Témoignage Entreprise

L’Atelier du Bois accueille un jeune homme sourd profond en apprentissage

Habituée à accueillir des jeunes en formation, la petite entreprise de menuiserie s’est adaptée à la surdité de David comme elle s’adapte, selon son gérant, à la singularité de chaque apprenti, quel qu’il soit.


L'expérience

Fiche rédigée le 09/04/15

Recruté sur sa seule motivation

Et si l’ouverture à la différence et l’attention portée à l’autre constituaient les premières réponses à apporter en matière de compensation du handicap ? Cette idée toute simple s’est presque imposée d’elle-même à l’équipe de l’Atelier du Bois, le jour où David, un jeune homme sourd profond, a sollicité la petite entreprise de menuiserie pour un contrat d’apprentissage. « Nous connaissions déjà David pour l’avoir accueilli brièvement en stage de découverte métier, se souvient Guy-Pierre Blanc. Lorsqu’il est revenu vers nous, en expliquant qu’il voulait s’orienter vers les métiers du bois, nous nous sommes engagés sur sa seule motivation, sans nous poser davantage de questions sur son handicap. »
La tradition de l’apprentissage étant bien ancrée dans la petite société, David a été confié à un tuteur et a pris sa place dans l’entreprise pendant les deux mois d’été, autre tradition maison… « Nous pratiquons toujours ainsi avec nos apprentis, précise le co-gérant de l’Atelier du Bois. La période estivale permet en effet au jeune de s’assurer qu’il a choisi la bonne voie et, à défaut, de se réorienter au moment de la rentrée pour ne pas perdre une année. »

« Chaque apprenti a sa singularité »

L’intégration de David dans l’équipe se fait spontanément. D’abord parce que chacun a pu apprendre à communiquer avec lui pendant sa période de stage initiale via l’utilisation d’une petite ardoise, le jeune homme maîtrisant par ailleurs la lecture labiale. Ensuite parce que l’équipe, elle même issue de l’apprentissage, accueille en permanence des jeunes en formation. « Intégrer un apprenti, analyse Guy-Pierre Blanc, c’est déjà se mettre dans une posture d’écoute face à un jeune qui arrive avec ses problématiques, ses difficultés scolaires, familiales ou autres, bref, sa singularité. À chaque fois, il faut s’adapter, être patient, prendre le temps. Ce n’est pas plus compliqué avec un apprenti malentendant » . D’autant plus que pour compenser son handicap, David a développé une qualité primordiale pour un apprenti : le sens de l’observation.
Côté sécurité, les règles sont bien établies dans l’entreprise. Mais pour s’assurer que les messages passent bien, le CFA envoie chaque semaine un interprète en langue des signes pour faire le point avec David et son tuteur. Par la suite, des dispositifs lumineux sont installés sur les machines suite à l’intervention d’un ergonome. Le financement est assuré par l’Agefiph.

Découvrir d’autres environnements professionnels

David se forme et travaille ainsi pendant deux années à l’Atelier du Bois. Comme tous les apprentis qui l’ont précédé, il s’est vu remettre, dès son arrivée, une boîte à outil complète que l’entreprise lui a offerte en fin d’apprentissage. Durant toute sa période de formation, il lui a aussi fallu intégrer le principe maison, que Guy-Pierre Blanc résume ainsi : « On te forme, on t’accompagne, mais on ne peut pas te porter. Lorsque tu acceptes de réaliser une tâche, elle relève de ta responsabilité et tu dois l’assumer jusqu’au bout. »
Concernant le fin du contrat, la position de l’entreprise était claire dès le départ : l’Atelier du Bois n’embauche pas ses apprentis. « Nous estimons que les jeunes doivent construire, ensuite, leur propre parcours et découvrir d’autres environnements professionnels. David n’a pas fait exception. Il a souhaité s’orienter vers le métier de scieur. Il passe nous voir de temps en temps. »
Pour Guy-Pierre Blanc, il aura été un apprenti exemplaire, sérieux, ponctuel, engagé et son handicap n’a jamais constitué un obstacle en quoi que ce soit. « Mais il serait faux de dire qu’il a été un apprenti “comme les autres”. Sa surdité est une singularité qu’on ne doit pas gommer, mais à laquelle il faut s’adapter. C’est précisément ce que nous avons fait. Et nous le referons. »

Le témoignage

Guy-Pierre Blanc, co-gérant de l’Atelier du Bois

« L’apprentissage, c’est toujours une aventure »

« David a été notre premier apprenti en situation de handicap, mais avant lui, nous avons eu des apprentis en rupture familiale, d’autres qui ne savaient pas lire… À chaque fois, il appartient à l’entreprise de prendre le temps de former le jeune en acceptant sa singularité et en s’y adaptant. Chacun a son propre parcours. C’est toujours une aventure. Le plus important, c’est la motivation du jeune, ce qu’il a dans le ventre. »

La fiche d'identité de l'entreprise

Entreprise : L’Atelier du Bois
Activité : menuiserie
Région : Midi-Pyrénées
Effectif : 6
Effectif TH : 1
Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
Contact : Guy-Pierre Blanc (co-gérant) - contact@atelierdubois.net

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : déficience auditive
  • Aménagements :
    • techniques : oui
    • organisationnels : oui
    • de formation : oui
  • Financement : Agefiph
  • Partenaires : CFA, Sameth
Thématique
Publié le 21 juillet 2015