “éduqué” à l’univers professionnel spécifique qui est le nôtre, en lui livrant des explications au fur et à mesure que les situations se présentaient », explique Fabien Le Formal.
D’un point de vue plus personnel, le jeune homme est suivi par les encadrants de son établissement d’origine pendant toute la durée de sa mise à disposition. En revanche, ce suivi s’arrête dès qu’il devient salarié de Diprosal. Fabien Le Formal se tourne alors vers la chargée de mission de Pyramide 22 pour l’aider à réaliser à certains moments quelques petits « recadrages » nécessaires auprès de Laurent, dont l’humeur varie parfois.

Des efforts payants et l’ embauche d’un nouveau collaborateur

Parallèlement à son entrée chez Diprosane, Laurent qui est indépendant financièrement, quitte le domicile de ses parents pour s’installer seul. Cet apprentissage d’une nouvelle autonomie dans sa vie personnelle n’est pas sans conséquences sur son travail au quotidien et occasionne durant un temps quelques perturbations dans son comportement avec ses collègues. Un moment difficile pour tous dont Fabien Le Formal avoue s’être sorti avec l’aide précieuse de la chargée de mission de Pyramide 22 qui dispense des conseils et encourage l’équipe à ne pas baisser les bras. Cinq ans plus tard, Laurent fait toujours partie des effectifs de Diprosane, très fier de son emploi et du chemin parcouru depuis l’Esat. Pierrick, un autre jeune homme déficient intellectuel a également été embauché à la suite d’un stage. « Depuis, l’entreprise a grandi, explique Fabien Le Formal. Je n’ai plus autant de contacts avec Laurent et Pierrick qu’avant. Mais l’équipe a assuré le relais et ils sont aujourd’hui l’un et l’autre parfaitement intégrés. »

Le témoignage

Le Formal Fabien, gérant

« Un sentiment d’utilité et de responsabilité pour toute l’équipe »

« Les arrivées successives de Laurent, puis de Pierrick dans l’entreprise, ont demandé un gros effort de la part de l’équipe en termes de suivi et d’accompagnement. Cela donne à chacun un formidable sentiment d’utilité et de responsabilité. La preuve que cela fonctionne : la société est désormais très sollicitée par le secteur protégé pour accueillir des stagiaires car la qualité de nos évaluations est reconnue. Seul bémol peut-être ? La rupture de suivi un peu brutale de la part de l’

Esat

 après l’embauche de Laurent. Pour moi, c’est un manque dans le dispositif d’insertion professionnelle. »

La fiche d'identité de l'entreprise

• Entreprise : Diprosane
• Activité : Fabrication de produits d'entretien
• Région : Bretagne
• Effectif entreprise : 17
• Effectif TH de l'entreprise : 2
• Contact : Le Formal Fabien (Gérant) :
• Mise à jour : 08/10/2008

La fiche technique

• Durée de mise en œuvre : 6 mois
• Nombre de salariés concernés : 1
• Type de handicap : mental
• Aménagements :
  • techniques : non
  • organisationnels : non
  • de formation : non
• Financement : Agefiph, Diprosane
• Partenaires : Pyramide 22 (Apajh), Esat