La réintégration d’un salarié handicapé chez GFI Informatique déclenche la création d’un service sur son site de Lille

L'expérience

Fiche rédigée le 04/07/2014

Un salarié en arrêt depuis 3 ans

Courant 2013, Caroline Boudier, responsable des ressources humaines pour la division Nord de l’entreprise GFI Informatique, est contactée par un médecin de travail qui lui fait part d’une demande totalement inattendue : il est question de Laurent*, analyste-programmeur, en arrêt maladie depuis près de trois ans en raison d’importants problèmes psychiques. Le médecin explique qu’au terme de cette longue période, le jeune homme a vu sa situation se stabiliser et qu’une reprise du travail lui serait très profitable.
Entre 2010 et 2013, l’entreprise s’est considérablement développée, les effectifs ont explosés et plus personne ne connaît Laurent ! Caroline Boudier, entrée chez GFI un an plus tôt, n’a jamais entendu parler de lui. Elle rencontre le médecin du travail et le Sameth pour évoquer la situation et préparer le retour éventuel du salarié.
« D’emblée, confie la RRH, le dossier s’avérait très complexe car sa réintégration devait tenir compte de très nombreuses restrictions, liés à son état de santé. Mais nous avons considéré qu’une entreprise comme la nôtre qui affiche des valeurs RSE ne peut se soustraire à ses engagements lorsqu’elle est confrontée à un cas réel. »

Un besoin identifié mais jamais satisfait

Compte tenu de sa situation, Laurent ne doit en aucun cas être exposé au stress ni soumis, par exemple, à des délais d’exécution. Il a besoin d’être accompagné, mais doit bénéficier d’un relatif isolement afin d’être préservé des remous de la vie d’entreprise. Enfin, il faudrait idéalement lui trouver un poste plus proche de son domicile que le site de Douai où il travaillait précédemment… Plus les recommandations du médecin du travail s’accumulent, plus Caroline Boudier voit les perspectives de réintégrer Laurent s’éloigner.
Mais bientôt se dessine une solution. Compte tenu de sa forte évolution, GFI Informatique a atteint un seuil critique qui justifierait la création d’un service support chargé de la logistique et de l’administration du réseau interne. Souvent évoqué, le projet a toujours été reporté. Le cas de Laurent lui redonne une soudaine actualité. « Il a été l’élément déclencheur, poursuit Caroline Boudier. Sa réintégration a donc été pensée dans le cadre de l’ouverture de ce service qui emploie aujourd’hui plusieurs personnes sur notre site de Lille. »

Une prise de poste totalement sécurisée

La phase de mise en place du service a l’avantage d’offrir une grande souplesse et de permettre à Laurent une prise en main progressive de son poste. « Nous avons écrit sa fiche de poste avec lui, trouvé un collaborateur volontaire pour le tutorer et mis en place un suivi régulier avec le Sameth et le médecin du travail qui ont été très impliqués de bout en bout », poursuit la RRH. Pour sécuriser la démarche et accompagner Laurent et son tuteur, le Sameth mobilise une prestation ponctuelle spécifique (PPS) financée par l’Agefiph.
Dans un premier temps, Laurent reprend en mi-temps thérapeutique puis, au fur et à mesure, ses horaires sont élargis. D’abord réalisées en back office, à l’intérieur du service, ses tâches évoluent elles aussi progressivement, au point qu’il finit par être identifié par les collaborateurs et reconnu dans sa fonction.
Pour Caroline Boudier, le chemin parcouru par Laurent en un an est prodigieux. « Lors de notre premier entretien, il n’avait pratiquement pas prononcé un mot… Aujourd’hui, il occupe un vrai poste, à temps partiel, qu’il nous faudrait pourvoir si demain il quittait l’entreprise. Au plan personnel, ce retour lui a fait faire d’énormes progrès. Il a par exemple pris un logement et a même participé plusieurs fois à des courses organisées par le comité d’entreprise. »

* Le nom du salarié a été modifié pour préserver son anonymat

Le témoignage

Caroline Boudier, responsable des ressources humaines

 « Si un grand groupe comme le nôtre ne s’engage pas, qui le fera ? »

« La gestion d’un handicap psychique est difficile et suppose une grande vigilance car la personne reste très fragile. Rien n’est jamais totalement acquis. En l’occurrence, la parfaite coordination de tous les intervenants autour de Laurent a été un vrai facteur de réussite. Il y avait un risque d’échec, mais il fallait relever le pari. Si un grand groupe comme le nôtre ne le fait pas, qui le fera ? »

La fiche d'identité de l'entreprise

• Entreprise : GFI Informatique (division Nord)
• Groupe : GFI Informatique
• Activité : services aux entreprises
• Région : Nord Pas-de-Calais
• Effectifs : 8 000
• Effectifs division Nord : 950
• Effectifs TH division Nord : 8
• Unités valorisables au titre de la sous-traitance : nc
• Contact : Caroline Boudier, responsable des ressources humaines – caroline.boudier@gfi.fr

La fiche technique

• Nombre de salariés concernés : 1
• Type de handicap : psychique
• Aménagements
- techniques : non
- organisationnel : oui
- formation : non
• Financements : employeur, Agefiph
• Partenaires : Sameth, médecin du travail, PPS