La Scop Daniau réussit le reclassement d’un ancien couvreur devenu inapte à son poste
L'expérience
Des interrogations sur l’avenir d’Olivier
Le métier de couvreur est un métier dur et usant. À l’approche de la cinquantaine, il n’est pas rare que le corps se rebelle et qu’il faille envisager autre chose. Mais quand on est salarié d’une petite entreprise, les possibilités de rebondir en interne sont pour le moins restreintes. Ces interrogations, Olivier et son employeur, la Scop Daniau & associés, y ont été confrontés courant 2017.
Atteint d’une lombalgie chronique, le quinquagénaire est contraint de rester éloigné des chantiers pendant plusieurs mois à l’issue desquels la médecine du travail confirme le verdict que tout le monde craignait : plus question de remonter sur les toits et d’aller courir sur les charpentes. Pour Olivier, il est temps de changer de voie.
Mais la solution du licenciement pour inaptitude n’est satisfaisante pour personne : ni pour le salarié, qui est attaché à son univers professionnel et ne s’imagine pas se relancer à 50 ans sur le marché de l’emploi, ni pour l’employeur qui a opté pour le modèle coopératif il y a de nombreuses années et prétend penser l’économie autrement. « Avec Olivier, nous avons commencé à imaginer des solutions, mais nous avons aussi fait nos calculs. Il est très vite apparu qu’on n’y arriverait pas si on n’était pas aidés », raconte Jean-Pierre Daniau.
Un contrat de rééducation professionnelle en entreprise
La piste envisagée est de positionner Olivier comme magasinier/responsable de stock. Cette création de poste suppose un effort de réorganisation pour l’entreprise et un minimum de formation pour l’ancien couvreur.
Par l’intermédiaire du médecin du travail, la Scop est orientée vers Cap emploi qui propose la mise en place d’un Contrat de rééducation professionnelle en entreprise (CRPE)*. Ce dispositif permet à un salarié reconnu travailleur handicapé de se former à un nouveau métier au sein même de son entreprise, tout en bénéficiant, si besoin, d’un complément de formation théorique. La démarche fait l’objet d’un engagement entre l’entreprise, le salarié et l’Assurance maladie qui apporte une participation financière pour assurer le maintien du salaire. Dans le cas d’Olivier, la durée de la formation est de cinq mois. Il bénéficie d’un financement par l’OPCA de l’entreprise.
En juillet 2018, il peut enfin prendre son nouveau poste pour lequel des aménagements ont été prévus : avec l’appui de l’Agefiph, la Scop a fait l’acquisition d’un chariot élévateur et d’un fauteuil ergonomique.
Une possible évolution vers l’encadrement
La nouvelle fonction de l’ancien couvreur suppose une petite période d’adaptation pour l’équipe, qui doit intégrer ce nouveau mode de fonctionnement. Mais au final, tout le monde tire avantage de la nouvelle organisation en termes de gain de temps et de confort de travail.
Dès le départ, il a été prévu que la gestion des stocks n’occuperait qu’une partie du temps de travail d’Olivier, ses missions devant être complétées par de la préparation de commande et des dépannages en atelier. Ancien agriculteur, il a toujours eu l’habitude de travailler de façon autonome et de prendre des initiatives. Il trouve donc très rapidement de quoi enrichir son poste. « Au point que son temps plein est presque juste ! », souligne Jean-Pierre Daniau.
Pour l’entreprise, ce reclassement a toutefois augmenté le nombre d’heures « semi-productives » qu’il faut désormais compenser par un développement commercial auquel le directeur de la Scop s’est attelé. « Cela commence à porter ses fruits, mais pour répondre à ces nouvelles commandes, il nous faut maintenant renforcer notre encadrement », explique-t-il. Une embauche pourrait être envisagée, mais les candidats disponibles sur le marché s’orientent plus volontiers vers les bureaux d’études que vers les PME traditionnelles. Pour Jean-Pierre Daniau, c’est peut-être là une piste d’évolution pour Olivier, aujourd’hui plus proche de la direction et plus au fait du modèle de gestion.
Le témoignage
Jean-Pierre Daniau, gérant de la Scop Daniau & associés
« Si le salarié n’est pas volontaire, on ne peut pas y arriver. »
La réussite du reclassement d’Olivier tient principalement à sa motivation et à son engagement dans l’entreprise. Dans le passé, nous avons déjà été confronté à des situations similaires mais les personnes n’avaient pas envie de changer de métier, de faire la démarche de se former. Si le salarié n’est pas volontaire, on ne peut pas y arriver.
La fiche d'identité de l'entreprise
- Entreprise : Scop Daniau & associés
- Activité : construction
- Région : Nouvelle Aquitaine
- Effectif entreprise : 25
- Effectifs TH : 1
- Contact : Jean-Pierre Daniau, gérant - daniau.associes@gmail.com
La fiche technique
- Nombre de personnes handicapées concernées : 1
- Type de handicap : moteur
- Aménagements
- techniques : oui
- organisationnel : oui
- formation : oui
- Financements : Agefiph, employeur, OPCA BTP construction
- Partenaires : Cap emploi, assurance maladie, centre de formation